Les promoteurs estiment que les nouvelles exigences du Grenelle de l'environnement pourraient les obliger, dès 2012, à chauffer tous les logements neufs au gaz ou avec des pompes à chaleur.
Pour les promoteurs immobiliers, les nouvelles exigences du Grenelle de l'environnement pourraient les obliger à chauffer, à partir de 2012, tous les logements neufs au gaz ou avec des pompes à chaleur au détriment du chauffage électrique. " Ce serait le cas si les nouvelles réglementations étaient appliquées en l'état et avalisées par la loi, prévient Jean-François Gabilla, le président dela Fédération des promoteurs constructeurs (FPC). Le Grenelle doit trouver l'équilibre entre les économies d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre. "
L'objectif affiché est de généraliser les logements neufs économes en énergie, ne consommant que 50 kWh d'énergie dite " primaire " par mètre carré et par an. " L'énergie primaire " est l'énergie nécessaire pour fabriquer l'énergie consommée. Problème : pour consommer 1 kWh d'électricité dans un logement, il faut selon le calcul réglementaire actuel 2,58 kWh pour le fabriquer. Pour respecter ce seuil de 50 kWh/m2/an d'" énergie primaire ", un utilisateur ne pourra consommer que 19,3 kWh/m2/an d'électricité. Un niveau très faible. Tel n'est pas le cas pour le gaz : 1 kWh de gaz naturelconsommé dans un logement ne nécessite que 1 kWh d'énergieprimaire selon le même calculréglementaire.
BATAILLE D'INFLUENCES ENTRE EDF ET GDF
" En l'état actuel des technologies, je ne vois pas comment nous pourrons intégrer le chauffage électrique dans des logements neufs à basse consommation. Nous serons contraints d'utiliser le gaz en 2012 dans tous les logements collectifs ou de recourir à des pompes àchaleur, qui génèrent un surcoût d'investissement de l'ordre de 20 % par rapport au chauffage électrique ", estime Daniel Cresseaux, directeur de la qualité chez Vinci Im mobilier et membre de la commission technique de la FPC.
En filigrane, cette polémique semble cacher une bataille d'influences entre les opérateurs historiques EDF et GDF. Le logement neuf est un enjeu important. De source interne à GDF, on reconnaît que l'opérateur va devoir batailler ferme pour reconquérir des parts de marché face à EDF dans le logement neuf. Pour sa part, EDF plaide pour un meilleur couplage entre la consommation d'énergie et les émissions de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre. En effet, le gaz génère du CO2 lors de son utilisation, ce qui n'est pas le cas de l'électricité. Par ailleurs, d'après le rapport Pelletier sur l'amélioration énergétique du parc de logements existants, les émissions de CO2 sont estimées à 0,04 kg par kWh d'électricité à comparer à 0,21 kg par kWh de gaz. De plus, l'électricité en France est majoritairement d'origine nucléaire ou issue des énergies renouvelables - autrement dit non émettrice de CO2.
LA REGLEMENTATION 2012 MISE SUR LA QUALITE
De source proche du ministère de l'Écologie, de l'Énergie et du Développement durable, on cherche à calmer le jeu. On fait valoir que la réglementation thermique 2005 en vigueur dans le neuf diffère selon que le type de chauffage utilisé est électrique ou à énergie fossile et prend donc bien en compte les spécificités des différentes sources d'énergie. La réglementation thermique 2012 aura pour objectif de réduire les consommations d'énergie mais aussi les émissions de CO2. Elle élèvera le niveau d'exigence et impliquera un saut qualitatif important en matière d'isolation et de chauffage. Les différentes sources d'énergie, et notamment l'électricité et le gaz, auront leur place.
Des arguments qui n'apaisent pas les doutes des promoteurs. " Je reste convaincu que, dès 2012, le chauffage électrique traditionnel via les convecteurs est voué à disparaître. Il y a un vrai risque que nous devenions mono-énergie dans l'attente de l'arrivée de systèmes de génération d'électricité à partir d'éoliennes ou de panneaux photovoltaïques, qui sont encore aujourd'hui peu disponibles et très coûteux ", conclut Daniel Cresseaux.
SOPHIE SANCHEZ
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