L'ancien vice-président américain Al Gore, dans une interview à Reuters, accuse les Etats-Unis et cinq autres grands pays pollueurs d'avoir mis au point un simulacre de pacte contre le réchauffement climatique sans tenir compte du reste du monde. Al Gore se méfie des véritables intentions des Etats-Unis et de l'Australie, qui ont refusé d'adhérer au protocole de Kyoto et ont présidé à la création du groupe de six pays, baptisé Partenariat Asie-Pacifique pour le développement durable et le climat. Etats-Unis, Australie, Chine, Inde, Corée du Sud et Japon devraient au contraire s'associer aux autres Etats dans le cadre d'un nouvel accord de lutte contre le réchauffement, a-t-il dit. "Je pense que l'initiative Asie-Pacifique relève surtout d'une stratégie de village Potemkine", a-t-il déclaré, faisant référence aux villages factices que le général russe Grigori Potemkine faisait construire en Crimée pour impressionner l'impératrice Catherine II. "Elle a été mise en place par les deux seuls pays industrialisés à avoir refusé d'adhérer au protocole de Kyoto", a rappelé Gore, dont le documentaire "Une vérité qui dérange" a remporté deux Oscars cette année. Le protocole de Kyoto impose à quelque 35 pays de réduire d'ici 2008-2012 leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport à leur niveau de 1990. En décembre, des négociations sous la houlette de l'Onu doivent lui trouver un successeur au-delà de 2012. Gore a ajouté que les concerts "Live Earth" qui seront organisés samedi à travers le monde doivent faire prendre conscience au public qu'il doit imposer aux gouvernements de nouveaux objectifs de réduction des émissions. Le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine de 2000 préconise une baisse de 90% des émissions dans les pays riches et de plus de 50% dans le monde entier, le tout à l'horizon 2050. "URGENCE PLANETAIRE" "C'est une urgence planétaire", souligne Gore. "Les solutions seront bénéfiques à nos économies ainsi qu'à nous, mais nous ne devons plus attendre, il faut aller de l'avant." Les concerts "Live Earth" se dérouleront à Johannesburg, Londres, Rio de Janeiro, Shanghai, Sydney et Tokyo, ainsi que dans le New Jersey. Ils seront diffusés dans plus de 100 pays. Gore espère que ces événements encourageront les citoyens à "mettre les politiciens de tout bord sous pression pour commencer à résoudre la crise". "Ceci est censé marquer le début de trois à cinq années de campagne, conduite à un très haut niveau dans le monde entier", a-t-il souhaité. Al Gore a estimé que les Etats-Unis étaient les mieux placés pour mener cette campagne, disposant de la plus forte économie et ayant le plus contribué au problème, "même si la Chine "La solution pour impliquer la Chine L'agence d'évaluation environnementale des Pays-Bas a annoncé le mois dernier que la Chine Selon les scientifiques, les changements climatiques pourraient provoquer plus d'inondations destructrices, de sécheresses et de vagues de canicule. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) a estimé que les émissions mondiales de CO2 devaient diminuer de 50 à 85% avant 2050 pour limiter la hausse de la température mondiale moyenne à deux degrés Celsius |