Par Tristan Mocilnikar Président d'Energie Intelligence .Quelle gouvernance à la question climatique
Ne nous le cachons pas, nous ne sommes qu’au début d’une grande aventure scientifique mais la question du climat est sérieuse et urgente. De nombreuses populations en souffrent dès à présent, de manière tout à fait non théorique et certaine.
Que savons-nous sur le climat ?
Un peu comme l’euro ou le traité constitutionnel européen, la question climatique devient un sujet de tabous et de dogmes. On peut même avoir l’impression que deux sectes s’organisent. D’un côté, les Démagogues du climat et les sceptiques, de l’autre, avec en pointe au niveau mondial, dans ce second camp, Bjorn Lomborg et en pointe, en France, Claude Allègre. Fort heureusement, la plupart des acteurs sont modérés essayant de trouver la juste part des choses. Même les grands détracteurs, qui permettre à la presse de faire leurs « choux gras », sont bien plus mesurés et intéressants que l’image qu’on leur construit leur donne in fine.
Le changement climatique est bien à l’œuvre : Les études citées par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) identifient une série large de problématique. Des exemples : un élargissement et une augmentation du nombre de lacs glaciaires ; une augmentation de l’instabilité des sols dans les régions de pergélisol et des avalanches de roches dans les régions de montagneuses ; des changements dans certains écosystèmes arctiques et antarctiques, comprenant les biomes de la banquise et les prédateurs de la partie supérieure de la chaîne alimentaire ; débit accru et crue de printemps plus précoce de beaucoup des rivières alimentées par la fonte des glaciers et des neiges ; réchauffement des lacs et des rivières dans beaucoup de régions, avec des effets sur leur structure thermique et la qualité de l’eau ; des événements printaniers précoces, tels que le débourrement, la migration des oiseaux et la ponte ; des déplacements de l’aire de répartition d’espèces animales et végétales vers les pôles et vers des altitudes supérieures ; tendance à un verdissement précoce de la végétation au printemps ; des variations dans les aires de distributions ainsi que des changements dans l’abondance d’algues, de plancton et de poissons dans les océans des hautes latitudes ; des augmentations d’abondance d’algues et de zooplancton dans les hautes latitudes ainsi que dans les lacs de haute altitude ; des migrations précoces de poissons et des changements de leur aire de répartition dans les rivières ; …
La concentration de dioxyde de carbone est très élevée : La concentration atmosphérique mondiale du dioxyde de carbone a crû d’une valeur préindustrielle d’environ 280 ppm à 379 ppm en 2005. La concentration du dioxyde de carbone en 2005 dépasse de loin les variations naturelles durant les 650 000 dernières années (180 à 300 ppm), déduites des carottes de glace. Le rythme d’accroissement annuel de la concentration du CO2 a été plus grand pendant les dix dernières années (moyenne pour 1995-2005 : 1,9 ppm par an) qu’il ne l’a été depuis le début des mesures directes continues dans l’atmosphère (moyenne pour 1960-2005 : 1,4 ppm par an, bien qu’il y ait une variabilité d’une année sur l’autre du taux de croissance).
Deux points dans le sens des pros.
La relation Terre Soleil est très importante en ce qui concerne le changement climatique : Le changement climatique peut être du à des processus intrinsèques à la Terre, à des forces extérieures notamment liées à l’ensoleillement - variation de l’excentricité de l’orbite terrestre, de l’obliquité de l’axe de rotation de la Terre et du périhélie, précession de l’axe de rotation de la Terre et fluctuation des radiations envoyées par le soleil, comme le montrait en 1941 Milutin Milanković - ou, plus récemment, aux activités humaines.
Le rôle de la vapeur d’eau : Le climatologue Luc Debontridder de l’Institut royal météorologique (IRM) de Belgique estime dans bien que le fait que le CO2 joue un rôle dans le réchauffement de la Terre n’est pas mis en doute, la vapeur d’eau est responsable à près de 75% de l’effet de serre. Il ajoute que la série d’hivers chauds qu’on a connus ces dernières années est "une conséquence de la "fluctuation nord-atlantique".
Deux points dans le sens des sceptiques.
Les courbes de CO2 de température et de radiation solaire sont très corrélées
Match neutre : En fait, là demeure une des difficultés. Comme tout est imbriqué, il est important de développer une connaissance qui fasse plus précisément et de manière plus validée encore la part des choses et précise le jeu de causalité entre les cycles solaires, de l’eau et du CO2. Ainsi pourra être fait la part des choses entre les thèses sur le CO2 et celles alternatives mettant un accent important sur l’hypothèse solaire ou sur le cycle de l’eau. Elles devraient même converger.
Le GIEC est-il la quintessence de la science ou une grande arnaque : En 1988, est créé le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), à la demande du G7, par deux organismes de l’ONU : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). C’est un organisme mobilisant à la fois des représentants gouvernementaux et environ 2500 scientifiques. Il a pour but d’« expertiser l’information » dans les domaines physiques et écologiques du changement climatique, en ce qui concernent les impacts, la vulnérabilité et l’adaptation au changement climatique ainsi que les moyens de l’atténuer. Il reste important de souligner que c’est un organe intergouvernemental et que seul les gouvernements approuvent les versions finalisées des rapports élaborés dans un premier temps uniquement par des experts. Jusqu’à aujourd’hui, la totalité des publications l’aura été à l’unanimité des représentants gouvernementaux. Le GIEC a produit 4 rapports en 1990, 1995, 2001 et 2007 présentant à chaque fois des améliorations dans les estimations et un renforcement du niveau de compréhension scientifique des causes humaines et naturelles. Le rapport de 1990 déclarait que « la détection grâces aux différentes observations d’une augmentation sans ambiguïté de l’effet de serre est peu probable dans la prochaine décennie ou plus ». Celui de 1995 précisait que « l’étude des preuves suggère une influence détectable de l’activité humaine sur le climat planétaire ». Celui de 2001 a déclaré que : « Il y a des preuves solides que la tendance au réchauffement climatique observée ces cinquante dernières années est attribuable à l’activité humaine. » En 2007 : « L’essentiel de l’accroissement observé sur la température moyenne globale depuis le milieu du 20e siècle est très probablement dû à l’augmentation observée des concentrations des gaz à effet de serre anthropiques ». Il est certain que dépolitiser le GIEC en en faisant une instance pilotée par exemple par les Académies des Sciences et quelques grands organismes comme le CERN, la National Science Fondation, … en augmenterait le poids.
En conclusion, nous n’en sommes en fait qu’au début d’une grande aventure scientifique mais la question du climat est sérieuse et urgente. De nombreuses populations en souffrent dès à présent, de manière tout à fait non théorique et certaine.