« Nous avons choisi l'Indre-et-Loire, ajoute Christine Saincy, responsable de ce pilotage chez ErDF, parce que ce département correspondait à ce qu'on recherchait : c'est une zone rurale avec 33 clients au km 2 . Nous y installons d'ici mars 2011 cent mille compteurs et 3.220 concentrateurs dans les sous-stations EDF. Pour l'instant, nous sommes contents. Nous avons eu 21.344 appels téléphoniques sur la hotline que nous avons mise en place spécialement pour Linky. D'après les retours de questionnaires, 93,2 % des clients sont satisfaits. Sur le déploiement des compteurs, pas sur l'usage de Linky », précise la responsable.
Car, dans les faits, les compteurs Linky ne font pas que des heureux. Loin de là. En plus de la Fédération des collectivités concédantes et régie (FNCCR) qui s'est inquiétée des dysfonctionnements du compteur intelligent et demandé une lecture directe de la consommation par les usagers ; de l'Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe) qui déplore que « sous sa forme actuelle », Linky ne fasse pas faire d'économie aux abonnés, les clients eux-mêmes se plaignent que le nouveau compteur disjoncte souvent, ne tolérant aucun changement de puissance.
Ces critiques ne font pas peur à la filiale distribution d'EDF : « Tout changement engendre des peurs », explique-t-on du côté d'ErDF. Pour l'instant, le déploiement se poursuit en Touraine. Ce n'est que l'an prochain que l'on connaîtra la décision des pouvoirs publics sur la généralisation de Linky. ErDF, lui, n'en doute pas.
Encore du flou
La nouvelle facture, c'est quoi ? Pour ErDF, le principal atout de Linky est la facture sur consommation réelle. Finies donc les estimations. Alors que payent actuellement les abonnés qui ont vu leur ancien compteur changé pour du Linky ? « En théorie, explique Christine Saincy d'ErDF, ils devraient payer ce qu'ils consomment. Nous sommes en mesure de faire ces relevés mais le traitement de l'information n'est pas encore au point et le fournisseur (EDF) qui établit la facture, ne peut pas encore traiter correctement ces informations. » Les estimations sont encore en vigueur, donc. Pour combien de temps ? Mystère.
Confidentialité. La confidentialité des données personnelles est au coeur des remarques et critiques des associations de consommateurs. ErDF se veut rassurant : « Toutes les données sont cryptées et cela dès le début de l'expérimentation. »
Michèle Bellon connaît bien Tours. Ce n'est qu'une coïncidence. Le choix de l'Indre-et-Loire comme département pilote pour les compteurs Linky s'est fait avant l'arrivée de Michèle Bellon à la tête d'ErDF. Mais cette coïncidence ne peut que plaire à cette ingénieur qui a commencé sa carrière chez EDF à Tours en 1974. « J'ai passé quinze ans à Tours à la direction de l'Équipement, particulièrement au programme nucléaire », se remémore le nouveau patron d'ErDF. « Tours était l'un des cinq grands centres pour le nucléaire. Nous avions vraiment l'impression d'être des pionniers. J'ai des souvenirs formidables. »
120 euros. C'est, selon la direction d'ErDF, le prix en euros d'un compteur Linky. Ce prix approximatif devra ensuite être pris en charge par quelqu'un. Pour le moment, le temps de l'expérimentation, les abonnés ne déboursent rien. Une fois la généralisation décidée, le client devra payer la facture. Comment ? « Tout cela n'est pas encore bien défini, reprend ErDF, mais le consommateur paiera l'installation du nouveau compteur sur sa facture d'électricité via le Tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité ou tarif d'acheminement (Turpe). » Ce montant sera lissé sur dix ans. Toujours selon ErDF, ce coût sera compensé par les économies d'énergie réalisées grâce à Linky. Une affirmation loin d'être partagée par les associations de consommateurs. Et si un client refuse son nouveau compteur. « Il ne peut pas refuser. Dans son contrat, il est écrit qu'en cas de nouvelles technologies, le client doit accepter les changements. »