Selon la FAO, la flambée des prix agricoles aura un impact dévastateur sur la sécurité d’au moins 37 pays. Paris, qui a appelé une initiative européenne, y voit une occasion de défendre la PAC. Son directeur général, Jacques Diouf a lancé un appel aux chefs d’Etat et de gouvernement des 191 membres de l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture.
Face aux émeutes soulevées par la flambée des prix des denrées alimentaires, la FAO a tiré la sonnette d’alarme, vendredi.
Son directeur général, Jacques Diouf a lancé un appel aux chefs d’Etat et de gouvernement des 191 membres de l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Son souhait est de les amener à tenir une Conférence sur la sécurité alimentaire mondiale. Elle se tiendrait à Rome du 3 au 5 juin prochain, avec pour objectif de réunir entre 1,2 et 1,7 milliards de dollars.
La facture des importations céréalières des pays pauvres va augmenter de 56% en 2008 après avoir augmenté de 37% en 2007, a indiqué Jacques Diouf. Et cette hausse aura « un impact dévastateur sur la sécurité de nombreux peuples et sur les droits de l’Homme » dans au moins 37 pays, s’est-il inquiété.
De fait, des « émeutes de la faim » ont déjà éclaté en Mauritanie, au Cameroun, au Burkina Faso, en Ethiopie, en Indonésie, en Egypte, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Madagascar ou encore aux Philippines. En Haïti, elles ont causé la mort de cinq personnes.
Selon Jacques Diouf, une « opération massive de distribution de semences et de fertilisants » est nécessaire dans ces pays pour sortir de l’urgence alimentaire. Et le directeur de la FAO a également fustigé le développement des bio-carburants, en partie responsable de la flambée des cours.
En France, Michel Barnier, a indiqué vouloir demander lundi, à l’occasion d’un sommet des ministres européens de l’agriculture, « une initiative pour la sécurité alimentaire ». Michel Barnier a plaidé pour donner la priorité à la production agricole au sein de l’Union, à des fins alimentaires.
Cette position a été confortée par la tribune cosignée vendredi dans Libération par le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet et la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade. « L’Europe, avec son agriculture performante et sa politique commune, doit pleinement jouer son rôle de fournisseur et de régulateur des marchés alimentaires mondiaux », écrivent-ils. Ils précisent que ce sujet sera à l’ordre du jour de la présidence française de l’Union, au second semestre.
La France prend ainsi argument de la flambée des prix des matières premières agricoles pour poser ses jalons en vue des discussions délicates qui s’annoncent sur l’avenir de la politique agricole commune (PAC). Son principal adversaire dans ce bras de fer, la Grande Bretagne, s’est déclarée pleinement d’accord sur la nécessité d’agir. Mais elle a plaidé vendredi pour une action au niveau international et non au sein de l’Union Européenne.