Le ministre allemand de l'Environnement Sigmar Gabriel a souhaité samedi que les droits d'émissions de CO2 qui seront distribués aux entreprises après 2012 soient "mis aux enchères à 100%" et non plus distribués gratuitement comme actuellement.
"Nous avons besoin d'une vente plus importante aux enchères, nous pensons qu'il faut prévoir 100% à partir de 2013" (bien 2013), a-il affirmé à l'issue d'une réunion avec les ministres européens de l'Environnement à Essen (ouest de l'Allemagne) consacrée aux technologies environnementales.
Dans les plans nationaux d'émissions de C02 pour la période 2005-2007, ces quotas ont été distribués gratuitement et dans la période 2008-2012, seul un maximum de 10% de ces droits pourront être vendus aux enchères par les Etats qui le souhaitent.
"Tant que la destruction de l'environnement n'aura pas de prix, personne n'aura intérêt à investir dans les technologies propres", a souligné M. Gabriel.
Ces quotas de CO2 sont au coeur de la politique de l'UE pour respecter son objectif de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (-8% en 2012 par rapport à 1990) dans le cadre du protocole de Kyoto pour lequel elle est très en retard.
L'idée est d'inciter les industries "énergivores" (11.400 sites, dans les secteurs de l'énergie, du papier, du ciment et du métal), responsables de la moitié des émissions de CO2 en Europe, à investir dans des technologies propres en donnant un prix, et donc un coût, aux émissions de CO2.
Les entreprises qui réussissent à réduire leurs émissions peuvent ainsi revendre les quotas non utilisés à d'autres entreprises qui n'y arrivent pas
Mais la générosité des quotas d'émissions attribués pour la première période 2005-2007 avait provoqué un effondrement des cours de la tonne de CO2 sur le marché du carbone.
Aussi la Commission a-t-elle imposé aux Etats membres des restrictions sévères dans les plans 2008-2012, ce qui lui vaut d'être poursuivi devant la Cour de justice par deux Etats membres (Slovaquie et République tchèque).
Elle doit faire une présentation législative d'ici la fin de l'année pour réviser la directive sur le fonctionnement du marché du C02 après 2012.
L'un des objectifs des Européens est d'intégrer les Etats-Unis dans le cadre d'un marché mondial.
Selon M. Gabriel, ce marché peut être une explication de la proposition inattendue de George Bush de lancer un nouveau cycle de négociations avec les grandes économies mondiales pour fixer d'ici à fin 2008 un objectif mondial à long terme de réduction des gaz à effet de serre.
"C'est très improbable que les Etats-Unis ne participent pas à un marché financier où on peut gagner de l'argent", a-t-il affirmé.
A côté du marché du CO2, les ministres ont évoqué d'autres pistes pour soutenir les entreprises qui investissent dans des technologiques écologiques, comme celle de leur faire profiter des marchés publics, au niveau local ou national, qui représentent l'équivalent de 16% du PIB européen.
Pour parler de cette "nouvelle révolution industrielle", les ministres étaient réunis symboliquement dans l'ex-site minier Zollverein, qui était le plus grand complexe charbonnier de la Ruhr et est aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'Unesco et reconverti en lieu culturel et de création de design.