Alors que les prix alimentaires mondiaux ont augmenté d'environ 40% au cours de l'année dernière, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) sont convenues de l'importance d'une coopération entre le secteur privé et public pour faciliter les investissements agricoles et débloquer le potentiel inexploité de l'agriculture de certaines régions d'Europe de l'Est. La remise en culture des terres agricoles inexploitées d’Europe de l’Est devrait permettre de lutter contre l’escalade des prix alimentaires. Depuis le début de l’année, pas une semaine ne passe sans que ne soient établis de nouveaux records sur les marchés à terme : le boisseau de blé a dépassé la barre des 13 dollars le 12 mars sur le Chicago Board of Trade ; le boisseau de maïs flirte avec les 5,80 dollars et le boisseau de soja tutoie les 16 dollars. Ces augmentations des cours, principalement dues aux mauvaises récoltes enregistrées chez les principaux pays producteurs en 2006 et 2007 et du bas niveau des stocks mondiaux, se répercutent sur les prix de détail des aliments tel le pain, les pâtes, la viande et le lait.
« L'accroissement des investissements, non seulement dans le secteur agricole proprement dit, mais aussi dans toute l'infrastructure agricole ainsi que dans l'industrie agro-alimentaire, est crucial”, souligne un communiqué publié hier à Rome à la suite d'une conférence organisée à Londres par la FAO et la BERD.
Pour ces institutions, quelque 23 millions d'hectares de terres arables ont été gelés ces dernières années en Europe de l'Est et dans la Communauté des États indépendants (CEI), notamment au Kazakhstan, en Russie et en Ukraine.
« Au moins 13 millions d'hectares pourraient être remis en production, sans coûts environnementaux majeurs », indique le communiqué.
Un rapport de la BERD présenté aux participants à la conférence indique que les gouvernements ont répondu à la hausse des prix en introduisant des mesures favorables aux consommateurs, des mesures qui pourraient s'avérer contre-productives, affirme la BERD.
La Banque européenne soutient que le moyen le plus efficace de générer de l'offre face à l'augmentation de la demande mondiale serait de faciliter les investissements tout le long de la filière agricole.
En coopération avec la FAO, la BERD entend renforcer le dialogue politique pour faciliter la communication et les contacts entre les sociétés du secteur privé et les autorités compétentes du secteur agricole au sein des pays d'Europe de l'Est et de l'ancienne Union soviétique. Elle a déjà engagé près de 4 milliards d'euros dans 357 projets dans la région.
La FAO préconise pour sa part des politiques « ambitieuses » qui prévoient une meilleure utilisation des budgets étatiques.
Mais « un environnement institutionnel et réglementaire favorable est indispensable pour attirer les investissements privés à tous les niveaux de la filière alimentaire », et, pour ce faire, « il faudrait améliorer le dialogue politique entre les partenaires privés et publics », insiste la FAO, qui continue d'offrir son assistance technique aux gouvernements de la région.
Face à cette escalade des prix, la Food and Agriculture Organization (FAO) et la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) ont organisée à Londres une conférence réunissant les responsables gouvernementaux d’Europe de l’Est et de l’ancienne Union soviétique ainsi que les dirigeants locaux de l’agroalimentaire. Le but : renforcer les investissements dans le secteur agricole et débloquer le potentiel inexploité de l’agriculture de la région.
Suite à l’implosion du glacis soviétique, la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan ont gelé 23 millions d’hectares de terres arables, dont 90 % étaient cultivés en céréales et oléagineux. Selon les experts, entre 11 et 13 millions d’hectares pourraient facilement être à nouveau exploités, sans coûts environnementaux majeurs, si les investissements nécessaires sont réalisés. Selon l’Institut des études du marché agricole russe (Ikar), l’utilisation d’intrants et de semences génétiquement modifiées permettrait d’augmenter les rendements de 11 % dans les trois pays d’ici à 2016 par rapport au niveau de 2004-2006 (1,84 tonne par hectare).
Selon le scenario retenu par la FAO et la Berd – augmentation des surfaces cultivées de 13 millions d’hectares et utilisation d’intrants et de semences OGM –, la production conjointe en céréales et oléagineux de la Russie, de l’Ukraine et du Kazakhstan pourrait dépasser les 230 millions de tonnes en 2016, soit 80 % de plus que le niveau actuel (128 millions de tonnes). De fait, les disponibilités pour l’exportation s’élèveraient à 100 millions de tonnes, sachant qu’en 2007-2008, les exportations mondiales devraient s’élever autour de 252 millions de tonnes, rappelle la FAO. Aujourd’hui, les trois pays pratiquent des politiques de limitation des exportations par des taxes.
Afin de répondre à cet ambitieux programme, une non moins ambitieuse politique agricole doit être promue par le renforcement des liens entre secteur privé et public pour faciliter les investissements. La Russie a d’ores et déjà déclaré priorité nationale son agriculture. Par ailleurs, le pays des Tsars va porter son aide au secteur de 66 milliards de roubles (2,6 milliards de dollars) en 2007 à 130 milliards en 2012. « Il est désormais urgent pour les secteurs privé et public de travailler ensemble pour instaurer des conditions d’investissement durable qui restitueront la primauté de cette région en tant que centre majeur de production agricole », estime Jean Lemierre, le président de la Berd.
Pour sa part, la FAO a souligné la nécessité de politiques gouvernementales intégrant une meilleure utilisation des budgets étatiques dans la fourniture de biens et services publics de base au secteur agricole. « Un environnement institutionnel et réglementaire favorable est indispensable pour attirer des investissements privés à tous les niveaux de la filière alimentaire. » Selon l’Ikar, 4,5 milliards de dollars seront nécessaire à la réalisation de ce projet, hors nouvelles installations.