L'attribution du prix Nobel de la Paix à l'ancien vice-président américain Al Gore et aux experts du Giec a propulsé le climat au rang des urgences planétaires, poussant les diplomates réunis sous l'égide de l'ONU à se mettre d'accord à Bali pour relancer leurs efforts.
Le Giec estime désormais "irréversible" le réchauffement en cours. Les experts prévoient une hausse moyenne de 1,8 à 4 degrés, pouvant aller jusqu'à 6,4 degrés en 2100 par rapport à 1990.
Cet état des lieux inquiétant a pesé sur la conférence, qui a donné le coup d'envoi des négociations pour prendre le relais des premiers engagements du protocole de Kyoto, après 2012.
Le futur accord devra, pour être opérationnel en 2012, être bouclé en 2009. Surtout, il devra être beaucoup plus ambitieux: selon les experts, il faudrait parvenir à diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050 pour contenir la hausse de températures à 2 degrés.
Il devra enrôler les Etats-Unis, qui ont dénoncé l'accord de Kyoto sous l'administration Bush mais qui auront un nouveau président début 2009, ainsi que les pays émergents comme l'Inde et surtout la Chine, en passe de devenir le premier pollueur mondial devant les Etats-Unis.
En France, le péril climatique a bénéficié d'une couverture médiatique sans précédent avec le "Grenelle de l'environnement" qui a réuni pour la première fois autour d'une même table écologistes, industriels, représentants de l'Etat et des collectivités locales et syndicalistes.
Un processus original qui a constitué, selon Al Gore, un "formidable coup d'accélérateur" à la lutte contre le réchauffement climatique.
Parmi les mesures phares proposées lors du Grenelle, le gouvernement a déjà acté le "bonus-malus" qui taxe ou récompense l'achat d'un véhicule en fonction de son niveau d'émission de CO2, principal gaz à effet de serre.
En revanche, il reste à définir précisément les modalités d'une taxe carbone, ou "contribution climat-énergie", proposition emblématique du Grenelle.
Cette taxe, à l'origine une proposition du Pacte écologique de l'animateur et écologiste Nicolas Hulot, s'appliquerait à tous les produits en fonction de leur contenu en CO2, notamment aux carburants.
Or, les énergies fossiles, pétrole, gaz et charbon des activités humaines sont bien les principales responsables du réchauffement climatique, ont affirmé avec une quasi certitude les experts du Giec dans le rapport bouclé à Valence en novembre.
Les signaux sont accablants: la dernière décennie (1998-2007) a été la plus chaude depuis que les températures sont enregistrées sur la planète, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Les glaces arctiques ont connu une fonte spectaculaire et sans pareil pendant l'été 2007 par comparaison aux années précédentes: la superficie de banquise dans l'Arctique a atteint un niveau historiquement bas, permettant même la navigation autour du globe par le passage du Nord-Ouest, traditionnellement bloqué par la banquise.
Ponctuellement, 2007 a été riche en catastrophes climatiques: sécheresse historique et incendies dans l'ouest américain et l'Australie, cyclones (Bangladesh), vagues de chaleur dans le sud-est de l'Europe en juin et juillet, et inondations spectaculaires en mai et juin en Grande-Bretagne, noyée sous la pluie.