L'action environnementale de la Suède, au plan intérieur aussi bien qu'international, vise un développement durable dans l'ensemble de la société. Cela suppose un changement des comportements à tous les niveaux et une nouvelle politique écolo. Une autre condition importante de succès est la mise à disposition de technologies fournissant de nouveaux moyens de lutter contre les menaces à la santé et à l'environnement.
Le développement durable
En 1992, lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement à Rio de Janeiro, les dirigeants politiques du monde se sont engagés à œuvrer pour le développement durable. Cela implique que tout développement doit répondre à des objectifs économiques, sociaux et écologiques appropriés pour la génération actuelle aussi bien que pour les générations futures. Ces principes ont été précisés en 2002, au Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg. Dans le domaine de l'environnement, ils impliquent par exemple que :
- les matériaux doivent être réutilisés ou recyclés. Le développement technique doit se concentrer sur les produits et méthodes économes en ressources,
- les émissions polluantes ne doivent pas excéder ce qui est tolérable pour l'homme ou pour l'environnement. Les substances toxiques étrangères à la nature doivent être à terme éliminées de l'environnement,
- la diversité biologique doit être sauvegardée et les sites culturels de grande valeur doivent être préservés.
L'Union européenne (UE), l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU) ont posé en principe que le développement économique des pays ne doit pas nuire à l'environnement.
Nécessité de nouveaux modes de vie
Le développement durable exige un changement des comportements à tous les niveaux et dans tous les secteurs de la société mais aussi une nouvelle politique environnementale. Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale que la Suède a commencé à examiner de plus près les effets des rejets industriels qui étaient considérés au départ comme un problème purement local. Dans les années 1960 et 1970, alors que la dégradation de milliers de lacs et de vastes zones forestières était déjà un fait, les Suédois ont réellement pris conscience de ce que la pollution ne connaît pas de frontières nationales. Les mesures prises en Suède pour réduire les émissions des industries et des usines d'incinération ont largement porté leurs fruits.
Par le passé, les améliorations environnementales étaient surtout axées sur les processus de production. L'impact sur l'environnement est souvent passé du stade de la production à ceux de l'utilisation, de la consommation et des déchets. Des modes de vie impliquant un surcroît de confort et une augmentation constante de la consommation conduisent à une présence croissante de substances chimiques, de métaux lourds et autres substances dangereuses dans les produits. Les émissions de dioxyde de carbone, le bruit et les encombrements progressent aujourd'hui plus vite que l'économie en Suède. Une circulation accrue et des voitures plus grandes annulent en partie les gains résultant d'un meilleur contrôle des gaz d'échappement, de carburants plus propres et de la réduction du bruit. Il en est de même des besoins énergétiques croissants qu'entraîne une automatisation accrue sur les lieux de travail et à domicile.
Une évolution positive
Avant de pouvoir réaliser ses objectifs qu'elle s'est assignés en matière de qualité de l'environnement, la Suède doit apurer le bilan mitigé de l'évolution qui conditionne l'état de l'environnement. La Suède a interdit très tôt certaines substances qui s'attaquent à la couche protectrice d'ozone de la stratosphère. Cette mesure s'est avérée un succès et a été adoptée à l'échelle internationale.
La Suède entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 4 % de 1990 à 2012. En 2004, ces émissions avaient baissé de 3,5 % par rapport à 1990, soit 6,2 tonnes par habitant. À plus long terme toutefois, elles devront diminuer beaucoup plus. En 2006, le gouvernement a pris l'engagement de mettre fin à la dépendance de la Suède à l'égard du pétrole d'ici à 2020.
Quelque 3 700 sites naturels de grande valeur font l'objet d'une protection spéciale. Les zones humides sont bien vivantes et près de 10 % des terres cultivées sont consacrées à l'agriculture biologique.
Les défis majeurs : la circulation et l'énergie
Les trois quarts environ des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l'énergie et des transports. Les initiatives prises pour encourager le recours aux énergies alternatives et les économies d'énergie ont certes réduit les besoins en combustibles fossiles. Mais dans le secteur des transports, et en particulier des transports routiers, la consommation de carburants fossiles a augmenté. L'envolée des prix des carburants semble devoir accélérer l'introduction de moteurs qui consomment moins - ou pas du tout - d'essence et de gazole fossiles. La qualité de l'air est un autre sujet de préoccupation. Les particules provenant de la combustion sont responsables de cancers du poumon et de maladies respiratoires ; elles peuvent aussi aggraver les troubles cardiaques chez les personnes fragiles. Les oxydes d'azote sont parmi les polluants atmosphériques dangereux pour la santé. La Suède peine à atteindre ses objectifs de réduction dans ce domaine, en partie à cause des émissions apportées d'autres régions d'Europe par les vents. Elle compte toutefois sur une baisse des niveaux d'oxydes d'azote d'ici à 2010 par suite d'actions internationales.
Énergies renouvelables
L'objectif proclamé de la Suède, mettre fin à sa dépendance au pétrole d'ici à 2020, n'implique pas nécessairement de remplacer tout le pétrole. Il s'agit plutôt de mettre au point des solutions de rechange techniquement et économiquement viables. Celles-ci ne doivent toutefois pas contribuer à l'effet de serre, puisque l'objectif officiel est essentiellement motivé par le souci du climat et la volonté de réduire la consommation de carburants et combustibles fossiles. Le nouveau gouvernement ne poursuivra pas le démantèlement des centrales nucléaires mais il n'autorisera pas la remise en service des deux réacteurs déjà fermés. L'enjeu majeur est la mise au point de nouveaux carburants pour les véhicules à moteur et les avions. Dans tous les autres domaines où le pétrole est utilisé comme source d'énergie, il existe déjà des alternatives techniquement opérationnelles. Pour les véhicules à moteur, trois carburants à base d'énergies renouvelables sont actuellement disponibles sur le marché : le biogaz, l'éthanol et le méthylester de colza (RME). Ensemble, ils fournissent 2 TWh, soit moins de 2 % de l'approvisionnement suédois en carburant automobile. Cependant, l'utilisation de ces carburants est en rapide augmentation puisqu'un pourcentage croissant de voitures neuves fonctionnent à l'éthanol ou au biogaz. En fait, une voiture sur quinze vendues à Stockholm était officiellement classée comme « éco-logiquement propre » en 2005.
Hydroélectricité
La Suède ne manque pas de ressources pour remplacer le pétrole. Depuis le début du XXe siècle, l'énergie hydraulique (hydroélectricité) est utilisée dans l'ensemble du pays. La production normale d'électricité est actuellement d'un total d'environ 65 TWh, ce qui équivaut à près de la moitié de la production nationale d'électricité. L'hydroélectricité a encore un potentiel de développement, mais pour des raisons d'éco-logie et de conservation de la nature, la Suède a cessé de construire de nouvelles grandes centrales hydroélectriques. L'énergie hydroélectrique restera vraisemblablement pour de longues années encore la base de l'approvisionnement en électricité de la Suède, et elle n'est pas sujette à controverse.
Bioénergies
Plus importante encore que l'hydroélectricité est la consommation de biocombustibles. Les biocombustibles sont considérés comme la principale stratégie suédoise pour le remplacement du pétrole dans la production de carburants automobiles. À Norrköping a été implantée une usine produisant de l'éthanol à partir de céréales, et une autre usine sera achevée en 2008. Une autre solution envisagée est la production d'éthanol à partir de combustibles à base de bois, entre autres par gazéification. La grande question, toutefois, est de savoir s'il y aura suffisamment de combustibles à base de bois, s'ils doivent être utilisés à grande échelle pour la production de carburant. Un débat animé est en cours en Suède à ce sujet, et les avis sont très partagés. En 2004, les carburants automobiles utilisés en Suède représentaient l'équivalent de 111 TWh, soit à peu près autant que la production nationale d'énergie à base de biocombustibles.
Un autre carburant de plus en plus utilisé est le biogaz provenant entre autres des installations de traitement des eaux usées ou de la décomposition de divers types de déchets organiques. Il est possible aussi que d'autres solutions émergent pour la production de carburant. Le gouvernement suédois consacre des investissements considérables à la recherche dans ce domaine.
Certificats et énergie éolienne
Afin de soutenir la production d'électricité renouvelable, la Suède applique depuis 2003 un mécanisme de « certificats d'électricité verte ». On estime que ce système a fait progresser de 4,8 TWh la production d'électricité, principalement à partir de bicombustibles. La majeure partie de cet apport vient de ce que les industries et les sociétés de chauffage urbain sont passées des combustibles fossiles aux biocombustibles. Le système allie la carotte et le bâton. En guise de carotte, les producteurs d'électricité renouvelable reçoivent un certificat donnant droit à un bonus lié à la production. Pour ce qui est du bâton, les négociants en électricité qui ne vendent pas assez d'électricité renouvelable ont à verser des pénalités. Ce système devrait donner 17 TWh d'énergie renouvela-ble en plus d'ici à 2016. Cette ambition accrue débouchera probablement sur un important développement de l'énergie éolienne. La Suède dispose de sites favorables du point de vue des vents, par exemple le long des côtes sud, sur le lac Vänern et dans les plaines, mais aussi dans des zones de montagne. L'industrie éolienne pense que dans le délai d'une décennie environ, elle pourrait arriver à fournir 10 TWh de plus, ce qui demandera un investissement financier de l'ordre de 50 millions de SEK. La société publique Vattenfall, premier producteur d'énergie de Suède, est sur les rangs et prévoit de construire un vaste parc éolien dans la Baltique, entre la Suède et l'Allemagne. Le Riksdag, par ailleurs, a récemment adopté une loi visant à accélérer le développement de l'énergie éolienne en Suède.
Source : Institut suédois