L'Agence de l'ONU chargée de la lutte contre la faim dans le monde a mis en garde l'UE jeudi contre le danger des biocarburants, qui nourrissent la flambée des prix alimentaires, alors que les 27 en ont fait un axe important de leur politique énergétique. "Le changement d'orientation (de nombreux exploitants) en faveur de la production des biocarburants a détourné des terres de la chaîne alimentaire", a souligné la directrice le Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran, lors d'une audition devant des députés européens à Bruxelles. A cause de ce phénomène, "les prix alimentaires atteignent un tel niveau que celui de l'huile de palme en Afrique est désormais au niveau des prix du carburant", a-t-elle souligné.
Elle a reconnu que l'envolée des prix des matières premières agricoles et des denrées alimentaires ces derniers mois était aussi en partie due à la spéculation sur les marchés, mais à ses yeux "des facteurs structurels sont un élément des prix que nous avons aujourd'hui". Elle faisait référence au choix fait par de nombreux pays industrialisés de développer les biocarburants, produits à partir de matières premières agricoles, face à la hausse ininterrompue des prix des hydrocarbures.
"C'est peut-être une très bonne affaire pour les agriculteurs mais à court terme les plus pauvres sur la planète seront durement frappés" puisque les cultures destinés aux biocarburants tendent à remplacer celles destinées à l'alimentation humaine, a fait valoir la responsable du PAM. Les pays de l'Union européenne se sont fixés un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20% d'ici 2020 par rapport à 1990, les biocarburants étant appelés à représenter au moins 10% de la consommation totale d'essence et de gazole dans les transports européens.