Les premiers froids sont là. Un système piloté à distance qui coupe le courant, permet d'écrêter les pics de consommation électrique. Des milliers de foyers bretons sont déjà équipés. Face aux « pics » de consommation électrique en Bretagne, plusieurs initiatives sont menées. EDF teste un boîtier chez 600 foyers pour suivre précisément la consommation et, en cas de coup dur, déclencher des interruptions de chauffage limitées au maximum à trente minutes. Dans le même esprit, Voltalis propose un autre boîtier « intelligent » appelé BluePod. Installé gratuitement en aval du compteur, ce gadget, piloté à distance, permet de couper les radiateurs 15 à 30 minutes aux moments de forte demande.
Le PDG de Voltalis, Pierre Bivas, parle d'« effacement diffus ». Un contrat est passé avec Réseau de transport d'électricité (RTE). Au lieu de démarrer une centrale thermique, celui-ci peut choisir de raboter la consommation. Il alerte Voltalis qui, par téléphonie mobile, déclenche les boîtiers. Au niveau régional, l'objectif est d'équiper 60 000 foyers dès l'hiver 2010-2011, pour 120 à 150 mégawatts économisables. La Bretagne est pilote en France. Le boîtier et son installation sont pris en charge par Voltalis. La société refacture chaque kilowattheure écrêté à RTE qui s'épargne, ainsi, un achat d'électricité supplémentaire. Démarré l'hiver dernier, le système compte, selon Voltalis, près de 7500 boîtiers en Bretagne. Pour moitié dans des logements HLM. Les particuliers peuvent aussi faire la demande. Après deux hivers de test, Voltalis promet « 5 à 10 % d'économies d'énergie » par an. Il permet aussi, via Internet, de visualiser et, éventuellement, d'adapter sa consommation.
Le produit miracle ne fait pas l'unanimité. Dans la périphérie de Brest, l'électricien envoyé par Voltalis est reparti bredouille d'un lotissement HLM. « Nous vivons dans des logements mal isolés, mal chauffés. Couper le chauffage en HLM pour faires des économies d'énergie, c'est scandaleux. Chez nous, en 15 minutes, la température chute, » explique Nathalie. Elle poursuit : « On est démarché par une entreprise privée. C'est présenté comme un partenariat avec l'office HLM. Les gens ne pensent même pas qu'ils peuvent refuser. »
Réponse de l'office HLM, Brest Métropole Habitat en l'occurrence : « Cela a été fait en concertation avec les associations de locataires. Nous avons transmis à Voltalis une liste des logements. Mais, si les locataires ne veulent pas du boîtier, ils peuvent refuser. » Libre à eux de s'engager ou pas dans cette démarche présentée comme « citoyenne ». Dans un contexte où l'action devient urgente. La demande d'électricité, en Bretagne, a progressé de 70 % en vingt ans. L'équipement quasi systématique des pavillons neufs en radiateurs électriques n'y est pas étranger.
Sébastien PANOU.