La commune : acteur majeur de la mise en œuvre du développement durable. Près des deux tiers des Français interrogés (65%) déclarent faire confiance à leur commune pour mettre en œuvre le développement durable, 17% lui faisant " tout à fait confiance ". A l'inverse, seulement un tiers ne lui fait pas confiance à ce sujet (33%).
A l’occasion des 16e Recontres financières des décideurs locaux qui se sont déroulées à Paris le 29 novembre, Dexia Crédit Local et la Gazette des Communes ont souhaité en savoir un peu plus sur les connaissances, perceptions et souhaits des Français en matière de développement durable, thème central de ces Rencontres. Il s’agissait plus précisément de cerner les attentes des citoyens concernant les actions de leurs élus pour la mise en œuvre du développement durable.
Les Français ont-ils une idée précise de ce qu'est le développement durable ? Quelle perception en ont-ils ? A quels acteurs publics font-ils le plus confiance pour appliquer les principes du développement durable ? Ont-ils le sentiment que leur commune prend en compte ces principes ? Quelle est l'efficacité des politiques de développement durable ? Quel est leur impact financier ? L'enquête réalisée par Ipsos pour Dexia Crédit Local et la Gazette des Communes auprès d'un échantillon représentatif de la population montre que les Français ont en fait une image plutôt positive du développement durable et met en avant l'importance à leurs yeux des collectivités locales, et notamment des communes, dans sa mise en œuvre.
Le développement durable : un concept assez vaste qui englobe l'ensemble des sujets de préoccupation des Français
Le développement durable reste un concept assez flou pour les Français. 11% seulement des personnes interrogées disent en effet avoir une idée " très précise " de ce que signifie l'expression " Développement Durable ", 31% déclarant en avoir une idée " assez précise ". Au total, à peine plus de quatre Français sur dix (42%) ont une idée précise de ce qu'est le développement durable. A l'inverse, une majorité d'entre eux (56%) affirme ne pas en avoir une idée précise (31% " peu précise " et 25% " pas précise du tout "). Ces résultats montrent que si les Français ont déjà entendu parler du développement durable, ils ont encore du mal à comprendre sa signification exacte et ce qu'il implique concrètement (quels domaines ? quelles actions ?).
Certaines catégories de la population revendiquent un niveau de connaissance un peu plus élevé que la moyenne. Ainsi, 80% des cadres supérieurs, 71% des personnes ayant un niveau d'études au moins égal à Bac+3 et 62% des personnes ayant un niveau de revenu élevé déclarent avoir une idée précise de ce que signifie l'expression développement durable. Mais ces catégories sont traditionnellement les mieux informées, quel que soit le sujet abordé (société, politique, économie…). Il est en revanche à noter que les jeunes de 20 à 24 ans semblent particulièrement sensibles à la question du développement durable puisque 60% d'entre eux déclarent avoir une idée précise de ce que signifie cette expression.
Les Français envisagent le développement durable dans une dimension très " globalisante ", qui va au-delà de la protection et la préservation de l'environnement. Interrogés sur ce qui prime pour eux dans le développement durable aujourd'hui, 35% des Français ont d'abord évoqué la dimension sociale (c'est-à-dire la prise en compte des notions de solidarité et de cohésion sociale dans les domaines comme la santé, le logement ou l'éducation), avant la dimension environnementale (c'est-à-dire la préservation et l'amélioration de l'environnement et de l'état des ressources naturelles), citée par 32% des personnes interrogées. La dimension économique (c'est-à-dire l'augmentation de la croissance économique tout en assurant les meilleures conditions de travail possibles) est citée par 29% de l'échantillon. Ces trois aspects apparaissent donc presque aussi importants aux yeux des Français, ce qui montre que dans leur esprit, le développement durable ne doit pas s'attacher à une seule dimension (environnementale, en l'occurrence) mais concerner l'ensemble des domaines touchant à leur vie. Les Français ont en réalité une perception très globale du développement durable. Le fait est que les dimensions sociales et économiques du développement durable recouvrent aujourd'hui des notions qui sont aussi leurs principales attentes : la protection de l'environnement certes, mais aussi la croissance économique, la santé, l'éducation ou encore le logement.
Si la dimension sociale arrive en tête chez les femmes (39%) et chez les personnes de plus de 35 ans (34%), la dimension environnementale est citée en premier par les hommes (37%) et par les personnes de moins de 35 ans (41%). Elle est également citée en premier par les catégories qui connaissent le mieux le concept de développement durable : 48% des cadres supérieurs, 39% des hauts revenus, 43% des personnes ayant un niveau d'études au moins égal à Bac+3 et surtout 54% des personnes déclarant avoir une idée " très précise " de ce que signifie l'expression développement durable. Soulignons par ailleurs l'importance de la dimension environnementale pour les jeunes : elle est citée par 42% des 15-19 ans contre 18% seulement des personnes âgées de 70 ans et plus.
La commune : acteur majeur de la mise en œuvre du développement durable
Près des deux tiers des Français interrogés (65%) déclarent faire confiance à leur commune pour mettre en œuvre le développement durable, 17% lui faisant " tout à fait confiance ". A l'inverse, seulement un tiers ne lui fait pas confiance à ce sujet (33%). Une proportion quasi-identique des personnes interrogées affirme faire confiance à sa région pour mettre en œuvre le développement durable (64% dont 12% " tout à fait confiance ") contre 32% seulement qui ne lui font pas confiance. La confiance à l'égard de l'Union européenne apparaît beaucoup plus mitigée : si 48% de l'échantillon déclarent lui faire confiance en matière de développement durable, 49% ne lui font au contraire pas confiance. Enfin, la confiance à l'égard de l'Etat sur ce sujet apparaît minoritaire : 43% seulement des Français lui font confiance contre 55% qui déclarent ne pas lui faire confiance.
Ces résultats révèlent l'importance du rôle des collectivités locales, et notamment des communes, aux yeux des Français en matière de développement durable. Deux facteurs peuvent contribuer à l'expliquer : tout d'abord, les Français ayant une perception très globale du développement durable, intégrant toutes les dimensions de leur vie, il n'est pas tellement surprenant qu'ils se tournent d'abord vers l'acteur dont ils se sentent le plus proches au quotidien. Par ailleurs, ces résultats reflètent aussi la méfiance traditionnelle manifestée à l'encontre des pouvoirs publics et notamment de l'Etat.
Soulignons cependant que les personnes déclarant avoir une idée précise de ce que signifie l'expression développement durable font d'abord confiance à l'Union européenne (61%), devant leur région (59%), leur commune (57%) et enfin l'Etat (45%).
Si les Français manifestent des attentes assez fortes à l'égard de leur commune en matière de développement durable, c'est aussi parce qu'ils ont le sentiment que celle-ci intègre réellement ses principes. Ainsi, 61% des personnes interrogées estiment que leur commune prend en compte le développement durable dans ses politiques (dont 15% seulement " tout à fait ") contre un tiers seulement pour qui elle ne le prend pas en compte (34%). On n'observe pas réellement de clivage sur cette question. Seules les personnes déclarant avoir une idée " très précise " de ce que signifie l'expression développement durable (50%) et les sympathisants des Verts (53%) sont un peu en retrait.
Le développement durable dans les communes : des actions et des conséquences plutôt positives…
Cette confiance à l'égard des communes n'est pas uniquement théorique et reflète des attentes réelles : une très large majorité des Français (91%) a le sentiment que la politique de développement durable d'une commune peut avoir un impact efficace sur la qualité de l'environnement et du cadre de vie de ses habitants. Ce chiffre s'élève même à 94% chez les personnes déclarant avoir une idée " très précise " de ce que signifie l'expression développement durable. Soulignons cependant que 20% seulement des personnes interrogées estiment que la politique de développement durable d'une commune peut avoir un impact " tout à fait efficace " sur la qualité de l'environnement et du cadre de vie de ses habitants. Ce résultat s'explique certainement par le fait que la notion de développement durable reste très floue pour les Français et que les actions concrètes menées par les communes dans ce domaine demeurent encore pour une part peu connues. Par ailleurs, en matière d'environnement, les Français estiment aussi très souvent que les enjeux comme les solutions relèvent d'une problématique mondiale. Reste qu'ils ont toutefois peu confiance dans les acteurs mondiaux et se retournent vers les acteurs locaux et plus spécifiquement la commune. Ainsi, 8% seulement des personnes interrogées ont le sentiment que la politique de développement durable d'une commune n'est pas efficace sur la qualité de l'environnement et du cadre de vie de ses habitants.
Cette confiance vis-à-vis des communes est certainement d'autant plus forte que nos concitoyens ont le sentiment que des choses ont été faites au niveau de la commune et qu'elles prennent en compte le développement durable dans leurs politiques. D'ailleurs, la moitié des Français juge qu'en matière de qualité de l'environnement et du cadre de vie, la situation dans la commune où ils habitent s'est améliorée depuis quelques années (50%). Les femmes (53%) et les personnes de plus de 35 ans (53% également) sont les plus nombreuses à porter ce jugement positif. Par ailleurs, 61% des personnes estimant que leur commune prend en compte le développement durable dans ses politiques affirment que la situation s'est améliorée dans leur commune. 14% seulement des personnes interrogées pensent que la situation s'est détériorée tandis que 34% déclarent qu'elle est restée stable. Reste à savoir si cette amélioration découle directement des politiques de développement durable.
Conséquence de ces constats positifs et très certainement de leurs fortes attentes dans ce domaine : plus des trois-quarts des Français (78%) pensent que le fait qu'une commune prenne en compte le développement durable dans ses politiques a un impact positif sur son image (dont 18% " très positif "). Ces résultats sont encore meilleurs chez les personnes qui connaissent le mieux le concept de développement durable : les cadres supérieurs (90%), les personnes ayant un niveau d'études au moins égal à Bac+3 (90%), les hauts revenus (86%) et les personnes déclarant avoir une idée précise de ce que signifie l'expression développement durable (90%). Les jeunes se montrent également particulièrement sensibles aux politiques de développement durable menées par les communes : 23% des jeunes de 20 à 24 ans et 22% des 25-34 ans estiment que la politique de développement durable menée par une commune a un impact " très positif " sur son image. 5% seulement des personnes interrogées pensent qu'elle a un impact négatif tandis que 15% de l'échantillon jugent qu'elle a n'a pas d'impact.
Dans ce contexte, les trois-quarts des Français interrogés (75%) ont le sentiment que la prise en compte du développement durable est une tendance de fond et qu'un grand nombre de communes s'y mettront dans quelques années. Ce sentiment est plus fort encore chez les personnes qui connaissent le mieux le développement durable : 87% des cadres supérieurs, 83% des personnes ayant un niveau d'études au moins égal à Bac+3 et 85% des hauts revenus. 22% seulement des personnes interrogées affirment que la prise en compte du développement durable par les communes est une mode et qu'on en parlera moins dans quelques années.
… pour un faible impact financier
Autre élément positif révélé par cette enquête : les Français estiment que la mise en œuvre d'une politique de développement durable par une commune n'induit pas forcément de coût supplémentaire mais une mobilisation différente des ressources existantes. C'est en tout cas le sentiment partagé par 62% des personnes interrogées (et par 71% des personnes déclarant avoir une idée très précise de ce qu'est le développement durable). Un tiers seulement des Français estime au contraire que la mise en place d'une politique de développement durable entraîne un coût supplémentaire (34%). Pour autant, ces derniers ont un positionnement assez citoyen puisqu'ils considèrent, en majorité, que ce coût supplémentaire doit être prise en charge par l'ensemble des habitants de la commune (59%). Cette idée est encore plus marquée au sein de certaines catégories de la population : les cadres supérieurs (74%), les jeunes de 20 à 24 ans (76%), les habitants de Paris (75%) et les personnes ayant une idée très précise du concept de développement durable (72%). 39% des personnes qui pensent que la mise en œuvre d'une politique de développement durable par une commune a un coût supplémentaire estiment toutefois qu'il doit être pris en charge uniquement par l'usager du service concerné.
Prise de conscience et optimisme : les deux mots d'ordre pour l'avenir
Tous ces éléments tendent à montrer que les Français sont plutôt sensibles à la qualité de l'environnement et de leur cadre de vie et qu'à ce titre, ils croient aux vertus des politiques de développement durable. Interrogés sur les mesures prioritaires à prendre en matière de développement durable dans les communes, ils manifestent d'ailleurs le désir d'être davantage informés sur le sujet et plus sensibilisés à la question. En effet, plus d'un Français sur deux (51%) a répondu qu'il fallait " introduire le développement durable dans les programmes scolaires " tandis que 46% ont déclaré qu'il fallait " informer les habitants sur les bons gestes à avoir ". Ces mesures devancent des projets plus ambitieux ou plus coûteux comme le fait " d'encourager financièrement la construction d'habitations respectant l'environnement " (38%) ou " de favoriser les transports en commun et les véhicules propres " (34%). Enfin, 26% de l'échantillon pensent qu'il faut " informer les populations en matière de gestions des risques naturels et industriels ". Ces résultats montrent que les Français sont conscients de la nécessité que chacun se sente directement concerné par les questions d'environnement et de cadre de vie et agisse au quotidien.
Dernière note positive de cette enquête : plus des deux tiers des Français (69%) pensent que si le réchauffement de la planète constitue une menace pour les générations futures, il est cependant encore possible d'inverser la tendance. 23% jugent cependant qu'il s'agit d'un danger quasi-immédiat et qu'il est presque trop tard pour inverser la tendance (29% des jeunes de moins de 35 ans contre 20% seulement des personnes de 35 ans et plus). Les atteintes à l'environnement génèrent donc aujourd'hui de très fortes inquiétudes. 6% seulement des Français estiment que les conséquences du réchauffement de la planète sont exagérées et que ce phénomène ne nécessite pas de mesures particulières (15% des personnes de 70 ans et plus). Les jeunes se montrent un peu plus inquiets que leurs aînés : 30% des 15-19 ans et 31% des 20-24 ans pensent qu'il est presque trop tard contre 18% des personnes âgées de 60 à 69 ans et 14% des personnes de 70 ans et plus.
Dans ce contexte, il y a fort à parier qu'une fois la notion de développement durable mieux comprise et appréhendée, les attentes des Français risquent de se préciser dans les prochaines années. La commune, perçue comme un acteur majeur sur le sujet, aura alors très certainement un rôle prépondérant à jouer.
Etienne Mercier
Directeur Adjoint du département Opinion – Ipsos Public Affairs
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Adélaïde Zulfikarpasic
Directeur d'études – Ipsos Public Affairs
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