Point n'est besoin d'insecticide et encore moins d'OGM pour combattre la pyrale, ce ravageur du maïs. Une mini-guêpe peut s'en charger.
Pourquoi recourir à la chimie ou aux manipulations génétiques, alors que la nature offre à l'agriculteur les moyens de lutter contre les maladies des plantes ? Ainsi, le trichogramme est le prédateur naturel de la pyrale, un papillon, qui pond ses oeufs dans le maïs, et dont la chenille provoque des ravages. Trichogramme contre pyrale ! Ce n'est pas le titre du dernier film de science-fiction. C'est une histoire de vie dans les champs de maïs !
Cet insecte fait partie des hyménoptères. C'est une sorte de minuscule guêpe d'un demi-millimètre, capable de tuer le papillon dans l'oeuf. Elle pond en effet dans l'oeuf de la pyrale, libère le maïs de la menace et soulage l'agriculteur. De nouveaux trichogrammes naissent, qui, à leur tour, agissent contre la chenille de la pyrale. Et tout cela sans risque de pollution ou de contamination. Car le trichogramme ne résiste pas aux premiers frimas d'automne. Depuis que l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et la société Biotop ont mis au point cette méthode de lutte, cette petite guêpe est intervenue sur près de 100 000 ha
250 000 trichogrammes par hectare
Jean-Michel Labbé, producteur de céréales à Plélan-le-Petit (Côtes-d'Armor), use de cette lutte biologique. « D'abord, explique-t-il, j'ai disposé un piège à insectes dans la parcelle, qui me permet de détecter la présence de pyrales. » Une sorte de réceptacle surmonté d'une lampe qui, la nuit, attire les insectes. « En voici deux », dit-il, en montrant, pris au piège, deux petits papillons de couleur brune aux gros yeux noirs.
Dès que la menace se précise, il accroche des plaquettes de carton, aux dimensions d'une grande carte de visite, contenant trois à quatre générations de trichogrammes, l'une prête à éclore, les deux autres suivant dans les dix jours. « Je pose, à la main, 25 diffuseurs à l'hectare, à raison de 4 à 5 hectares
Cette lutte biologique est écologique. Elle protège les cours d'eau, les habitations voisines, ainsi que tous les autres auxiliaires des cultures, comme les parasites et prédateurs des pucerons. Elle est d'autant plus efficace que Jean-Michel Labbé pratique le semis direct depuis dix ans. En ne labourant pas sa terre, il préserve la vie du sol. Or, les plantes se portent mieux sur un sol vivant.
Ainsi la lutte biologique associée à l'agriculture de conservation des sols rend obsolètes l'usage intensif des insecticides et le recours au maïs OGM pour lutter contre la pyrale.
Jean LE DOUAR.