Ah ces foutus économistes !
«Saint» David Suzuki a lancé le cri de ralliement : «Commençons par cesser d’écouter les foutus économistes.» Lorsque j’ai lu cette nouvelle, j’ai immédiatement compris que ce dernier ne faisait que protéger son monopole de diffuseur de l’information en matière de réchauffement climatique. Parce qu’en fait, la stratégie des groupes de pression environnementaux est claire et bien documentée par la science économique : elle mise sur l’ignorance rationnelle de la population.
L’ignorance rationnelle
«Le peu que je sais, c'est à mon ignorance que je le dois.» Derrière cette citation humoristique de Sacha Guitry, il y a malheureusement un fond de vérité qui sert très bien nos environnementalistes. L’actualité nous le rappelle tous les jours. La plupart des citoyens font preuve d’ignorance rationnelle. Ils consacrent peu de temps et dépensent peu d’énergie à s’informer sur les enjeux sociaux. Ils ont appris très jeunes qu’ils ont peu de chance d’infléchir individuellement les décisions de nos gouvernements, alors ils minimisent leur investissement en connaissance de la chose publique.
Pour s’informer, ils s’en remettent la plupart du temps aux médias, qui eux relayent l’information produite par ceux qui ont le plus d’intérêt à le faire, soit les groupes d’intérêt. C’est ainsi qu’à l’affût d’énormités, les médias — incompétents en matière scientifique — se font volontiers complices des scénarios catastrophiques échafaudés par les groupes environnementalistes.
Un débat scientifique qui n’est pas clos
Le réchauffement climatique résulterait de l’effet de serre engendré par le CO2 que nous envoyons dans l'atmosphère. On nous présente les choses comme si le débat était clos ; comme s’il n’existait pas d’explication concurrente au réchauffement de la planète. Pourtant, bon nombre de scientifiques sérieux contestent l’idée que ce réchauffement soit attribuable à l’activité humaine. Pour les opposants à la théorie de l’effet de serre, le réchauffement proviendrait des cycles réguliers d’énergie émise par Le Soleil. Pour eux, l’augmentation de l’émission de CO2 serait la conséquence et non la cause du réchauffement observé.
Si cette théorie du cycle solaire s’avérait fondée — ou même partiellement fondée — l’investissement colossal concentré dans la lutte aux gaz à effet de serre pourrait se révéler inutile, sinon dramatique. Pourquoi ? Parce qu’il se fait au détriment de ressources rares qui auraient pu servir à améliorer notre qualité de vie, notamment à faciliter notre adaptation à cet inévitable réchauffement.
Aussi, d’ici à ce que les recherches sur les changements climatiques aient progressé, on doit éviter de faire l’insensé pari que la probabilité de véracité de la théorie de l’effet de serre soit de 100 % et celle des cycles solaires de 0 %. Que l’une soit obligatoirement vraie et l’autre nécessairement fausse, voire inexistante. À l’instar de tout investisseur sérieux, on doit aligner l’investissement public sur les probabilités réelles d’occurrence d’une situation et se soustraire à la pression déraisonnable des groupes environnementaux.
Propagande politique et pensée unique
Présentement, le débat scientifique est occulté par la propagande politique. Nos médias font grand état des rapports d’experts réclamant la ratification du protocole de Kyoto, mais très peu écho aux scientifiques qui considèrent inutile ce pacte politique. On nous fait la promotion du documentaire «Une vérité qui dérange», d’Al Gore, et on ignore sa contrepartie, soit «La grande arnaque du réchauffement climatique», de Martin Durkin. On nous cite l’appui de l’Académie américaine des Sciences (NOAA), sans nous rappeler qu’en 1975, cette même académie lançait ce cri d’alarme : «Il y a tout lieu de craindre que la Terre subira un refroidissement dramatique de ses températures au cours des cent prochaines années.»
Pire encore, le mouvement environnementaliste a semble-t-il réussi à développer chez les citoyens une homogénéité analytique. Combien de fois a-t-on entendu nos politiciens se targuer d’avoir en main l’appui de la majorité des Canadiens pour la ratification de Kyoto? Non seulement cette communion de pensée m’apparaît inquiétante, mais l’idée voulant que chaque Canadien dispose de l’information et des connaissances suffisantes en climatologie pour se faire une opinion arrêtée sur le sujet est douteuse. Comment en sommes-nous venus à développer une opinion unanime sur un phénomène que même les spécialistes ont de la difficulté à cerner avec précision?
L’ignorance rationnelle des citoyens a amené des économistes à vérifier l’hypothèse que la seule diffusion d’une information à la télé ou dans les journaux s’accompagne d’un gage de vérité. Contredire et même contester cette information devient une opération risquée. Plutôt que de se faire traiter de négationniste ou d’hérétique à la solde des pétrolières, on préférera adopter les positions communes et suivre la tendance.
La bonne conscience
La grande force du mouvement environnementaliste est d’avoir saisi qu’il est facile, pour le citoyen, d’adhérer à des propositions communes qui lui donnent bonne conscience. C’est ainsi que parallèlement au développement de la pensée unique, on mise sur le cœur humaniste qui sommeille en chacun de nous. Peu informé et conscient de ne pouvoir influencer significativement l’issue d’une décision politique, le citoyen se fait en contrepartie offrir une certaine satisfaction psychologique en adhérant à des mesures empreintes de compassion ou de vertu. Qui ne retire pas de satisfaction à soutenir Kyoto?
C’est ainsi qu’en matière de réchauffement climatique, la vertu s’est lentement substituée à l’analyse et au réalisme économique. La bonne conscience domine maintenant le langage populaire et les politiciens alimentent la flamme. Évidemment, pour le citoyen, l’adhésion à la bonne conscience est plus facile lorsque l’enjeu en question ne le touche pas directement ou s’il a l’impression de ne pas avoir à en assumer le coût. Par exemple, un récent sondage mené par le groupe canadien Innovative Research nous apprend que 67 % des répondants s’opposent à la tarification routière et 69 % à la hausse des taxes sur le pétrole. Comme quoi nous sommes bien prêts à agir… à condition que ça ne nous coûte rien!
En somme, si le marché politique du réchauffement climatique est si florissant, c’est parce qu’il repose sur une prise de décision peu informée. Les leçons tirées des prédictions du Club de Rome et les milliards investis pour contrer le bug de l’an 2000 devraient pourtant nous inciter à la prudence.
Épilogue
Personnellement, j’ai été tenté d’acquérir le plus d’information possible sur la question. J’ai notamment appris sur le site Internet de la coalition Sauvons Kyoto que «les gaz intestinaux des bovidés d'Australie et de Nouvelle-Zélande produiraient trop de méthane. Les autorités des deux pays ont donc décidé d'investir des millions de dollars pour réduire les flatulences de leurs vaches en créant une race à haut rendement énergétique.»
Quand j’ai lu cette dépêche, j’ai immédiatement pensé à Lao Tseu : «Qui ne pète ni ne rote est voué à l'explosion.» Décidément, la planète est en danger!