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Un rapport du service scientifique de l’ambassade de France en Italie décrivant la situation du nucléaire en Italie vient de paraître. Ce document permet de se pencher sur l’histoire d’un pays qui, suite à la catastrophe de Tchernobyl, a changé radicalement sa politique énergétique pour sortir du nucléaire. L’Italie est en effet le premier pays industriel à avoir fermé ses installations nucléaires, en dépit des protestations exprimées par la communauté scientifique et industrielle italienne. Les auteurs du rapport rappellent tout d’abord le contexte de l’arrêt du nucléaire italien. Au début des années soixante, le nucléaire se développe rapidement en Italie. Le pays occupe même la troisième place mondiale derrière les Etats-Unis et la Grande Bretagne Le 26 avril 1986 survient l’accident de la centrale de Tchernobyl. En Italie, l’impact de cette catastrophe sur l’opinion publique est énorme et un débat général sur l’utilisation de l’énergie nucléaire civile éclate sur la scène politique internationale. En novembre 1987, le gouvernement en place propose un référendum qui met fin à toute activité dans le secteur du nucléaire en Italie. Pour les défenseurs du nucléaire, ce référendum n’a aucune valeur – c’est une manœuvre des lobbies pétroliers et gaziers qui profitent de l’impact de la catastrophe de Tchernobyl sur l’opinion publique italienne – mais malgré ces protestations, l’Etat ordonne le démantèlement des 4 centrales nucléaires. La centrale de Montalto di Castro est ainsi reconvertie et adaptée aux traitements d’autres combustibles et l’Italie abandonne d’importantes collaborations internationales dans le domaine du nucléaire. Au début des années 1990, les avis politiques sont partagés sur la question du nucléaire mais aucun parti n’ose se prononcer en sa faveur. En juillet 2006, Pier Luigi Bersani, le ministre du développement économique, réaffirme la ferme intention du gouvernement de ne pas relancer le nucléaire en Italie. D’après lui, cette filière ne présente pas un rapport coût/bénéfice satisfaisant. Toutefois, l’Italie n’abandonne pas ses programmes de recherche dans le domaine nucléaire (le référendum de 1987 n’a pas interdit les activités de recherche sur le nucléaire). Le gouvernement compte même favoriser la participation de l’Italie aux projets de recherche nationaux ou internationaux, pour remettre à niveau ses capacités technologiques et ses compétences. Aujourd’hui, l’Italie dépend à 80% des énergies fossiles, ce qui la place dans une situation très instable. Aucun parti politique ne s’est encore prononcé en faveur de la reprise de l’énergie nucléaire, mais l’opinion publique y redevient favorable, car le prix du kWh d’électricité italien augmente chaque année. En effet, l’Italie importe de l’énergie électrique d’origine nucléaire à hauteur de 15 à 18% de la demande totale du pays. Par conséquent, le coût moyen du kWh italien s’élève à 1,6 fois celui de l’Europe (2 fois celui de la France la Suède Aujourd’hui, les auteurs du rapport s’interrogent : combien de temps l’Italie pourra-t-elle tenir cette position ?
Source : http://www.bulletins-electroniques.com/rapports/smm07_013.htm |