L’Asie comptera 200 millions de travailleurs supplémentaires avant 2015, prédit un rapport du Bureau international du travail (BIT) présenté à Pékin devant le Forum pour l’emploi en Asie. Ce pourrait être un avantage si la région avait besoin de main-d’œuvre pour consolider son boum économique ; mais, avec déjà près de 1,8 milliard de travailleurs, l’Asie risque de ne pas pouvoir créer les emplois nécessaires pour résorber la pauvreté et l’économie informelle massivement répandues dans la zone, s’inquiète l’organisation internationale.
«Menaces». «Une chose est sûre : maintenir inchangés nos modes de production n’est pas viable à long terme», estime le directeur général du BIT, Juan Somavia, qui réunit jusqu’à mercredi, dans la capitale chinoise, des représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs d’une vingtaine de pays d’Asie et du Pacifique. «L’Asie enregistre des progrès sans précédent en termes de croissance et de développement. En même temps, la pression environnementale, l’insécurité économique, les problèmes de gouvernance et l’inégale répartition des richesses constituent des menaces pour le développement futur de la région.»
Selon le rapport du BIT, le secteur des services sera la principale source d’emplois et deviendra, d’ici à 2015, l’activité économique numéro un, représentant près de 41 % de l’emploi total en Asie. La part de l’emploi industriel augmentera légèrement, passant de 23,1 à 29,4 % entre 2006 et 2015. En revanche, c’est l’emploi dans le secteur agricole qui va plus le plus trinquer puisqu’il devrait chuter à 29,4 % en 2015, contre 42,6 % en 2006.
Exode. Résultat, l’exode rural va s’intensifier et la population urbaine augmenter de 350 millions de personnes, accroissant les risques de précarisation, de pauvreté et d’insalubrité. Dans ce contexte, chaque année, des millions de travailleurs d’Asie devraient partir travailler à l’étranger, note le BIT.
Même si le nombre des travailleurs pauvres vivant avec moins de deux dollars par jour a été réduit de près de 123 millions depuis 1996 en Asie, plus d’un milliard d’individus, soit 61,9 % de la main-d’œuvre de la région, continuent à travailler dans le secteur informel (au noir), sans protection sociale. Peu probable que ce secteur diminue vraiment, regrette le rapport qui préconise des politiques permettant d’aider au moins 1,1 milliard de personnes à accéder à des emplois décents.
Le BIT s’inquiète par ailleurs de la baisse des ressources naturelles, du changement climatique, et du vieillissement de la population qui menacent à terme la croissance de l’Asie. Une personne sur dix, voire sur quatre, devrait être âgée de plus de 65 ans en 2015.