Selon une enquête de la fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, si quatre travailleurs sur cinq se disent satisfaits de leurs conditions de travail, l'accès à la formation reste insuffisant et le fossé hommes-femmes persiste
Les conditions de travail en Europe, très variables d'un pays à l'autre, se sont peu améliorées en cinq ans, notamment pour les femmes, avec des cadences élevées et des risques pour la santé, selon une enquête européenne présentée mercredi à Paris.
Quatre travailleurs sur cinq, surtout ceux des quinze plus "anciens" pays de l'UE, se disent néanmoins satisfaits de leurs conditions de travail et de l'équilibre vie privée/vie professionnelle, selon cette enquête de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail menée fin 2005 auprès de 30.000 travailleurs de 31 pays (UE à 27, Croatie, Turquie, Suisse, Norvège).
Mais Walter Buschak, directeur adjoint de la fondation basée à Dublin, a exprimé sa "préoccupation" face au "faible accès à la formation" des travailleurs, aux "risques anciens pour la santé qui continuent alors que de nouveaux frappent à la porte" et au "fossé hommes-femmes qui persiste".
Dans une Europe marquée par la nette avance des pays nordiques comparés aux autres sur les conditions de travail, il y avait fin 2005 plus de femmes sur le marché du travail (44,5%) et plus de seniors. Davantage de personnes étaient à temps partiel et en emploi temporaire, 78% des salariés en moyenne étant en Contrat à durée indéterminée (CDI).
L'usage de l'ordinateur a progressé, mais 44% des travailleurs n'utilisaient jamais un ordinateur en 2005. La durée hebdomadaire du travail a reculé, sous l'effet de la montée du temps partiel et de la réduction du nombre des salariés faisant plus de 48 heures hebdomadaires, mais la flexibilité horaire a augmenté. Les Européens affichent leur préférence pour les horaires standards, sachant que les employeurs fixent les horaires dans 56% des cas.
Dans sa quatrième enquête depuis 1990, la fondation n'a constaté "aucune amélioration" dans l'accès déjà limité à la formation, les plus pénalisés étant les salariés âgés, peu qualifiés ou en contrats temporaires. La France, où seuls 25% des salariés ont bénéficié d'une formation, se classe même 19e, sous la moyenne européenne (plus de 27%).
De plus en plus de personnes travaillent à des cadences élevées et dans des délais stricts, un quart des travailleurs déclarant devoir travailler à un rythme très rapide tout le temps ou presque. "L'intensification du travail est due à la pression chaque jour plus forte des clients, avec lesquels les travailleurs ont de plus en plus de contacts", selon M. Buschak.
Si le sentiment d'exposition aux risques de santé et de sécurité baisse depuis 15 ans, plus d'un travailleur sur trois estime encore que son travail affecte sa santé, une proportion supérieure dans les pays entrés en 2004 dans l'UE. Avec 27% des travailleurs évoquant un impact sur la santé, la France fait mieux que la moyenne (35%).
Persistent également des inégalités entre hommes et femmes, ces dernières étant moins payés, travaillant à des postes moins élevés et plus à temps partiel. Si davantage de femmes accèdent à des postes de direction, elles sont surtout "chef d'autres femmes", a précisé M. Buschak.
L'écart salarial reste important, les femmes étant 50% dans le tiers inférieur de l'échelle et sous-représentées dans le tiers supérieur. Et les femmes, même à temps partiel, travaillent plus d'heures que les hommes chaque semaine si l'on tient compte du travail domestique.
En France, conditions de travail et égalité hommes-femmes feront l'objet de deux conférences partenaires sociaux-gouvernement à la rentrée.