EDF risque d’encaisser une perte de valeur de 1 milliard de dollars, si son partenaire américain s’entête à exercer un droit de cession tournant à son avantage. Constellation aurait tort de s'en priver : ce dernier évalue la plus-value potentielle à 400 millions de dollars.
EDF a beau être le premier actionnaire de l’américain Constellation Energy, avec 8,44 % de son capital, l’électricien français est coincé. En effet, son partenaire américain envisage de l’obliger à lui racheter 2 milliards de dollars d'actifs, principalement des centrales thermiques. Une décision inacceptable pour EDF. Pourtant, si Constellation peut prendre cette initiative, c’est parce qu’EDF l’y avait bel et bien autorisé. Valable jusqu'à la fin de l'année, ce droit de cession avait été consenti par EDF lors de l'achat pour 4,5 milliards de dollars de la moitié des activités nucléaires de Constellation fin 2008. L'objectif était alors d'offrir une bouffée d'oxygène au groupe américain en cas de problème de liquidités.
Problème : avec la crise et l'essor des gaz non conventionnels, les prix de marché de l'électricité se sont effondrés aux Etats-Unis et la valeur de ces actifs a baissé. Ce qui offre une possibilité de plus-value pour Constellation. En cas d'exercice de l'option, EDF perdrait 1 milliard de dollars, Constellation gagnerait 400 millions de dollars et le gouvernement fédéral les 600 millions restants, selon le groupe américain cité par Les Echos.
Henri Proglio devrait choisir la voie de la négociation plutôt que de vendre ses parts dans Constellation et enregistrer une perte pour clore ce dossier qui a mis en lumière les difficultés d'une prise de participation minoritaire au capital d'un groupe de nucléaire. Il ne serait pas surprenant qu'EDF se demande si l'investissement dans Constellation est vraiment une bonne utilisation des ressources", estime Tony Ward, analyste chez Ernst and Young.
Reste une solution radicale pour EDF en cas d'exercice de l'option : remettre en cause son partenariat. L'électricien a mandaté la banque Lazard pour étudier toutes les options possibles (cession d'actifs, recherche d'un autre partenaire…). Des acteurs américains auraient déjà fait part de marques d'intérêts, indiquent les Echos.