Le sommet du G8 d'Heiligendamm a une nouvelle fois illustré l'opposition de l'administration Bush à tout engagement ferme sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Reconnaissant depuis peu la contribution humaine au réchauffement climatique, le président américain est resté fidèle à son opposition au protocole de Kyoto et à l'élaboration d'un nouveau traité. Face à cette opposition fédérale, une coalition iconoclaste se forme afin de répondre à l'un des principaux enjeux du XXIe siècle. Dans quelques semaines, les Etats-Unis perdront au profit de la Chine leur place de premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES). Malheureusement, cette performance est essentiellement liée à la robustesse de la croissance chinoise, à la faible productivité énergétique de ses industries et à sa dépendance à une électricité produite avec des centrales au charbon. Avec deux nouvelles centrales au charbon entrant en production toutes les semaines, il était entendu que les USA allaient incessamment perdre leur triste leadership mondial. Rompant avec ses promesses de campagne sur la protection de l'environnement, le président Bush a refusé de ratifier le protocole de Kyoto dès 2001. Très lié aux industries énergétiques, il a pendant 6 ans fait sienne l'argumentation négationniste des influences humaines sur le réchauffement climatique que ce puissant groupe de pression avait élaboré. Face à l'évolution de la société civile américaine, le président Bush a récemment fait évoluer sa rhétorique, en reconnaissant que les preuves scientifiques le contre-disant étaient solides. Leur accumulation l'a conduit à évoluer vers la nécessité d'un règlement global du problème, négocié avec des pays émergents comme l'Inde, la Chine ou le Brésil, exigence inacceptable pour ces pays. Malgré ses réticences à s'attaquer aux enjeux du réchauffement climatique, l'administration Bush n'est pas restée complètement inactive. Elle a fait voter, en 2002, une initiative pour promouvoir un " charbon propre " et en 2005 l'Energy Policy Act, qui avait pour principale caractéristique d'offrir d'importantes subventions aux entreprises du secteur énergétique -du charbon au nucléaire en passant par le pétrole, les biocarburants et les énergies renouvelables-. Les Etats montent au front Face à l'immobilisme de l'Etat fédéral, les responsables de certains Etats et municipalités ont décidé d'adopter des stratégies plus proactives afin de répondre aux enjeux climatiques. Fondé en décembre 2005, le Northeast States for Coordination Air Use rassemble 7 Etats et vise à une baisse de 10 % des émissions de GES d'ici à 2019. L'Etat du Nevada s'est quant à lui donné un objectif de 20% de sa consommation d'énergie produite par les énergies renouvelables à l'horizon 2020. Bien qu'intéressantes, ces initiatives font toutefois pâle figure devant les engagements de la Californie du gouverneur Schwarzenegger en la matière. En août 2006, le Parlement californien et le gouverneur ont ratifié une législation contraignante sur la diminution des émissions de GES. Le Global Warming Solutions Act (AB32) engage la Californie à ramener ses émissions de GES en 2020 au niveau de 1990 et de les diminuer de 80% en 2050. Ce seuil relativement modeste de 2020 cache cependant une véritable révolution Outre Atlantique car il prévoit un système négoce de droits à polluer basés sur le mécanisme du protocole de Kyoto associé à des amendes pour les sociétés dépassant leurs quotas. Cette réglementation vient compléter une législation environnementale progressiste. En 2004, la justice californienne a imposé aux constructeurs automobiles de réduire de 18 à 25% les émissions polluantes de leurs véhicules. En janvier 2007, la Californie a annoncé qu'elle allait imposer à l'industrie pétrolière de réduire de 10% les émissions de CO2 produites dans l'ensemble du cycle de vie du produit (de la production à sa consommation). Une initiative qui devrait être suivi par l'Union Européenne. Les entreprises s'attaquent à leurs émissions Pour les entreprises, ces initiatives des Etats mettent en péril le marché unique américain. L'absence de lois fédérales laisse le champ libre à une prolifération des lois régionales plus ou moins contraignantes qui promettent de donner des maux de tête aux dirigeants des entreprises travaillant dans tout le pays. Conscients de l'évolution de la société américaine, de nombreux groupes multinationaux sont arrivés à la conclusion que toute opposition à un renforcement de la législation sur le réchauffement climatique serait contre productive. En mai 2007, la coalition d'entreprises et d'ONG United States Climate Action Partnership (USCAP) a rompu un tabou en appelant l'Etat fédéral à promouvoir une loi contraignante pour réduire de façon substantielle les émissions de GES. Un appel qui a très certainement été clairement entendu à Washington. L'USCAP compte en effet parmi ses membres des géants comme General Motors, PepsiCo ou Shell avec un chiffre d'affaires consolidé de 1700 milliards de dollars et plus de 2 millions de salariés aux USA. Une force de frappe qui fait désormais de l'ombre aux nombreuses sociétés de services, comme Google ou Yahoo !, annonçant qu'elles atteindraient prochainement le seuil de zéro émission. |