Linky, nouveau compteur électrique communicant déployé par EDF et obligatoire dès 2012 dans les logements neufs, ne plaît pas à tout le monde. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) s'est émue du fait que le boîtier révèle de nombreuses informations sur le mode de vie du foyer. Des données sensibles qui pourraient tomber entre de mauvaises mains. De son côté, l'UFC dénonce la précipitation du gouvernement et le coût pour l'usager.
L'objectif d'EDF est de mieux gérer le réseau électrique français grâce au concept de "smart grid" (réseau intelligent). Les compteurs Linky permettront d'ajuster la production des centrales en fonction de la consommation réelle, et donc de moins polluer. Ils transmettront chaque évolution de la consommation d'un abonné au distributeur d'énergie, toutes les dix à trente minutes, via un réseau dédié. Pour l'usager, le seul véritable avantage est que les relevés de consommation se feront à distance, au lieu de nécessiter un rendez-vous avec un technicien.
Un boîtier trop curieux et trop cher
"La mise en place de ces compteurs électriques intelligents impliquera la collecte d'informations détaillées sur notre consommation électrique, ce qui pose des problèmes de respect de la vie privée", explique la Cnil sur son site. Des informations qui "sont très détaillées et permettent de savoir beaucoup de choses sur les occupants d'une habitation, comme leur horaire de réveil, le moment où ils prennent une douche ou bien quand ils utilisent certains appareils (four, bouilloire, toaster...)", s'inquiète le gendarme des données personnelles.
Une interface Web permettra de couper l'électricité à distance et de modifier la puissance de l'abonnement, ce qui ne fait qu'attiser les inquiétudes de la Cnil : "Ces fonctionnalités devront être parfaitement sécurisées pour éviter toute utilisation frauduleuse." En effet, s'il est aussi facile de couper l'électricité à son voisin que de pirater son réseau Wi-Fi, de nombreux usagers auront des surprises !
De son côté, l'UFC-Que choisir a attaqué le compteur Linky sur un autre terrain : son coût et son utilité. Alors que 35 millions de compteurs devront être remplacés en France d'ici 2020, l'association de consommateurs s'étonne que le gouvernement soit "passé en force" en imposant Linky via un décret : les expérimentations sont encore en cours. Le prix du boîtier sera par ailleurs répercuté indirectement sur l'abonnement, soit entre 120 et 240 euros étalés sur plusieurs années. Enfin, les bénéfices pour le consommateur seront conditionnés par l'achat d'un second boîtier, lui permettant de suivre sa propre consommation. Le compteur vert pourrait faire chou blanc...
Guerric Poncet