Les tarifs ont de fortes chances d'être relevés de 3% à 4% début 2011. Il s'agirait de couvrir les charges liées à l'essor des énergies renouvelables. Les prix risquent ainsi d'augmenter de 6% à 7% en six mois, du jamais-vu depuis des décennies.
En juillet 2009, l'ancien patron d'EDF Pierre Gadonneix avait réclamé une hausse de prix de 20 % sur trois ou quatre ans. Une déclaration spectaculaire qui lui avait coûté son poste. « Cette question va se reposer », avait-il prédit avant de céder la place. Il avait raison. Après avoir été relevés de 3,4 % en moyenne le 15 août dernier, les tarifs pourraient s'alourdir encore en début d'année prochaine. De l'ordre de 3 % à 4 %, cette fois-ci. Si bien que les prix ont des chances d'augmenter de 6 % à 7 % en six mois, du jamais-vu depuis des décennies. Et le mouvement ne fait sans doute que commencer…
Cet été, la hausse avait été justifiée par « l'augmentation du rythme des investissements dans les réseaux et le parc de production » d'EDF. Cette fois-ci, l'explication est tout autre ; il s'agit surtout de couvrir les charges liées au développement massif des énergies renouvelables. Ni le solaire ni l'éolien ne sont aujourd'hui totalement compétitifs. L'Etat soutient leur essor en faisant acheter ce type d'électricité par EDF à un prix élevé, supérieur à celui auquel il pourrait s'approvisionner sur le marché. La différence est en principe couverte par une taxe, la contribution au service public de l'électricité (CSPE), qui représente près de 5 % de la facture des particuliers.
Le problème est que, ces dernières années, cette taxe n'a pas bougé, alors qu'EDF se retrouvait contraint d'acheter de plus en plus d'électricité verte. Si bien que l'entreprise publique estimait déjà y être de sa poche de 1,6 milliard d'euros fin 2009. Après débat, le gouvernement vient d'accepter un nouveau dispositif permettant de remonter cette taxe. Le résultat de cet arbitrage se retrouve dans un amendement au projet de loi de Finances présenté par Michel Diefenbacher, député UMP du Lot-et-Garonne, et soutenu par l'exécutif. Ce texte prévoit que, à défaut d'un arrêté pris par l'Etat avant le 31 décembre, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) peut d'elle-même relever au 1 er janvier la CSPE de 3 euros par mégawattheure. Celle-ci est actuellement fixée à 4,50 euros par mégawattheure. Elle pourrait ainsi passer à 7,50 euros par mégawattheure dès janvier, soit une augmentation de 67 %, et tripler en trois ans.
Risqué en pleine crise sociale
« Le gouvernement aura jusqu'au 31 décembre pour maintenir le niveau actuel, sinon c'est la proposition de la CRE qui s'applique dans la limite de 3 euros par mégawatt-heure », explique Michel Diefenbacher. Le régulateur pousse de longue date à une revalorisation forte de cette taxe. Dans un scénario étudié récemment, il envisageait de la porter à 13 euros par mégawatt-heure. A moins que le gouvernement craigne une réaction politique trop forte, une première hausse de 3 euros paraît très probable. Ce relèvement devrait se traduire par une augmentation de 3 % à 4 % de la facture finale pour les particuliers.
Pour EDF, il s'agit potentiellement d'une très bonne nouvelle. La hausse de la taxe empêchera que l'entreprise continue à avancer sur ses deniers la politique publique en faveur des énergies vertes. En pleine crise sociale, l'augmentation attendue risque, en revanche, d'être difficile à avaler pour les particuliers. Même chose pour les professionnels. La faiblesse relative des prix du courant constitue traditionnellement un des rares atouts compétitifs des entreprises françaises. S'il disparaît peu à peu, la désindustrialisation risque de s'accentuer.