La récolte d'opium en Afghanistan cette année atteindra pratiquement le même niveau record qu'en 2007, avec près de 192.000 hectares consacrés à cette drogue. Le pays est devenu aussi le premier fournisseur de cannabis dans le monde, selon un nouveau rapport de l'agence des Nations Unies contre la drogue.
« Le niveau atteint en 2008 sera encore extrêmement élevé », a déclaré aujourd'hui Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
Ce dernier a prévenu que la drogue en provenance d'Afghanistan et les fonds qu'elle génère constituent une force de déstabilisation. « L'Europe, la Russie et les pays qui se trouvent sur le chemin de l'héroïne devraient se préparer à des conséquences sécuritaires et sanitaires majeures », a-t-il alerté.
L'opium est une source de revenus massifs pour les Taliban, a dit Antonio Maria Costa. Ils taxent les cultivateurs à 10% environ de leurs revenus, ce qui leur rapporte quelque 100 millions de dollars par an, et possèdent des laboratoires de fabrication de l'héroïne et s'occupent de l'exportation.
Le directeur de l'ONUDC souligne aussi que la production de 2007 avait dépassé la demande mondiale de 3.000 tonnes, ce qui signifie qu'il existe des stocks importants, qui ne se trouvent pas chez les cultivateurs.
Le rapport de l'agence révèle aussi que l'Afghanistan est devenu le premier exportateur de cannabis, exporté vers le Pakistan et l'Iran puis les pays du Golfe.
Il ne reste cette année qu'une dizaine de provinces du pays qui échappent encore à la culture de l'opium. Il se peut que l'objectif de l'élargir à 34 provinces puisse être atteint.
Pour lutter contre « l'ennemi public numéro un de l'Afghanistan », il manque encore « des ministères de l'Intérieur et de la lutte contre les narcotiques honnêtes et qui fonctionnent, une autorité de lutte contre la corruption crédible, un système judiciaire efficace et des gouverneurs honnêtes dans tout le pays », a estimé le directeur de l'ONUDC.