Avec 192 éoliennes installées (254 MW) et 194 autres accordées (319 MW), les grands acteurs de l’énergie contrôlent les éoliennes. La concentration dans ce secteur économique clef se fait à marche forcée et les indépendants, l’exception. Le rachat, fin février, de la société Nass et Wind technologies, basée à Lorient, par Gaz de France, n’est que l’illustration d’un phénomène qui s’accélère. A l’automne, c’est un autre opérateur très présent en Bretagne, la Compagnie du vent de Montpellier, propriétaire du premier parc éolien breton à Plouarzel (29), qui est passé sous la coupe de Suez-Electrabel pour la somme astronomique de 331 millions d’euros.
La Compagnie du vent est propriétaire des parcs de Plourin-lès-Morlaix, de 2 éoliennes de Mahalon, 2 autres à Guiler, des 4 de Plozévet, a des projets de développement à Lanrivoaré et Pouldergat ainsi qu’à Saint-Renan. Avec la fusion Suez-GDF en cours, ce mastodonte de l’énergie contrôlera un nombre non négligeable de parcs éoliens terrestres dans la région.
« Tous les énergéticiens, y compris les pétroliers, s’intéressent au secteur de l’éolien. Cette concentration va se poursuivre tout au long d’un développement pas achevé », observe le Finistérien Stéphane Poulmarc’h, de la société Juwi et porte-parole régional des industriels de l’éolien.
Des groupes étrangers
L’état des lieux de l’éolien breton est d’autant difficile à réaliser que nombre de SARL gestionnaires de parcs sont l’émanation de groupes allemands, espagnols, danois ou canadiens. Ces groupes se revendent entre eux tout ou partie de parcs existants où dont les permis sont acceptés. Juwi par exemple, dont la maison mère est allemande, gère 7 éoliennes à Plouguin, 2 à Lanrivoaré et possède des permis de construire pour 13 machines sur trois sites morbihannais à Langonnet, Saint-Allouestre et Kerfourn. Le canadien Boralex a récemment posé un pied en Finistère-Nord en rachetant à VSB énergies nouvelles, lui-même avalé depuis par un allemand, la ferme éolienne de Plouguin.
Rares indépendants
Non loin, à Plouvien, les sept machines, très contestées, sont gérées par la société Adéol pour le compte de l’espagnol Néo. Et c’est l’italien Enel-Erelis qui monte les 9 machines de Pleyber-Christ et 4 autres à Collorec près de Châteaulin. A Plomodiern, c’est l’allemand Nordex, qui a démarré le montage de cinq machines. La liste est longue. Powéo, qui projette d’installer un parc d’éoliennes off-shore au large de Saint-Brieuc, n’est pour l’instant pas présent en Bretagne, en dehors du bureau d’études EED à Rennes. Dans ce paysage mouvant, les purs indépendants se font rares. P et T Technologies, de Rennes, gère par exemple plusieurs parcs dont celui de Kergrist (56). Jacques Trellu, ancien pilote de chasse et agriculteur, est propriétaire des 8 éoliennes de Cast, via JMA énergies, et a reçu l’appui du fonds d’investissement régional Nestadio de Florent de Kersauzon. A Saint-Thégonnec (29) le nouveau parc de 5 éoliennes destiné à remplacer les petites machines installées en 2002, est l’émanation d’un privé de Sainte-Sève, François Beuzit au sein de la société SPEE.
Écueil financier
« La concentration n’est pas achevée mais les indépendants se réduisent devant les coûts d’investissements nécessaires », observe Marion Lettry du syndicat national des énergies renouvelables. Une éolienne de 2 MW coûte au bas mot 2 millions d’euros rien qu’à l’achat...
Michel Le Hébel