Le rapport 2009 sur l'énergie de l'Agence Internationale de l'énergie (World Energy Outlook 2009) établit une projection des besoins et des consommations de la planète à l'horizon 2030 sur la base des investissements et des choix énergétiques actuels des états. C'est le scénario de référence.
Dans ce scénario, peu d'incertitudes ou de probabilités, mais des faits tangibles issus d'une analyse de l'existant (équipements de production et réserves fossiles, investissements en matière de prospection et d'exploitations de nouveaux gisements fossiles, mise en service programmées de nouvelles centrales) et de la croissance de la demande énergétique mondiale. Un horizon de 20 ans en matière énergétique est très court, du fait de la nécessité d'investissements gigantesques pour des durées d'exploitation très longues, et recèle donc d'une faible marge d'erreur.
Le scénario de référence
Dans le scénario de référence, l'augmentation des besoins du monde en énergie de 40% sur la période ne sera pas satisfaite par de jolies éoliennes et de brillants panneaux solaires, mais en premier lieu par du charbon, dont la consommation doit augmenter de 53% sur la période (grâce à une demande d'électricité en hausse de 77%), augmentant sa part de marché dans la production d'électricité de 42% à 44%.
Au deuxième rang pour satisfaire ce besoin croissant d'énergie, le pétrole, qui passe de 86 millions de barils consommés par jour en 2007 à 105 millions, +24%, vous avez bien lu. Le gaz naturel se maintient bien en troisième position, croissant également de 41%. Que nos bonnes consciences se rassurent, l'électricité produite à partir de sources renouvelables progresse aussi, mais seulement de 18% du total à 22%.
Les principaux bénéficiaires sont les pays membres de l'OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole), qui percevront des combustibles fossiles des recettes de 30 000 milliards de dollars de 2008 à 2030, cinq fois plus que pour les 23 années précèdentes.
Le scénario de la dernière chance
Si ceci était inévitable pour garantir un certain confort et assurer notre développement, il y aurait un choix difficile à opérer. Mais l'AIE, propose un scénario alternatif, appelé Scenario 450 par ce qu'il vise à limiter les gaz à effet de serre à 450 parties par million dans l'atmosphère (voir notre article).
Dans ce scénario, le rapport de l'AIE précise qu'en investissant 10 500 milliards de dollars sur la période 2010-2030, nous pourrions éliminer toute augmentation des émissions, et que cet effort serait plus que rentabilisé sur la seule période de 2010-2030 par des réductions d'achats d'énergies fossiles (ne laissant donc peut être que 20 000 milliards de dollars au pays de l'OPEP). De plus, les 10 500 millirads de dollars sont des investissements de longs terme créateurs d'emplois, quand l'équivalent en achats d'énergies fossiles est une dépense sans retour.
Le constat de l'AIE est donc totalement effrayant. Le plus effrayant vient du fait que les décisions politiques ne sont pas prises alors que les recettes existes pour que la catastrophe ne se produise pas, tout en sortant de la crise économique. Le rapport de l'AIE insiste également sur un énorme impact positif sur la santé. A quelques jours du sommet de Copenhague, on peut espérer que ce constat émis par l'insitution de référence en la matière, pourtant peu encline à crier au loup, soit entendu. Mais il faut craindre qu'il ne le soit pas, tant ce constat est éloigné de la vision optimiste promue par les leaders politiques. Tout va bien, faisons jouer l'orchestre...
Accéder au site dédié au rapport. Télécharger les conclusions du rapport
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