Rien n'est trop beau pour justifier l'absence d'une décision de l'Opep allant vers une augmentation de la production du cartel.
Cerise sur le gâteau, les producteurs de pétrole s'autorisent même à montrer du doigt le recours accru aux bio-carburants ... pour protéger leur manne pétrolière que le niveau actuel des quotas OPEP permet de préserver.
La polémique pétrole/biocarburant et la bataille entre lobbies pétroliers et lobbies agricoles ont encore de beaux jours devant eux ... aux détriments des consommateurs.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, Opep, s'inquiète de l'impact du développement des biocarburants sur la demande d'or noir à long terme, a indiqué mardi le secrétaire général de l'organisation, tout en émettant des doutes sur le potentiel de ces carburants alternatifs. Ben voyons, d'une pierre deux coups à travers cette critique : justifier le maintien du niveau actuel de la production, et dévaloriser la “concurrence” que représentent les biocarburants pour les Etats pétroliers.
“Nous ne sommes pas inquiets de l'introduction d'une nouvelle source d'énergie, surtout si elle peut aider à combattre le changement climatique", mais "il y a des chiffres qui envisagent de fortes quantités de (production) de biocarburants à long terme, d'ici 2030", a expliqué Abdallah el-Badri dans un entretien avec l'AFP. Intéressant de voir à quel point la préservation de notre pauvre planète préoccupe le cartel pétrolier ...
“Si de telles quantités sont introduites sur le marché énergétique à l'avenir, "cela veut dire que la demande pétrolière à destination des pays membres de l'Opep sera plus faible que nous ne le prévoyons", a-t-il souligné.
“Nous investissons actuellement 130 milliards de dollars d'ici 2012 sur 140 projets pour augmenter notre production de 6 millions de barils par jour" en plus de la production actuelle, a-t-il détaillé ajoutant que les 12 pays membres de l'Opep prévoient "d'investir 230 à 500 mds de dollars de 2012 à 2020 pour augmenter (leur) production de 9 mbj".
“Si nous recevons des informations selon lesquelles la demande pétrolière va baisser, c'est notre droit de réallouer nos investissements. Nous pouvons dépenser de l'argent dans l'éducation, le logement...", a-t-il fait valoir. Mais non, détrompez-vous, ce n'est pas du chantage, je répète, ce type de discours doit être considéré comme une négociation.
M. el-Badri s'est par ailleurs interrogé sur le potentiel réel des biocarburants comme alternative aux carburants classiques. “Supposez que dans 10 ans", la production de biocarburants n'est pas aussi élevée que prévu "en raison de la concurrence avec le pétrole, la terre disponible, la nourriture. Alors il y aura une pénurie" de pétrole brut, a-t-il averti. Il est vrai que les développement de la production de biocarburants a entraîné récemment des tensions sur les marchés agricoles et a fait monter la cotation de certaines denrées alimentaires, comme la farine de maïs.
De là à mettre la pression sur les pays consommateurs ...
il n'y a qu'un pas que l'Opep franchit allègrement en déclarant parallèlement ne pas avoir l'intention de mettre plus de pétrole sur le marché cet été, malgré la récente hausse des prix du brut. "Pour le moment, les prix sont autour de 72 dollars le baril mais sur l'année la moyenne n'est que de 62,57 dollars" pour le Brent sur le marché londonien, a souligné M. el-Badri dans une interview au siège du cartel à Vienne.
Allez, encore un qui va nous abreuver de chiffres et de statistiques, nous attendons la variance et l'écart type ... corrigés de la valeur du taux d'inflation et de l'évolution de la parité euro/dollar, peut-être ? Non, je plaisante ... ils seraient capables de nous les donner ... en vue de fournir des arguments supplémentaires.
Pour rappel, les prix du pétrole ont atteint lundi leur plus haut niveau depuis le 28 août à Londres à 72,25 dollars, et leur plus haut depuis septembre dernier à New York à 69,13 dollars lors des échanges électroniques de mardi. Ils se sont repliés légèrement par la suite.
Le marché pétrolier est très tendu en raison de la faiblesse record des stocks d'essence aux Etats-Unis à l'orée du pic annuel de consommation avec les départs en vacances d'été. Les investisseurs s'inquiètent aussi de la grève et des troubles géopolitiques au Nigeria, premier producteur africain.
L'Iran a agité une nouvelle fois mardi la menace d'interrompre ses livraisons d'or noir en réponse aux déclarations des Etats-Unis qui n'excluent pas une intervention militaire si Téhéran se dote d'un programme nucléaire militaire.
L'an dernier, durant la période de conflit entre Israël et le Liban, les prix avaient flambé et avaient frôlé la barre des 80 dollars le baril. M. el-Badri a refusé de dire si le cartel pétrolier interviendrait si les prix approchaient à nouveau ce niveau. "Nous ne voulons ni un prix trop élevé ni un prix trop bas", s'est-il contenté de souligner, refusant également de se prononcer sur une fourchette de prix souhaitable pour l'Opep.
"Si nous voyons des changements dans les fondamentaux" et si les prix montent "pendant une durée raisonnable bien entendu l'Opep réagira", s'est-il contenté de préciser.
Source : AFP