Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a appelé mardi à un moratoire sur l'exploration pétrolière dans l'Arctique, estimant que c'était la seule manière d'éviter les risques environnementaux, lors d'une conférence consacrée à cette région à Tromsoe (Nord de la Norvège).
"WWF appelle formellement à un moratoire sur les nouveaux (projets) de développement pétrolier dans l'Arctique", a déclaré Neil Hamilton, directeur du programme Arctique pour le fonds.
Face aux industriels, qui affirment être en mesure de minimiser les risques, il a souligné que les conditions spécifiques de l'Arctique (manque de lumière naturelle, froid extrême, vent, faible visibilité) pouvaient fausser les projections de solutions actuellement élaborées et accroître les risques de marées noires.
Bien que reconnaissant les efforts faits par les industriels en matière de nouvelles technologies, il a en outre souligné qu'"il n'existait pas de technologies disponibles ou efficaces" pour contrer une marée noire dans ces conditions difficiles.
"Les accidents arrivent, ce sont par définition des accidents. Il n'y a pas de bonne manière de nettoyer le pétrole sur une eau glacée", a-t-il insisté.
Il a relevé que l'Arctique a "la plus grande sensibilité écologique et la plus faible capacité de nettoyer (ce milieu) après un accident".
Il a en outre insisté sur la fragilité de l'Arctique, région la plus exposée au réchauffement climatique.
M. Hamilton a ainsi rappelé que 22% de la glace de l'océan arctique avaient disparu entre 2005 et 2007. Et que la glace, observée l'été, avait fondu de 80% en volume en 40 ans.
"Le permafrost fond à présent et va fondre beaucoup et très rapidement", a-t-il mis en garde.
La région proche du pôle nord a connu au cours du siècle dernier un réchauffement d'environ deux degrés, soit le double de la moyenne planétaire sous l'effet de la diminution de l'effet d'albédo (réflexion des rayons du soleil sur la neige et la glace) et sous celui des remontées d'air chaud et humide vers le Nord.
En décembre, des chercheurs américains avaient annoncé que la surface des glaces arctiques fondues durant l'été 2007 avait été 30 fois supérieure aux étés précédents, atteignant plus de trois fois la taille de la France.
M. Hamilton a rappelé que depuis 2000, les émissions de gaz carbonique provenant des énergies fossiles avaient triplé.
"L'Arctique risque d'être pris dans un cercle vicieux. L'extraction des hydrocarbures n'est pas la seule menace directe sur l'environnement local. L'accroissement de l'utilisation des énergies fossiles entraîne des émissions de gaz à effet de serre qui contribue au réchauffement climatique qui est le plus fortement ressenti dans l'Arctique", souligne WWF dans un rapport rendu public mardi.
Selon certaines estimations, l'Arctique abrite un quart des réserves de pétrole et de gaz naturel restant à découvrir sur la planète, une manne que le recul de la banquise rend de plus en plus accessible et qui attise les convoitises des Etats concernés (Canada, Danemark, Norvège, Russie et Etats-Unis) comme des industriels.