Dans le Nord - Pas-de-Calais, 80 % des emballages ménagers sont aujourd'hui recyclés. Un record national et un enjeu autant économique qu'environnemental. « On est dans une région de pionniers. Le tri sélectif est né il y a trente ans à Dunkerque, premier site pilote. » Antoine Jeanneret est responsable Nord d'Éco-Emballages, entreprise créée par décret en 1992 pour mettre en place la collecte sélective en France.
Aujourd'hui, les industriels ont l'obligation légale de verser une contribution financière (414 millions d'euros récoltés l'an passé et reversés aux collectivités locales) pour le recyclage des emballages qu'ils utilisent.
« Les efforts sont payants. Le tonnage des emballages ménagers décroît depuis 1997 d'environ 1 % par an, explique Gérard Martinod, directeur régional d'Éco-Emballages. Le tonnage se situe désormais à un niveau inférieur à celui de 1994 : 4,4 millions de tonnes en 2006, contre 4,6 millions en 1994. »
> L'engagement des entreprises. -
Pour arriver à ce résultat, les industriels ont compris qu'il fallait adopter de nouvelles pratiques dans l'éco-conception de leurs produits.
Dans notre région, le groupe des eaux minérales de Saint-Amand, quatrième intervenant sur le marché de l'eau en France (300 salariés, 105 millions d'euros de chiffre d'affaires, 507,7 millions de bouteilles produites), s'est engagé depuis dix ans dans une démarche d'éco-conception de ses emballages.
En réduisant de 5 % le poids de ses bouteilles, en recyclant ses déchets et en améliorant sa logistique, Saint-Amand a réduit de 5 000 tonnes sa consommation de plastique en cinq ans, et a mis 850 camions en moins sur les routes en 2007.
> L'optimisation de la collecte. - La gestion des déchets ménagers coûte cher. Entre 1993 et 2006, le coût a été multiplié par 2,4 (près de 110 euros par habitant et par an). La communauté d'agglomérations de Saint-Omer (CASO), qui réunit dix-neuf communes et 65 227 habitants, a voulu optimiser sa collecte. Une réorganisation complète, assortie d'une importante information des habitants, a permis en deux ans à la CASO de diminuer de 6 % le tonnage d'ordures ménagères, de réaliser une économie de 27 250 litres de carburant, et ainsi de permettre une baisse de 17,7 % de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
> La responsabilisation des citoyens. - Parce que le consommateur n'a pas conscience du coût de l'emballage, on se laisse encore trop facilement séduire par des produits au packaging coûteux et inutile. La culture du produit en vrac n'est pas encore assez intégrée chez nous (ni par les industriels d'ailleurs).
« Et il n'y a pas que l'emballage à prendre en compte », estime Antoine Jeanneret. « Nous voulons aboutir à 75 % de déchets recyclés en France, actuellement nous sommes à 60 %. Et nous voulons faire baisser de 1 kg par an et par habitant le poids des déchets rejetés. » Actuellement chaque français rejette 481 kg de déchets ménagers. Il y a donc de la marge... •