Un contentieux oppose l´Argentine à l´Uruguay depuis mai 2006. En cause, la volonté du gouvernement uruguayen de construire deux grandes usines de pâte à papier sur les rives du fleuve Uruguay, frontière naturelle entre les deux États. L’Argentine a saisi la Cour Internationale de Justice de La Haye. Elle accuse l’État uruguayen d´avoir violé un accord signé en 1975 entre les deux Etats, pour avoir pris cette décision de manière unilatérale, sans tenir compte des conséquences que ces constructions pourraient engendrer sur l’Argentine et son environnement.
Financée par des investissements finlandais et espagnols, l’usine de fabrication de cellulose serait la plus grande d’Amérique du Sud, pesant 1,2 milliards de dollars et créant plus de 12 000 emplois. Plusieurs études scientifiques (dont une de la Banque Mondiale, financeur du projet à hauteur de 500 millions de dollars…) affirment que l’impact sur l’environnement de ces usines est conforme aux normes internationales en la matière. La Cour de la Haye a ainsi conclu le 13 juillet 2006 que les circonstances ne sont pas “de nature à exiger l’exercice de son pouvoir d’indiquer des mesures conservatoires”. Autrement dit, l’Argentine n’a pas réussi a prouver l’imminence d’un danger irréparable tandis que l’Uruguay peut continuer de développer son projet économique.
Les relations ne se sont pas améliorées pour autant entre les deux voisins, bien au contraire. Un mouvement écologiste est né spontanément dans la ville de Gualeguaychú, située à plusieurs kilomètres de la rive argentine, pour dénoncer le risque de pollution du fleuve Uruguay dans une zone touristique émergente. Le pont de Fray Bentos par lequel transitent 91% des exportations de l’Uruguay vers l’Argentine subit ainsi un blocage total et ininterrompu depuis le 20 novembre 2006. Les associations mettent en avant le non respect par l’Uruguay du traité de 1975, qui prévoit l’accord préalable des deux pays pour toute implantation industrielle sur le fleuve. Ces barrages routiers ont inévitablement un impact sur l’économie uruguayenne et son industrie touristique, puisque le pays représente la destination principales des touristes argentins. L’Uruguay a fait appel à la Cour Internationale de Justice de La Haye, et lui demande de prendre des mesures afin de faire cesser ces actions qui représentent une menace pour son économie. La Cour va finalement rejeter la demande uruguayenne au titre que les barrages ne lui semblent pas causer un préjudice irréparable ou imminent.
On assiste actuellement à la troisième et dernière étape de l’épopée juridique. L’Argentine accuse l’Uruguay d´avoir commis de nouveaux manquements vis-à-vis du traité bilatéral et apporte de nouvelles analyses scientifiques réalisées sur l’eau du Rio. L’Uruguay dispose désormais de 5 mois pour formuler sa dernière requête écrite. Une fois cette étape terminée, il ne restera plus que la phase orale, permettant à chacune des parties de défendre une dernière fois ses positions, avant le jugement final de la Cour, vraisemblablement attendu pour la fin de l’année.