Des spécialistes réussissent déjà à mesurer ces effets. Si l'on n'arrive pas à maîtriser cette tendance au réchauffement, la population mondiale connaîtra un plus grand nombre de maladies et de décès dus à l'augmentation des catastrophes naturelles et des vagues de chaleur. La propagation des maladies transmises par la nourriture, par l'eau ou par des vecteurs (insectes ou animaux) prendra de l'ampleur. En outre, les maladies dues à la pollution de l'air toucheront un plus grand nombre de personnes et risqueront de causer leur mort.
Par Cheryl Pellerin Rédacteur
Washington - Alors que notre planète subit un réchauffement climatique, que la neige et la glace fondent et que le niveau des mers monte, les changements climatiques ont aussi des effets dans le domaine de la santé.
Si l'on n'arrive pas à maîtriser cette tendance au réchauffement, la population mondiale connaîtra un plus grand nombre de maladies et de décès dus à l'augmentation des catastrophes naturelles et des vagues de chaleur. La propagation des maladies transmises par la nourriture, par l'eau ou par des vecteurs (insectes ou animaux) prendra de l'ampleur. En outre, les maladies dues à la pollution de l'air toucheront un plus grand nombre de personnes et risqueront de causer leur mort.
La population de certaines zones géographiques devra les quitter à cause de la montée des eaux de mer ou de la sécheresse et de la famine. La fonte des glaciers modifiera le cycle hydrologique, à savoir le mouvement continuel de l'eau au-dessus, par-dessus et au-dessous de la surface terrestre et aura une influence sur les rendements agricoles.
Il ne s'agit pas là d'un scénario de science-fiction. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme sur son site Internet, à l'occasion de la Journée mondiale de la santé (qui tombe chaque année le 7 avril), que l'on commence maintenant à pouvoir mesurer certains de ces effets sur la santé.
Selon les estimations de l'OMS, dont le thème de la Journée mondiale de la santé est « Protéger la santé face au changement climatique », le réchauffement de notre planète a causé en 2000 plus de 150.000 décès supplémentaires, et cette tendance se poursuit.
Climat et santé
Les conditions météorologiques et le climat ont toujours eu une incidence sur la santé de l'homme : du temps de la préhistoire, les hommes ont connu aussi bien le froid glacial que la canicule ou la famine du fait de l'absence de végétation.
Dans un article sur les changements climatiques et les mesures de santé publique qui vient de paraître en mars dans la revue médicale American Journal of Public Health, le docteur Howard Frumkin, qui est à la tête du Centre national de l'écosalubrité, et ses collègues soulignent que les inondations, les cyclones, les tornades et les feux de forêt sont la cause de blessures, de décès et de déplacement de populations.
« Toute une catégorie de maladies, les maladies tropicales, est nommée en raison d'un climat particulier, disent-ils. Le climat et les conditions météorologiques influencent la distribution et les risques de nombreuses maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme, la fièvre de la vallée du Rift, la peste et la dengue. Les conditions météorologiques entraînent aussi le risque de maladies transmises par la nourriture et par l'eau et de nouvelles maladies infectieuses telles que la fièvre hémorragique due à des hantavirus, la fièvre hémorragique due au virus d'Ebola et la maladie due au virus du Nil occidental. »
Parmi les exemples de l'incidence du réchauffement climatique sur la santé figurent les 35.000 décès dus la canicule en Europe pendant l'été 2003, les 3,3 millions de décès dus aux maladies diarrhéiques, au paludisme et à la sous-alimentation en 2002, ainsi que les 55.000 cas de dengue au Brésil, qui ont entraîné près de 70 décès à Rio de Janeiro, au cours des quatre derniers mois.
Selon le docteur Jonathan Ptaz, qui enseigne à l'université du Wisconsin à Madison et qui fait partie depuis 1995 des principaux auteurs des rapports d'évaluation du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat de l'ONU, le réchauffement climatique a une influence sur plusieurs maladies infectieuses, dont un grand nombre sont transmises par des insectes.
« Un tout petit changement de température, a-t-il dit, peut modifier le cycle de transmission et le temps de reproduction des parasites dans les insectes à sang froid. C'est pourquoi une hausse de 1 ou 2 degrés Farenheit, voire d'un demi-degré, peut avoir une influence immense sur la transmission du paludisme, par exemple. Le parasite se développe beaucoup plus vite dans l'organisme du moustique, et la température peut changer le nombre moyen de piqûres de moustique par hôte et par unité de temps. En outre, il existe toutes sortes de facteurs amplificateurs lorsqu'on a à faire à un système biologique comme une maladie due à un moustique. »
Les mesures à prendre en matière de santé publique
La plupart des spécialistes ne doutent guère que le réchauffement climatique est bien réel et qu'il aura une incidence sur la vie de la population mondiale pendant des années, voire pendant des siècles.
Selon le professeur Antonio Busalacchi, de l'université du Maryland à College Park, la seule incertitude a trait à l'échelle des changements climatiques au niveau des grandes zones géographiques, des petits pays ou des districts. Il est nécessaire, selon lui, de réduire cette incertitude au sujet des prévisions en matière de température, de précipitations et du rythme des changements pour accroître la confiance dans ces prévisions au niveau régional.
Les répercussions des changements climatiques sur la santé peuvent être aussi locales ou régionales, et chaque partie du monde aura à faire face à un ensemble de problèmes différents, a fait remarquer le docteur Frumkin. La baisse des rendements agricoles risque d'être un problème en Afrique subsaharienne et en Asie méridionale, mais pas réellement en Amérique du Nord, alors que les vagues de chaleur risquent de toucher la partie nord de l'Amérique du Nord, mais non pas l'Afrique subsaharienne et l'Asie méridionale. Il faut donc que les prévisions et les mesures de préparation aient lieu aux niveaux local et régional.
Les méthodes à suivre en matière de santé publique comprennent la collecte de données sur toute une gamme de variables : climat, écosystème, phénomènes météorologiques, caractère infectieux des moustiques, etc. La surveillance de la propagation des maladies, les travaux de recherche en matière de modélisation et de prévision, l'élaboration des mesures à prendre pour se préparer, les enquêtes épidémiques et la formation technique sont aussi des moyens importants pour faire face au réchauffement climatique, et il convient de leur accorder une importance bien plus grande que jusqu'ici, a souligné le docteur Frumkin.
(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais