François Jeanne (Journaliste - L'Atelier) a débuté la conférence en la plaçant sous le signe de l'éco-responsabilité, sans éluder le jeu de mots avec les termes d'écologie et d'économie. Et en rappelant que si le sujet méritait évidemment de grands débats, des Grenelles, des protocoles de Kyoto et autres conférences de Bali, il était important de pouvoir avancer des solutions concrètes. Ce qui est justement possible lorsqu'on évoque les serveurs et les centres de données, un des domaines en pointe pour l'informatique verte (ou green IT). Entre les solutions matérielles (processeurs multi-coeur, etc) et les optimisations logicielles (virtualisation, consolidation), les axes de progrès en effet ne manquent pas pour limiter la consommation énergétique, l'occupation d'espace ou encore l'utilisation de métaux rares et de matériaux polluants. http://www.atelier.fr/comptes-rendus-conferences/7/19032008/green-it--passez-a-l-action-36237-.html
http://www.atelier.fr/comptes-rendus-conferences/7/19032008/green-it--passez-a-l-action-36237-.html
François Jeanne (Journaliste - L'Atelier) a débuté la conférence en la plaçant sous le signe de l'éco-responsabilité, sans éluder le jeu de mots avec les termes d'écologie et d'économie. Et en rappelant que si le sujet méritait évidemment de grands débats, des Grenelles, des protocoles de Kyoto et autres conférences de Bali, il était important de pouvoir avancer des solutions concrètes. Ce qui est justement possible lorsqu'on évoque les serveurs et les centres de données, un des domaines en pointe pour l'informatique verte (ou green IT). Entre les solutions matérielles (processeurs multi-coeur, etc) et les optimisations logicielles (virtualisation, consolidation), les axes de progrès en effet ne manquent pas pour limiter la consommation énergétique, l'occupation d'espace ou encore l'utilisation de métaux rares et de matériaux polluants.
Le Gartner Group a placé l'informatique verte dans son Top 10 des préoccupations des responsables informatiques pour 2008. Mais est-ce que les responsables informatiques, ou les particuliers, considèrent réellement la problématique environnementale lorsqu'ils acquièrent un ordinateur ? Pourtant, tout le monde devrait être au courant désormais des enjeux. Quelques exemples : Nous manquons d'énergies fossiles, l'informatique en consomme beaucoup et de plus en plus. Nous rejetons trop de carbone dans l'atmosphère, en particulier à cause de notre consommation électrique et l'informatique est responsable de plus de rejets que le transport aérien par exemple. La moitié de l'énergie utilisée par l'informatique est dilapidée dans le refroidissement des systèmes.
Malgré toutes ces données, désormais largement connues, c'est à peine si nous avons pris conscience que déposer un ordinateur sur le bord de la route est aussi polluant que d'y déverser de l'huile de vidange. "Heureusement", l'envolée des prix de l'énergie provoque un autre réveil. Les experts s'accordent par exemple à prévoir que la facture énergétique de l'informatique va représenter d'ici 5 ans, 60% de la facture globale des entreprises.
Mais le développement durable ne consiste pas à cesser d'investir dans les ordinateurs, plutôt à maîtriser la consommation, les rejets polluants, etc. Car l'informatique a aussi des effets vertueux sur la limitation des déplacements (web conferencing, télétravail) ou la consommation de papier (dématérialisation).
De nombreuses initiatives, venues des fournisseurs informatiques, ont vu le jour. La Silicon Valley
On peut reconnaître aux fournisseurs une certaine cohérence et, dans le cas de Sun, une certaine opiniâtreté, puisqu'ils ont commencé à prêcher, dans le désert, en 2003. Ils participent par exemple, à l'initiative CSCI (Climate Savers Computer Initiative, www.climatesaverscomputing.org) qui s'est donnée des objectifs concrets comme la réduction des rejets liés à la consommation, de 54 millions de tonnes de carbone en 2010.
Il existe également des pistes concernant l'utilisation de matériaux moins rares (le bois !), moins polluants, plus facilement recyclables. Elles concernent évidemment les nouveaux investissements, mais il y a aussi un énorme effort à faire en direction de l'existant, avec des optimisations dont des acteurs comme Symantec se sont faits les champions.
L'ensemble de ces solutions émergentes peut triplement rassurer les responsables d'entreprises. Sur le plan économique d'abord, elles vont leur permettre de maîtriser l'envol des coûts énergétiques et immobiliers. Sur le plan légal, elles vont les aider à rester dans les limites inéluctables que de futurs textes vont poser aux rejets de carbone dans l'atmosphère. Enfin, sur le plan éthique, elles apportent des réponses concrètes à la nécessaire réflexion autour du développement durable.
Karim Bahloul, (Consulting Manager - IDC) a d'abord interpellé l'assistance en lui rappelant que si les ordinateurs polluaient autant que les avions, il n'était pas illogique de penser que l'informatique allait bientôt subir des pressions réglementaires aussi fortes sur les émissions de carbone, que le transport aérien, secteur où elles sont déjà très présentes. Dans le même temps, l'informatique fait partie de la solution pour "sauver la planète", en contribuant à limiter les déplacements par exemple.
Définir l'informatique verte n'est pas chose aisée : c'est l'ensemble des initiatives prises pour limiter l'impact de l'informatique sur l'environnement. Mais il y a de multiples dimensions : produits, services, stockage, réseaux, solutions logicielles... mais aussi les lois, l'éthique (avec la responsabilité sociale des entreprises) et les comportements (des consommateurs).
La question de la consommation électrique est significative de la complexité à traiter : d'un côté, on veut la réduire car cela coûte cher, cela pollue. De l'autre, personne n'envisage sérieusement de réduire sa puissance informatique. Le business a besoin de ces infrastructures performantes et opérationnelles.
Pour l'instant, a souligné Karim Bahloul, les lois s'imposent surtout aux constructeurs, depuis la conception de leurs produits avec des matériaux peu polluants, leur fabrication et aussi le recyclage en fin de vie.
Les consommateurs sont quant à eux moins impliqués puisque aucun texte ne les oblige à consommer moins ou même mieux. L'évolution de leurs comportements repose aujourd'hui sur leur sens de l'économie ou sur des positions éthiques. La communication des entreprises sur le développement durable est un vecteur de cette évolution, et le passage à une informatique "verte" en fait évidemment partie.
IDC, qui interroge régulièrement les entreprises, par exemple européennes, a constaté que le mouvement de consolidation des infrastructures informatiques, depuis 5 à 6 ans, a participé à la prise de conscience, parce que la centralisation au sein des datacenters met vite en lumière les problèmes d'alimentation, de consommation, d'espace, de refroidissement. Parmi les autres facteurs, Karim Bahloul a cité la croissance du nombre de serveurs, celle des besoins de stockage (30 à 40% par an !), l'augmentation du prix de l'énergie (même si en France, l'approvisionnement nucléaire majoritaire l'a atténuée en grande partie), l'ancienneté des infrastructures qui gêne les rationalisations.
Concrètement, des entreprises se retrouvent dès maintenant avec des besoins énergétiques supérieurs à ceux que les opérateurs d'électricité peuvent leur fournir. Elles sont à la recherche d'indicateurs fiables pour mesurer d'abord leur consommation, se comparer à d'autres, de codes de conduite. Il faut noter à ce sujet que l'Europe en prépare un concernant les datacenters, ce qui constitue évidemment une première étape sur le chemin réglementaire. Il y a également une certification Energy Star depuis 2007.
IDC a communiqué d'autres chiffres significatifs, par exemple sur la croissance des environnements lames (blades, qui représentent désormais 10% des ventes annuelles de serveurs en France (contre 5% il y a trois ans), la prolifération attendue des serveurs d'ici 2010, avec toujours des taux d'occupation des ressources très faibles (10% à peine), des coûts pour le refroidissement de 1 euro pour 1 euro dédié) l'alimentation électrique des serveurs. Comme les centres de données ont en moyenne 10 à 12 ans d'âge, les questions d'occupation de l'espace et de refroidissement n'ont pas été traitées initialement pour de telles charges, les transformations de l'existant montrent des limites techniques et finalement, la facture énergétique s'envole (13% des coûts d'exploitation d'un datacenter actuellement 25 à 30% de croissance annuelle).
Une enquête d'opinion d'IDC, fin 2007, a
Finalement, Karim Bahloul a terminé en évoquant l'évolution rapide des entreprises par rapport à leurs responsabilités. De plus en plus d'entreprises considèrent en effet que les responsabilités associées à une informatique plus "verte" repose tant sur les fournisseurs de technologie (28% des répondants) que sur celle des entreprises utilisatrices de technologie (24%).
En conclusion, et pour répondre à la question qui était posée en introduction, le Green IT ne peut pas aujourd'hui être considéré comme un phénomène de mode, il doit être adressé par les entreprises comme un véritable enjeu à la fois énergétique, économique, business et également un enjeu en terme de communication.
Bruno Hourdel, Director, Marketing Sun Microsystems, s'est ensuite rappelé, pour l'assistance, les premières fois où il avait parlé d'informatique verte devant des clients, et notamment de pénurie d'énergie électrique. L'indifférence polie des débuts, en 2003, a
Sun s'est donné pour cela des objectifs forts : réduire de moitié l'extraction de matières premières pour la construction de ses machines, découpler la croissance économique de l'accroissement de la consommation de ressources naturelles, augmenter l'efficacité de l'augmentation des ressources et réduire les besoins en énergie d'un facteur 4 à 10. Bruno Hourdel a notamment insisté sur la consommation de matières premières liée à la construction d'un ordinateur. Il faut 200 fois son poids en matière première, contre un facteur 2 seulement pour un réfrigérateur qu'en plus, on peut facilement faire fonctionner au delà de 10 ans.
Il ne faut d'ailleurs pas s'arrêter à la seule consommation liée au fonctionnement des ordinateurs. L'énergie utilisée pour les fabriquer compte pour beaucoup dans le milliard de tonnes de carbone rejetées chaque année par l'industrie TIC, qui consomme par ailleurs 5% de la facture globale énergétique. Ce qui explique entre autres que les experts s'accordent pour estimer que d'ici 2015, son coût sera supérieur à celui de l'acquisition des ordinateurs.
Sun a décidé face à ces enjeux de rapprocher économie et écologie, dans un néologisme "Eco-nologie". Ses initiatives portent sur l'innovation, l'action et le partage. En terme d'innovation, un des principaux apports du constructeur est d'avoir réfléchi, dès 1999, à des processeurs multithread, multi-coeur, puissants et respectueux de l'environnement, en pariant sur la réduction de la dissipation calorique. Le projet Niagara, qui a débouché sur un processeur 8 coeurs, 4 threads par coeur, consommant seulement 70 watts, a depuis fait école chez tous les fondeurs. Sun propose désormais le processeur UltraSPARC® T2, avec ses 8 coeurs, ses 8 threads par coeur qui consomment 95 Watts soit moins de 2W par thread. L'approche a été jugée tellement efficace par le fournisseur d'électricité PG&E en Californie qu'il propose des coupons de réduction de plusieurs centaines de dollars à ceux de ses clients qui acquièrent des serveurs Sun Fire T1000 & T2000.
L'intégralité de la gamme Sun suit désormais cette logique. Le constructeur propose aussi des solutions pour les salles informatiques comme la fameuse Blackbox, qui concentre dans un container (entièrement recyclable !) jusqu'à 250 serveurs, avec 40% de réduction de la dissipation. Des efforts sont également fait sur la partie conception, en pensant dès cette phase au recyclage des différents composants. Par exemple, Sun renforce l'utilisation de l'aluminium à la place du plastique, sans le peindre pour faciliter sa transformation. Le constructeur s'est donné pour objectif de limiter ses déchets non recyclables à moins de 4% du poids total de ses machines, avec une réduction de 1% tous les deux ans, ce qui nécessite un gros effort de R&D.
Bruno Hourdel a donné ensuite quelques chiffres concernant les résultats obtenus par l'entreprise Sun, s'appliquant à elle-même ces bonnes pratiques. Ainsi, la consolidation, en neuf mois de son centre de données basé en Californie a permis de diviser quasiment par 2 le nombre de serveurs tout en multipliant par quatre la puissance de calcul, de diminuer la consommation énergétique de 61% et de ramener de 18000m² à 7000m² l'espace au sol nécessaire.
Une autre piste intéressante, à savoir la virtualisation du poste de travail, est en place depuis de nombreuses années chez Sun. Il s'agit de mettre sur le bureau de l'utilisateur un petit poste de travail qui ne consomme que 2 watts (plus 45 pour l'écran) et 2 watts mutualisés au niveau du serveur. Il propose un MTBF de 20 ans et les coûts d'administration sont très faibles (2 personnes pour 7500 postes). Récemment, une entreprise qui avait opéré une bascule vers ce type de solution pendant un week-end a été appelée d'urgence le lundi par son opérateur d'électricité qui s'alarmait de voir sa consommation d'électricité soudainement divisée par 4...
Bruno Hourdel a continué ensuite d'explorer les différentes solutions possibles, comme la virtualisation, avec pour objectif de démontrer que le temps de l'action était venu. Il a proposé à l'assistance une unité de mesure, le swap (pour Space, Watts, and Performance) qui divise la performance obtenue par l'espace et l'énergie consommée et a suggéré de se rendre sur le site www.sun.com/solutions/eco_innovation/powercalculators.jsp où de nombreux matériels ont déjà été mesurés.
Sun, propose aussi des services reposant sur ces bonnes pratiques, les SunTM Eco Services : SunTM Eco “Assessment” pour l'amélioration des datacenters et l'optimisation de la consommation électrique, de la climatisation et des conditions générales d'utilisation des infrastructures. SunTM Eco “Cooling Efficiency Service” pour l'amélioration des moyens de climatisation d'une infrastructure existante ; et SunTM Eco “Optimization Service” pour l'évaluation périodique des datacenters qui veulent une évolution consistante sur le long terme.
Bruno Hourdel a conclu en évoquant l'action “Eco-responsable” du constructeur, qui agit en citoyen mondial, pour réduire la fracture numérique en aidant les pays émergents, mais aussi auprès de ses collaborateurs, avec le programme Open Work, qui s'attache à adapter les besoins de l'entreprise au rythme de chaque employé, en particulier concernant la problématique des transports. La réduction annuelle associée en émissions de carbone est estimée aujourd'hui à 30,000 tonnes. Enfin, des équipes " Green Team " ont été constituées, avec uniquement des volontaires, et sur le modèle de l'open source pour donner à chaque collaborateur l'occasion de proposer des solutions. Un site OpenEco.org a également vu le jour et associe d'autres constructeurs http://fr.sun.com/practice/solutions/ecoinnovation/.
Philippe Axus (Responsable du Centre Innovation et Technologies - BNP Paribas) a présenté le programme Greening IT de cette banque. Le CIT est une petite entité qui s'attelle aux sujets innovants, qui cherchent à poser les problématiques et à lancer des projets que les différents métiers de BNP-Paribas s'approprient ensuite.
Le nom retenu pour le programme, à savoir Greening IT plutôt que Green IT, est un clin d'oeil au fait que l'informatique ne sera peut-être jamais complètement verte, malgré les promesses, mais qu'il faut essayer de la rendre plus verte. Plusieurs programmes ont été lancés, par exemple sur le poste de travail du futur, ou l'optimisation des travaux collaboratifs selon les métiers, avec d'emblée une forte mobilisation des collaborateurs, pour ce qu'ils ressentent comme une " noble cause ", et qui s'inscrit d'ailleurs dans la stratégie développement durable très forte de BNP Paribas. Comme, de plus, des économies importantes sont attendues de la démarche, le management est également très réceptif à ces travaux, d'autant que la médiatisation (Grenelle, Bali) nous confirme chaque jour la nécessité de l'action d'une part, et que nous partons de très loin d'autre part. Ce qui peut être vu comme une bonne nouvelle, car on ne peut que progresser et réussir dans ces conditions.
Le CIT travaille sur un modèle d'entreprise, laquelle est vue comme un système dont le moteur est le datacenter, ce qui est logique dans un secteur bancaire qui est le plus gros consommateur d'IT selon le Gartner avec 6% de son chiffre d'affaires). Il y a ce qui rentre (les matériels, les logiciels, l'énergie), ce qui est traité (produits financiers, consommables...) et ce qui sort (recyclage). Il faut améliorer chacune des trois étapes en gardant présent à l'esprit que la réglementation va se durcir forcément.
Philippe Axus a ensuite présenté les initiatives lancées par le CIT, sur la base des suggestions des différents métiers de l'entreprise. Elles portent sur les méthodes et les processus, l'émergence de standards et de labels, l'achat de services et de solutions auprès de fournisseurs qui s'engagent vraiment et c'est un très bon point, et enfin, de la communication et de la gestion du changement.
On s'aperçoit tout de même, en faisant le bilan carbone d'une entreprise comme BNP Paribas que l'IT et sa consommation énergétique ne représente "que" 15% du total des émissions, 64% relevant des déplacements professionnels ou du domicile au travail des collaborateurs. L'informatique verte est alors surtout utile pour réduire cette part là des émissions de carbone, grâce par exemple à la visio-conférence.
Un autre enjeu important réside dans la maîtrise de la consommation électrique dans l'immobilier, à la fois au moment de la construction et pendant l'exploitation. Le CIT travaille avec la filiale spécialisée de BNP Paribas, IMEX, qui construit les datacenters, mais travaille aussi sur des grands chantiers comme les Moulins de Pantin ou la rénovation de l'immeuble Bergère. Le secteur immobilier peut aujourd'hui s'appuyer sur les normes HQE, Leed & Energie (Minergie, Effinergie), pour obtenir d'excellents ratios de consommation au m2. Malheureusement, seulement 2% du parc est renouvelé chaque année, et il faudra accélérer le rythme dans les années à venir. Plus généralement, les immeubles -qui sont responsables de 46% de la dépense énergétique et 25% des effets de serre - deviennent de plus en plus connectés, avec des capteurs et des solutions de reporting (sous-systèmes GTB/GTC) qui vont améliorer les performances. Il y a là de quoi se préparer à la fois aux futures lois qui prévoient qu'en 2020, le bilan énergétique des bâtiments soit le plus positif possible. Et aussi de quoi leur donner plus de valeur marchande, ce qui intéresse évidemment une filiale spécialisée dans l'immobilier.
Philippe Axus a également évoqué la problématique des directions des achats, qui manipulent aujourd'hui une centaine de critères de décision, dont seulement 2 ou 3 sont d'ordre environnemental. Le CIT collabore avec elles pour leur faire intégrer des standards comme EPEAT (IEEE1680) et ses 51 critères portant notamment sur le recyclage, mais aussi leur faire connaître des benchmarks comme celui de Greenpeace, malgré sa coloration grand public.
L'informatique est quand à elle sollicitée pour optimiser les infrastructures et leur exploitation. BNP Paribas connaît une croissance soutenue de son nombre de datacenters (180 aujourd'hui) et le mot d'ordre est évidemment de consolider et de virtualiser "à tous les étages", qu'il s'agisse du réseau, des serveurs, du stockage... L'autre axe fort est l'application et la diffusion des meilleures pratiques, pas seulement pour les nouvelles applications mais aussi concernant les anciennes, celles qu'il faudrait décommissionner. Il faut donner la priorité aux gestes simples (extinction des lumières, du PC, imprimer moins) mais aussi cesser de raisonner en termes de disponibilité permanente, pour penser plutôt disponibilité opérationnelle.
La communication et la sensibilisation des collaborateurs passent par des communiqués de presse, des événements groupe, la création et la diffusion d'un logo (un carré qui se transforme en feuille !). Des week-ends recyclage vont même voir le jour, afin de développer les réflexes Green dans l'entreprise.
Enfin, Philippe Axus a terminé sa présentation en insistant sur la nécessité, pour un sujet aussi prospectif, de rester en veille active. Le CIT y parvient grâce à ses adhérents - les grands fournisseurs IT de BNP Paribas (Sun en fait partie), grâce au concours de L'Atelier et de ses deux filiales à San Francisco et en Chine. Ou encore en échangeant avec des confrères comme la banque Dexia, par exemple autour des énergies renouvelables.
Vincent Videlaine, Directeur, EMEA Alliances chez Symantec a enchaîné sur le thème du datacenter vert, et s'est intéressé à l'augmentation de l'efficacité économique et énergétique des infrastructures informatiques. En tant qu'acteur logiciel, Symantec, qui a racheté il y a deux ans, la technologie de Veritas Software, très présente au sein des datacenters, intervient sur l'organisation du SI, l'optimisation du cheminement de l'information et de son emplacement. Son objectif est d'aider l'entreprise à la fois à tirer parti de ses nouveaux investissements mais aussi de modifier en profondeur le datacenter actuel, de l'orchestrer différemment afin d'agir de suite sur la consommation énergétique et l'explosion de ses coûts.
Quand on considère un phénomène comme la consolidation, qui conduit à regrouper des serveurs dans un même espace avec des conséquences néfastes en termes de dilapidation calorique, on voit bien qu'il y a une contradiction à résoudre entre les besoins de performances et de continuité de service d'un côté, l'informatique verte et la réduction de la consommation de l'autre. Les solutions d'optimisation logicielles apportent des alternatives séduisantes à la fuite en avant au niveau des ajouts de matériels.
Une enquête menée par Symantec auprès de grandes entreprises a illustré la prise de conscience de celles-ci sur les questions énergétiques (70%) mais un vrai retard dans la mise en œuvre des solutions (1 datacenter "vert" sur 7 seulement). Pourtant, les pistes de la consolidation et de la virtualisation sont plébiscitées. 60% des entreprises se déclarent prêtes à utiliser ces solutions avec leur corollaire logiciel qui vont les aider à optimiser l'utilisation des ressources serveurs mais aussi de stockage, pour passer à des logiques de mutualisation.
Sun et Symantec travaillent de concert auprès de nombreux clients et les aident à mettre en œuvre des solutions pour réduire cette dépense énergétique. Il peut s'agir d'utiliser des machines avec des meilleurs rendements, il s'agit souvent au début de solutions logicielles qui apportent rapidement des améliorations, selon 3 axes. L'axe des serveurs, dont il faut optimiser les usages en mettant en place une logique de provisionnement des CPU et de la mémoire en fonction de la criticité des processus et des données ; L'axe du stockage où la lutte, par exemple, contre les copies multiples de données, dues notamment à la prolifération des ordinateurs personnels, passe par des choix d'emplacement, de disponibilité et une définition très précise des niveaux de service attendus ; Enfin l'axe du poste de travail parce que, en attendant que tous les postes s'affinent pour devenir comme ceux présentés par Sun un peu plus tôt, il en reste beaucoup qui ne sont pas optimisés en termes de consommation électrique, alors qu'il y a beaucoup de solutions à mettre en œuvre à ce niveau.
La virtualisation lève des barrières concernant la sous-utilisation des ressources physiques en créant et en hébergeant plusieurs systèmes logiques sur une même plate-forme physique. Grâce à cela, on accroit le temps d'utilisation effectif de la ressource (par exemple de la CPU
La consolidation est aussi une avancée concrète en termes de green IT. Symantec organise par exemple la haute disponibilité de pool de serveurs en rassemblant sur un seul serveur supplémentaire, les fonctionnalités qui feront repartir une des applications de ce pool physique, ce qui permet de faire baisser jusqu'à 45% le nombre de machines nécessaires.
Vincent Videlaine a ensuite insisté sur le fait que la combinaison de ces approches et la mise en œuvre optimale de ces solutions demandait une véritable gouvernance applicative, qui s'assurera que les différentes ressources allouées correspondent bien au besoin, et automatisera les provisionnements, que l'on parle de ressources physiques ou virtuelles.
La question du stockage doit obéir à la même exigence. Les départements de l'entreprise ont pris l'habitude d'acquérir des solutions chez des constructeurs différents, ils ont laissé proliférer un peu partout une présence de données sur des machines coûteuses alors que ce n'était pas nécessaire. Là aussi, des solutions logicielles permettent de reprendre pied, d'orchestrer le stockage et de redonner la priorité aux données qui en ont besoin. Par exemple, en automatisant leur déplacement en fonction de leurs utilisations réelles, à partir de règles qui se déclenchent sans intervention des administrateurs (dynamic tiering). L'impact sur la consommation est également très intéressant, puisque certaines ressources de stockage utilisent jusqu'à 64 fois moins d'électricité que les plus gourmandes ! Il existe également des outils de déduplication des données, pour éliminer les copies multiples inutiles, ou encore des solutions empêchant la prolifération des mails au sein d'un intranet, surtout quand ils ont des pièces jointes volumineuses.
On peut aussi agir, conclut Vincent Videlaine, sur les postes de travail, par exemple au niveau des mises en veille, et diviser là aussi les factures énergétiques par des ratios allant jusqu'à deux. Ce qui compte aujourd'hui, c'est bien de s'atteler à la tâche. Symantec et Sun peuvent aider les responsables informatiques, à la fois avec leurs solutions et leurs expertises. Il convient aussi de donner l'exemple : comme entreprise, Symantec a augmenté considérablement la part de distribution numérique de ses logiciels et, quand ils sont encore vendus dans des " boîtes ", réduit leur taille. Par ailleurs, l'éditeur s'est engagé à réduire de 20% son empreinte carbone en Californie de 20% d'ici 2012, en jouant notamment sur les déplacements de ses collaborateurs.
Lors de la table ronde finale, Laurent Guiouiller, directeur administratif et financier de la DSI
Accor est une entreprise en réseau, un peu comme une banque avec ses 4000 hôtels, partout dans le monde, qui se caractérisent par une grande autonomie. La question du développement durable est plus abordée au niveau des unités qu'à celui du siège. Laurent Guiouiller estime que le stade de la prise de conscience est dépassé, celui du choix des indicateurs aussi. La place est désormais à l'action avec, par exemple, des objectifs affichés de réduction de la facture énergétique de 5% à partir de 2007.
Dans ce contexte, l'informatique présente le "défaut" de ne pas offrir une lecture aussi claire des enjeux et objectifs que lorsqu'on parle de limiter les dépenses de chauffage ou la consommation d'eau. En la matière, Accor en est plutôt au stade de la prise de conscience et de la recherche d'indicateurs pertinents. Et même si le groupe dispose de deux gros datacenters (pour la réservation et les ERP), son informatique est surtout décentralisée et la plupart des systèmes résident dans les hôtels qui ont chacun leur PMS (Property management system).
Ludovic Lacote a ensuite insisté sur le fait que les responsables informatiques, avant de parler d'informatique verte, ont surtout comme préoccupation de délivrer le meilleur service au meilleur prix. La plupart des actions menées le sont d'abord sous contrainte. Par exemple, la consolidation des serveurs a été engagée alors qu'Accor en possédait environ 200 : il y en a 750 aujourd'hui et seraient encore plus nombreux si rien n'avait été fait. Une des conséquences, à partir de 2006, dans des salles informatiques qui n'avaient pas été conçues pour une telle concentration de machines, a été l'envol des températures, jusqu'à 35 degrés. Parmi les réponses apportées alors, beaucoup font partie des bonnes pratiques de l'informatique verte aujourd'hui, à savoir la création d'allées froides et chaudes, ou la suppression des portes vitrées sur les serveurs, esthétiques certes mais totalement absurdes quand on veut les refroidir. Ludovic Lacote a également indiqué que Sun assistait Accor pour le recyclage des serveurs.
A une question de François Jeanne sur la valeur d'exemple de ce qui se fait avec les datacenters, Philippe Axus a apporté une réponse nuancée. Il considère qu'il est impossible de ne pas agir sur ces salles informatiques qui concentrent tant de puissance, mais que, par exemple, la question des postes de travail mériterait aussi beaucoup d'attention. Si par exemple, les approches de type client-léger comme celle présentée par Sun lors de la conférence devaient prendre leur essor, cela obligerait à revoir pas mal de pratiques au niveau des équipes de production qui demandent aujourd'hui aux utilisateurs de laisser leurs machines allumées la nuit pour effectuer des opérations de maintenance, ou pour réaliser des calculs complexes en opérant des vols de cycle. Dans tous les cas, l'immobilisme est impossible : Philippe Axus a pu lire des lettres de fournisseurs d'électricité menaçant certains de leurs clients de cesser de les servir, s'ils continuaient à faire croître leur consommation électrique sur le même rythme.
Chez Accor, a complété Laurent Guiouiller, il est encore assez difficile de faire passer certains messages, par exemple concernant l'extinction des micros. Ils doivent rester allumés 24 h sur 24, en épousant le rythme des hôtels. Ceux-ci n'ont pas de salles informatiques, pas de climatisation adaptée. L'effort porte pour l'heure sur le référencement du matériel, avec peu de critères sur la consommation, un peu plus sur l'encombrement ou l'esthétique. Accor a plus progressé sur les aspects de recyclage, grâce à la loi, en travaillant avec des associations caritatives comme Emmaüs. Il y a également des avancées dans le domaine de la consolidation, à commencer par les serveurs d'infrastructures.
L'évolution réglementaire ne fait peur ni à BNP Paribas, qui se prépare par exemple a devoir construire des bâtiments passifs voire positifs en matière de consommation d'énergie, ni à Accor. Laurent Guiouiller a conclu par un clin d'oeil aux clients de son groupe en leur disant qu'il n'y avait pas que la loi pour faire bouger les choses et qu'il suffirait que les entreprises " vertes " soient référencées plus positivement dans les processus d'achat pour qu'elles se mobilisent encore plus. Lors des échanges avec la salle qui ont clôt l'après-midi, un consultant a conclu que les DSI devaient, dès maintenant, s'inscrire dans les plans de responsabilité sociale et environnementale de leurs entreprises, et que l'informatique verte leur donnait les moyens de tenir ce discours.