Si les Etats-Unis s'opposent, contrairement au Japon, à la chasse à la baleine à des fins commerciales, ils soutiennent le maintien pour les populations indigènes d'Alaska de pêcher un quota de baleines du Groenland (bowhead whales).
L'Australie a accusé mardi le Japon d'être "inutilement provocateur", en projetant de tuer 50 baleines à bosse lors de sa prochaine campagne annuelle en Antarctique. "Il est important que le Japon comprenne que l'inclusion de baleines à bosse dans ses pêches aura un impact sur son image en Australie", a déclaré à la chaîne ABC Malcolm Turnbull, ministre australien de l'Environnement depuis l'Alaska. Les baleines à bosse migrent chaque année vers les eaux chaudes du Pacifique le long des côtes australiennes où s'est développée une activité touristique florissante d'observation des baleines.
L'un des sujets de la réunion de la CBI est la demande du Japon d'obtenir l'autorisation de chasser 50 baleines à bosse, très protégées, à des fins "scientifiques" dans un sanctuaire proche de l'Antarctique. Le Japon chasse déjà régulièrement la baleine de Minke, un petit rorqual. Malcolm Turnbull a également appelé le Japon à cesser de prétendre que ses prises ont un objectif scientifique, ce qui permet de contourner le moratoire sur la chasse commerciale en vigueur depuis 1986. "L'échelle des pêches scientifiques de baleines du Japon est bien évidemment très loin de ce que nécessiterait en réalité un programme de recherche", a déclaré le ministre. Le Fonds international pour les animaux estime que le Japon a tué plus de 6.800 baleines Minke, sous couvert de recherche scientifique.
Le Japon de son côté plaide pour le droit de certaines de ses communautés côtières de pêcher un nombre non déterminé de baleines de Minke, au titre de cette même dérogation. La CBI, qui a décrété un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine en 1986, fait néanmoins une exception pour des populations indigènes aux Etats-Unis, en Russie et au Groenland afin de leur permettre d'assurer leur subsistance.
Depuis 20 ans, le Japon demande que ce droit soit étendu à quatre de ses petites communautés côtières mais la CBI s'y refuse, affirmant qu'il s'agirait d'un quota commercial. Les nouvelles tentatives du Japon d'obtenir gain de cause vont être l'un des thèmes des discussions de la réunion qui se tient jusqu'au 31 mai dans la capitale de l'Alaska, alors que Tokyo est déjà critiqué pour son exploitation déjà très importante de la possibilité de chasser la baleine à des fins scientifiques.
Washington a besoin du soutien des trois quarts des 75 membres de la CBI pour assurer le maintien des droits de pêche accordés aux populations indigènes d'Alaska mais le Japon et ses alliés disposent d'assez de voix pour bloquer. "Nous nous attendons à obtenir le même traitement à toute proposition du Japon visant à obtenir un quota de pêche pour ses communautés côtières qui verrait les baleines être pêchées, dépecées, distribuées et consommées localement", a affirmé à l'AFP Joji Morishita, membre japonais suppléant auprès de la CBI.
L'an dernier, le Japon et d'autres membres de la Commission favorables à une reprise de la pêche à la baleine avaient réussi à faire adopter une résolution symbolique par 33 voix contre 32 estimant que le moratoire n'était plus nécessaire.
L'organisation écologiste Greenpeace a estimé samedi dans un communiqué que le Japon menace "plus que jamais" le moratoire et "redoute que le travail de lobbying des autorités japonaises ait déjà influencé les travaux de la commission scientifique et technique de la CBI".