KARL DE MEYER, Les Echos - CORRESPONDANT À BERLIN.
C'est une étude très politique que vient de publier l'Office fédéral de l'environnement (UBA) sur la production d'énergie outre-Rhin. Selon le rapport, qui rencontre un fort écho, l'Allemagne serait à même d'assurer 100 % de son approvisionnement en électricité grâce aux seules énergies renouvelables d'ici à 2050. Dans le scénario étudié, chaque région utilise au mieux son potentiel en éolien, solaire, ou encore hydroélectrique, et les mieux loties approvisionnent celles qui ont moins d'atouts naturels.
Mieux, assure Jochen Flasbarth, le président de l'UBA, qui dépend du ministère de l'Environnement : le 100 % vert est réalisable avec la technologie disponible actuellement (ce qui n'empêche pas de faire mieux). Les Allemands n'auraient pas non plus à renoncer à leur mode de vie.
Installations de stockage
Pour l'UBA, la construction des infrastructures nécessaires demanderait toutefois beaucoup de temps. Il faudrait aussi investir dans des installations de stockage d'énergie, et de régulation des fluctuations de production, très importantes avec l'éolien par exemple. L'étude conclut, de manière très explicite, que « la construction de nouvelles centrales au charbon est aussi peu indispensable que la prolongation de l'exploitation des réacteurs nucléaires. »
On estime qu'à l'heure actuelle 40 % des émissions de gaz à effet de serre de l'Allemagne proviennent de la production d'électricité. La part des renouvelables dans le bouquet énergétique du pays est de l'ordre de 17 % (voir ci-contre).
L'étude est parue alors que le Bundesrat, la Chambre haute du Parlement, doit approuver aujourd'hui une baisse drastique des prix garantis aux producteurs d'énergie solaire. Prenant acte de la surchauffe du secteur, de la baisse des prix des panneaux et de la répercussion par les distributeurs des prix garantis sur les factures des particuliers, Berlin a souhaité diminuer son soutien public
Par ailleurs, la coalition se déchire toujours sur le nucléaire. Le dernier réacteur devrait s'arrêter fin 2021 et les libéraux souhaitent une prolongation de plus de quinze ans. Le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, pousse lui à une extension plus modeste. Le débat porte aussi sur les modalités de taxation des profits dégagés par l'utilisation supplémentaire des centrales. L'opposition insiste pour que la loi soit soumise à l'approbation du Bundesrat, où la coalition au pouvoir n'a plus la majorité depuis mai.