Les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler d’engagement avant des discussions au cours des 18 prochains mois
D’un côté l’Europe. De l’autre, les Etats-unis et le Japon. Comme bon nombre d’observateurs le craignaient, la question des mesures à prendre contre l’effet de serre a divisé hier les riches de la Planète à l’ouverture de la leur réunion. Examineront-ils sérieusement celle de l’aide aux pauvres ? Heiligendamm, - Le sommet du G8 s’est ouvert hier soir sur fond de querelles sur le réchauffement climatique et de propos polémiques aux relents de guerre froide entre Américains et Russes sur le réarmement et la démocratie. La chancelière Angela Merkel va devoir rabaisser ses ambitions au G8 sur le réchauffement climatique, en haut de l’agenda du sommet de Heiligendamm (nord-est) : les Etats-unis refusent qu’un objectif global à long terme de réduction des Gaz à effet de serre (Ges) soit annoncé. Ce conclave annuel des pays les plus industrialisés s’est ouvert par une réception et un dîner dans un château baroque dans un cadre champêtre. Auparavant, devant Angela Merkel, le président américain George W. Bush s’est voulu encourageant en assurant "vouloir travailler avec (le G8) à un accord post-Kyoto" sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, a reconnu Mme Merkel, "il est clair que les objectifs définis par les Européens ne peuvent être tous partagés immédiatement par le reste du monde". "La vraie question est : aura-t-on avancé à la fin du sommet ? (...) ceci implique la reconnaissance de l’origine humaine du changement climatique et qu’il nous faut un processus dans lequel l’Onu soit impliqué", a-t-elle martelé. Jim Connaughton, un responsable de l’administration américaine pour l’environnement, a précisé que les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler d’engagement avant des discussions au cours des 18 prochains mois avec les principaux pays émetteurs, notamment la Chine et l’Inde. Selon Jim Connaughton, le communiqué final n’énoncera pas d’objectif global à long terme : "nous ne sommes pas préparés à adopter une telle proposition". Le Premier ministre nippon Shinzo Abe a déclaré que le Japon et les Etats-unis partageaient la recherche d’un "cadre réaliste" mais "souple". Cette position illustre le rôle de médiateur qu’entend jouer M. Abe entre Européens et Américains. Mme Merkel a reçu en revanche des soutiens clairs des autres membres du G8 pour son approche sur le climat, qui prévoit dans le cadre de l’Onu une entente dès 2009 sur un nouvel accord post-Kyoto (après 2012) fixant des objectifs quantifiés. Le président français Nicolas Sarkozy a ainsi réitéré son souhait d’obtenir au sommet du G8 "un objectif chiffré" dans le texte final. George W. Bush a par ailleurs rejeté hier l’idée que l’escalade verbale entre Russie et Occidentaux puisse être suivie d’une escalade militaire, en dépit des menaces du Kremlin. "La Russie ne va pas attaquer l’Europe", a assuré M. Bush. Mme Merkel a abondé : "la guerre froide est finie". Plusieurs des alliés européens de M. Bush ont prôné la fermeté avec M. Poutine. Le Premier ministre britannique Tony Blair a promis une "franche discussion" avec lui. Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé son intention d’avoir une dialogue franc avec lui. Sur l’autre grand dossier du G8, l’aide au continent africain, le pape Benoît XVI a appelé solennellement hier les huit à respecter leurs promesses "d’augmenter substantiellement l’aide au développement" adoptées au G8 de Gleneagles en 2005. Certains pays seraient réticents à accorder de nouvelles aides, selon des sources des délégations. |