“Le codéveloppement peut être résumé dans les circonstances actuelles comme la touche d’humanité sur laquelle comptent les artisans de l’immigration choisie, à la fois pour freiner les départs, pour favoriser le retour de ceux qui se laissent convaincre, leur participation au développement de leurs pays d’origine.” C’est ce qu’estime Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre de la culture du Mali et animatrice du FORAM (Forum pour un autre Mali).
“N’est-ce pas effarant de constater ainsi qu’un simple colmatage de brèches, assorti d’un accompagnement institutionnel plus ou moins probant, devienne, en l’absence d’un bilan rigoureux des résultats acquis, une porte de sortie à un drame humain d’une si grande ampleur?” Aminata Dramane Traoré dénonce les projets de co-développement “du type de ceux qui sont mis en œuvre au Mali” car elle n’y voit “rien de pertinent et de convaincant, de nature à retenir les jeunes candidats au départ”. Pour elle, cela ressemble surtout à “une tentative de détournement du projet migratoire de son objectif initial qui, pour la grande majorité des migrants, est l’aide à leurs familles”.
“Le codéveloppement serait un progrès parce qu’il innoverait en rentabilisant davantage l’argent des migrants par le truchement de l’investissement productif. Rien n’est moins certain tant que l’on n’aura pas desserré l’étau de la dette extérieure, des conditionnalités des bailleurs de fonds et dénoncé le caractère déloyal du commerce mondial. À qui les jeunes candidats à l’immigration ou des migrants de retour vendront-ils quand les marchés sont inondés de biens subventionnés venus d’Europe et d’ailleurs, auxquels il faut ajouter les produits chinois bon marché.”
Source: “Migrations africaines et violences, Où est le danger ? Où est la vérité?“