"L'Allemagne vient de suspendre l'autorisation du MON810. Dans ce cas précis, il faut s'inspirer du cas allemand. On vient de découvrir que la sécrétion de la toxine qui est censée tuer l'insecte qui attaque le maïs se passe dans des conditions qui ne sont pas exactement celles qu'on attendait", a déclaré le ministre de l'Ecologie Alain Juppé dans une interview au Parisien vendredi matin.
Il a toutefois précisé qu'il "ne faut pas bloquer la recherche notamment dans le domaine de la santé et de l'alimentation", ajoutant que "c'est un sujet difficile qui sera évidemment inscrit à l'ordre du jour du Grenelle de l'environnement" de l'automne prochain. Le maïs transgénique MON810 du géant américain Monsanto vise à protéger les cultures de la pyrale, une sorte de papillon dont les larves se nourrissent de l'intérieur des tiges de la plante. En France, environ 30.000 hectares de MON810 sont cultivés.
Les réactions n'ont pas tardé. L'annonce du ministre "est une excellente nouvelle à condition d'aller très vite car on est en pleine saison des semis", s'est félicité Arnaud Apoteker, responsable des campagnes OGM de Greenpeace, ajoutant que "le risque du MON810 est totalement indéterminé sur la chaîne alimentaire et sur les écosystèmes et que les études de toxicité, totalement insuffisantes, manquent absolument de pertinence". De son côté, la fédération France Nature Environnement a demandé au ministre de suspendre "sans attendre toutes les mises en cultures d'OGM plein champ.
Une directive européenne permet à un gouvernement d'interdire un OGM si des études scientifiques parues depuis l'autorisation de commercialisation indiquent qu'il existe des risques pour la santé et l'environnement. C'est ainsi que l'Office allemand pour la protection des consommateurs (BVL) a adressé un courrier à Monsanto lui demandant de ne pas transmettre "à un tiers à des fins de commercialisation le MON810 (autorisée depuis 1998 en Allemagne) qu'après que le BVL a obtenu (de Monsanto) un plan d'observation des effets sur l'environnement".