En dépit d’une mobilisation du Parlement européen, la Commission puis le Conseil des ministres de l’agriculture viennent de céder aux demandes des lobbys de l’agro-alimentaire et d’approuver ce 12 juin un règlement qui autorise la présence d’organismes génétiquement modifiés dans les produits bio.
C’est à nouveau une parfaite illustration du déficit démocratique des instances européennes avec des mouvements citoyens qui ne sont pas entendus et un Parlement qui sur de nombreuses thématiques n’a qu’un avis consultatif.
Notons que le ministre belge de l’agriculture a eu la bonne idée (tout comme ses collègues grec, italien et hongrois) de s’opposer à ce texte, estimant que celui-ci « déforce grandement l’agriculture biologique ».
Concrètement, la pollution des produits bio par des OGM sera dorénavant tolérée jusqu’au seuil de 0,9% (soit 9 grammes par kilo), comme pour les produits de l’agriculture conventionnelle. Cette mesure réclamée par les lobbies industriels vise à se dédouaner de toute contamination issue des cultures OGM. Elle n’est pas un hasard alors que l’agriculture bio a le vent en poupe (+9.9% depuis 1999 en moyenne contre +2.6% pour le non-bio) et commence à tailler des croupières aux tenants d’une agriculture industrielle consommatrice de pesticides et d’OGM.
Deuxième recul majeur, l’utilisation de substances chimiques de synthèse n’est plus clairement interdite. Seul point positif, les labels bio nationaux (souvent plus contraignants) pourront finalement continuer d’exister parallèlement au logo « bio light » que vient de mettre en place l’UE.
Ce règlement est une sacrée défaite pour le monde du bio, une défaite qui n’est peut-être pas la dernière. En 2008, la Commission révisera les règles nationales de « coexistence » qui visent à restreindre les cultures génétiquement modifiées à usage commercial, et examinera plus en détail la nécessité d’une législation à l’échelle communautaire. Il faut craindre que ce soit alors l’occasion de définitivement ouvrir, via l’UE, les vannes pour les organismes génétiquement modifiés en dépit de fait qu’une majorité de citoyens n’en veulent pas et qu’une majeure partie de la communauté scientifique conteste leur utilité.
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