Là où la réglementation européenne et notamment française tire le marché de l’éco-construction, aux Etats-Unis se sont essentiellement les effets marketing et les initiatives locales qui sont moteurs de l’innovation. Cette distinction a un impact majeur : les innovations américaines du secteur se concentrent autour de produits industriels essentiellement pour le second œuvre comme la robinetterie économique, la gestion électronique des consommations ou les matériaux isolants. Très fréquenté, le salon GreenBuild de Chicago constitue une vitrine marketing incontournable pour être reconnu dans ce secteur du « Green Building » aux Etats-Unis. Retour sur son édition 2010 qui se déroulait du 17 au 19 novembre dernier.
Renforcer l’efficacité des chantiers de déconstruction
Sur le modèle américain, l’exposition GreenBuild s’accompagne d’un nombre impressionnant de conférences. Bien choisies, elles fournissent de véritables études de cas, appréciables pour leurs spécificités et les idées qu’elles transmettent. Une intervention de Mark Lennon de l’Institution Recycling Network, lors de la session technique « Deconstruction, Reuse and C&D Recycling », souligne que « loin d’être insurmontable, l’efficacité et le taux de recyclage sur un chantier de démantèlement peuvent être très élevés, la clef résidant presque exclusivement dans la formation des ouvriers ». Un bon concept à développer et ramener en France selon la représentante du pôle de compétitivité nantais Génie Civil Ecoconstruction.
Des normes énergétiques qui doivent évoluer
Les labels Green sont nombreux, on retiendra principalement la fameuse certification LEED - Leadership in Energy and Environmental Design - mais il reste un manque notable d’obligations réglementaires fédérales pour la construction. Les normes d’isolation américaines sont par exemple nettement inférieures à celles imposées en Europe. De plus, la recherche en termes de conception verte à l’échelle du bâtiment et ses applications sont minimes (orientation, ventilation, intégration environnementale). Il y a pourtant aujourd’hui un consensus, rare aux États-Unis, autour des enjeux énergétiques : besoin d’indépendance, pollution atmosphérique et une volonté d’agir. Ainsi les transports, la distribution, le mix énergétique semblent être les cibles principales des industrielles et des Etats. Véhicules hybrides ou électriques, Smart Grid, énergie solaire, éoliennes et biocarburants ont la côte. Les améliorations en termes de construction - qui ont pourtant un impact considérable sur les consommations énergétiques aux Etats-Unis - ne semblent pas prioritaires. Pour palier ce manque d’exemplarité, le gouvernement fédéral prend des engagements pratiques plus ambitieux : d’ici à 2030, tout nouveau bâtiment fédéral devra ainsi être à énergie positive.
Un marché à conquérir pour les entreprises françaises
Dans ce sens, la France n’a pas à avoir de complexes. L’importante délégation française d’exposants et de participants présente à Chicago montre d’ailleurs la place que pourrait prendre l’Hexagone outre-Atlantique sur ces sujets. Le bureau d’études ITF - Ingénierie Tous Fluides - révèle un savoir-faire et une vraie expertise en termes de rénovation « verte » de bâtiments existants, un marché estimé à 15 milliards de dollars d’ici 2014 par l’agence McGraw – Hill. Les itérations en termes de certification, labellisation et systèmes de mesure multi-paramètres de l’efficacité sont nombreuses et démontrent l’activité et l’intérêt français autour de ce secteur. Le tout récent France Green Building Council fédère cet écosystème riche en entreprises innovantes. De ce dynamisme pourrait naître un nouveau leadership français. Un premier signe ? Sous la marque Aqua, le Brésil vient tout juste d’adopter la certification HQE pour certifier ses propres éco-bâtiments.
Bio express de l’auteur
Nathalie Mettling, Chargé de développement Environnement à Ubifrance, San Francisco.Elle travaille plus particulièrement dans les domaines de l’eau, de l’air et des déchets.