Le second semestre sera jalonné de nombreuses rencontres internationales consacrées au réchauffement atmosphérique.
À Vienne, l'ONU réunit 1000 experts cette semaine.
Un sommet est prévu par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le 24 septembre à New York, suivi d'une conférence très controversée organisée par le président Bush les 27 et 28 septembre.
Ces derniers jours, Paris et Berlin ont discrètement fait pression sur Washington pour que cette conférence ne se limite pas à une concertation entre fonctionnaires, mais accueille les ministres des pays concernés, seuls aptes à insuffler la volonté politique qui sera nécessaire à la " grand-messe " climatique de l'ONU prévue en décembre à Bali.
Nouvelles tensions entre l'Europe et Washington sur le climat
Lancée lors du G8 en juin à Heiligendamm (Allemagne) par le président américain avec la volonté affichée d'opérer des " réductions substantielles " des émissions de gaz à effet de serre (GES) à long terme, cette invitation soulève une discrète polémique. " L'Union européenne est invitée en tant que telle, mais rien ne semble encore acquis concernant les États membres ", confie un expert français, qui ajoute que " la France espère bien disposer d'une place autour de la table ". Dans son édition d'hier, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel indique qu'initialement Washington n'a pas souhaité inviter de ministres à sa conférence, mais simplement des fonctionnaires pour se concerter sur les mesures de lutte contre le réchauffement climatique. Devant les réserves exprimées par Berlin et Paris, qui craignent que la conférence de Bush soit vidée de toute substance ou pire qu'elle soit une manoeuvre pour affiblir le Protocole de Kyoto, " il semble que Washington revienne sur sa décision, mais des incertitudes subsistent ", indique cet expert.
La divergence de vue entre les États-Unis et l'Europe est née du rejet du protocole de Kyoto par Bush dès son accession au pouvoir. S'opposant aux objectifs chiffrés et contraignants de réduction des GES prévus par ce protocole (- 5 % en moyenne dans le monde par rapport à 1990, d'ici à 2012), et qu'ont acceptés 36 pays, dont ceux de l'Europe, Washington privilégie l'option des technologies propres. Ce choix lui paraît moins coûteux dans le contexte d'une concurrence économique accrue de la part des pays émergents gros consommateurs d'énergie mais exonérés des contraintes du protocole.
UNE " FEUILLE DE ROUTE "
Pour tenter de rapprocher les positions, l'ONU relance à Vienne les négociations. Jusqu'à vendredi, industriels, organisations environnementales, chercheurs et représentants des gouvernements vont se consacrer à la préparation des objectifs de réduction des émissions après 2012, à l'issue de la première phase du protocole de Kyoto. " La réunion de Vienne est un prélude à la conférence des Nations unies sur le climat qui doit se tenir à Bali du 3 au 14 décembre. Elle va donner le ton des négociations à venir ", explique Karine Gavand, de Greenpeace France. C'est à Bali en effet que les partisans du protocole de Kyoto comptent faire entériner une " feuille de route " censée ouvrir la voie à la conclusion d'un accord en 2009. Un échec priverait les États du temps nécessaires à la ratification et plongerait les industriels dans une grande incertitude s'agissant des contraintes technologiques qui s'imposeront à eux dès 2013.
Pour alimenter les discussions, l'ONU a soumis hier un rapport sur les efforts financiers à consentir d'ici à 2030 pour combattre le réchauffement. Le montant supplémentaire de flux d'investissement et financiers requis en 2030 représenterait " entre 0,3 % et 0,5 % " du PIB estimé cette année-là, et " entre 1,1 % et 1,7 % " des investissements mondiaux la même année, prévoit le rapport. Un montant jugé relativement " faible " par le rapport. Ce dernier précise que pour seulement ramener les émissions de GES mondiales à leur niveau actuel, " les flux d'investissement et financiers supplémentaires nécessaires dans le monde en 2030 sont évalués entre 200 milliards de dollars et 210 milliards de dollars ". La communauté internationale doit donc s'y préparer suffisamment tôt.
LAURENT CHEMINEAU