Une étude d'Airparif révèle que l'atmosphère de la capitale est contaminée par une trentaine d'herbicides, d'insecticides et de fongicides.
On savait déjà qu'il y a des pesticides dans l'eau de pluie qui tombe sur l'agglomération parisienne. Il y en a aussi dans l'air de la capitale, annonce aujourd'hui Airparif dans son magazine mensuel. À peu près autant que dans les régions agricoles. Pas moins de trente molécules ont été identifiées en tout dans les cinq sites où les prélèvements ont été effectués : Paris, Les Halles ; Bois-Herpin (Essonne) ; Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ; Chelles et Coulommiers (Seine-et-Marne).
La campagne de mesures a été réalisée de mars à juin 2006, une période de l'année où les traitements agricoles sont les plus importants. À la lecture des courbes de concentration, on voit que les pics de pesticides dans l'atmosphère suivent le calendrier des travaux de l'agriculture conventionnelle. La concordance est parfaite. Au début du printemps arrivent les pesticides. Un peu plus tard, c'est le tour des insecticides, puis celui des fongicides. Les prélèvements sont effectués à l'aide de capteurs qui aspirent l'air, puis de filtres.
Airparif a constaté peu de différence entre le coeur de la capitale et les zones cultivées de la périphérie. À la station des Halles, 19 pesticides ont été mesurés contre 29 - le maximum - à Bois-Herpin, dans la Beauce. Sans La France
Origine agricole
« La présence de pesticides agricoles dans l'atmosphère en plein centre de Paris n'est pas une surprise », souligne Marc Chevreuil, de l'université Paris-VI, un des pionniers en France des recherches sur les pesticides dans les eaux de pluie et l'atmosphère. L'agglomération parisienne est entourée de grandes régions d'agriculture intensive et, quelle que soit la direction des vents, ceux-ci ont toutes les chances de charrier des gaz, des particules ou des gouttelettes de produits phytosanitaires. En effet, au moment de la pulvérisation, on estime qu'entre 25 % et 70 % des produits se volatilisent dans l'atmosphère sous forme gazeuse. Leur dimension est de l'ordre du nanomètre (un nanomètre = un milliardième de mètre), ils pénètrent à l'intérieur des poumons et passent facilement dans le sang.
En zone urbaine, l'étude a révélé aussi la présence de molécules utilisées pour l'entretien des jardins et notamment des rosiers, qui n'ont pas été repérées en périphérie. Ces dernières représentent néanmoins à peine 10 % de la totalité du cocktail phytosanitaire. « Il ne faut pas se tromper de cible et reporter le problème sur les usages non agricoles », estime Marc Chevreuil. La pollution est avant tout d'origine agricole.
Chaque pesticide a un comportement particulier. Certains sont très volatils comme l'endosulfan ou le dichlobenil qui ne sont présents dans l'atmosphère qu'au moment des traitements. D'autres sont très stables comme la trifluraline, un herbicide utilisé pour le colza et le tournesol, présent toute l'année dans l'air francilien.
Même si une étude similaire a déjà été menée à Orléans, Airparif apporte un nouvel élément à la question très controversée de l'impact sanitaire des pesticides. Présents dans l'eau, dans l'alimentation, voici qu'il va falloir maintenant prendre en compte ceux que l'on inhale aussi tous les jours. Cela ne facilitera pas l'évaluation du risque des pesticides qui reste encore à mener.
L'étude d'Airparif a été financée par la Drass