La Suisse solaire se réveille. «Tout le monde se prépare à investir dans le photovoltaïque, grâce aux incitations financières prévues par la Confédération dès 2008. La Suisse n'est pas en avance. De telles incitations existent en Allemagne depuis six ans», souligne Michael Kaufmann, vice-directeur de l'Office fédéral de l'énergie.
De son côté, Stefan Nowak, chef du programme photovoltaïque de l'Agence internationale de l'énergie, est confiant. Malgré les conditions-cadres défavorables, les sociétés suisses ont réussi à trouver des débouchés dans un marché en forte croissance.
«Cela prouve qu'elles sont compétitives dans l'industrie mondiale du solaire qui croît de 40% à 50% par année. Les firmes suisses parviennent même à progresser plus vite que le marché, car elles sont parties de rien. Elles sont davantage actives dans la sous-traitance que dans la production d'installations photovoltaïques, mais cela ne constitue pas un désavantage», estime l'expert.
Les exportations, moteur de croissance
Dans un marché mondial qui pesait 15 milliards de francs en 2006, les compagnies suisses parviennent à réaliser un chiffre d'affaires de 350 millions, soit 2,3% de la totalité, selon Swissolar. Pius Hüsser, vice-président de cette association des professionnels de l'énergie solaire en Suisse, souligne la bonne performance des équipementiers, tels Meyer Burger et OC Oerlikon qui profitent de l'engouement mondial pour les énergies renouvelables. Mais ces derniers ne doivent pas leur salut grâce au marché local qui pèse à peine 22 millions de francs. «Ils doivent exporter la quasi-totalité de leur production, en raison d'un marché indigène presque inexistant. Les lobbies de l'électricité suisses ont tout fait pour empêcher la création d'une demande nationale dès les années 1990. Du coup, la Suisse a aussi totalement manqué l'intégration des panneaux solaires sur les bâtiments, un créneau aujourd'hui très porteur», souligne Pius Hüsser.
Le succès de l'industrie solaire n'en est qu'à ses débuts, en raison d'une baisse continuelle de ses coûts de production. Ils diminueront d'au moins 40% à 0,19 centime le kilowattheure d'ici à 2010, estime Photon Consulting, un spécialiste allemand de la branche.