Une étude affirme que le changement climatique en lui-même est responsable de la saturation des capacités de l'océan antarctique à absorber le CO2.
Le réchauffement du climat a réduit la capacité de l'océan Austral à absorber le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, une situation jugée très préoccupante par les auteurs d'une étude publiée jeudi dans la revue américaine Science. "C'est la première fois que nous pouvons dire que le changement climatique en lui-même est responsable de la saturation des capacités de l'océan antarctique à absorber le CO2, ce qui est sérieux", explique Corinne Le Quéré, de l'université britannique East Anglia, principal auteur de ces travaux conduits par une équipe internationale pendant quatre ans.
"Tous les modèles informatiques d'évolution du climat montrent que ce phénomène va persister et s'intensifier au cours de ce siècle", souligne-t-elle. Cette étude a montré que l'intensification des vents dans l'Antarctique provoquée par l'accumulation des gaz à effet de serre et la diminution de l'ozone, a libéré dans l'atmosphère du CO2 stocké dans l'eau, saturant ses capacités d'absorption. Les océans, mers, lacs et forêts de la planète absorbent environ la moitié des émissions de CO2 produites par les activités humaines, dont 15% par les eaux australes seules, expliquent ces scientifiques.
Avec l'océan Antarctique atteignant un point de saturation, il y aura davantage de CO2 qui restera dans l'atmosphère, intensifiant l'effet de serre atmosphérique et le réchauffement, déplorent-ils. Cette nouvelle recherche laisse penser que la stabilisation du volume de CO2 dans l'atmosphère est encore plus difficile à réaliser qu'on ne le pensait jusqu'alors. De dangereux niveaux d'acidification de l'océan Antarctique devraient être atteint avant 2050, date anticipée auparavant. "Depuis le début de la révolution industrielle au 19e siècle, les océans ont absorbé environ le quart des 500 milliards de tonnes de carbone émis dans l'atmosphère par les activités humaines", relève Chris Rapley, directeur du British Antarctic Survey, qui a aussi participé à ces travaux.
"La possibilité que dans un monde plus chaud, la capacité de l'océan australe à absorber le CO2 atmosphérique diminue est préoccupante car ces eaux sont la plus grande éponge de CO2 sur la Terre", déplore-t-il. La saturation de l'océan Austral a été mise en évidence en analysant les observations du CO2 atmosphérique faites par 40 stations autour du globe. L'absorption de CO2 de cet océan a arrêté d'augmenter en 2001 tandis que les émissions de CO2 dans l'atmosphère ont progressé depuis de 40%, indique l'étude.