Diverses analyses sur l'impact potentiel du changement climatique sur le réchauffement de la planète ont été présentés par des experts devant la commission du PE sur le changement climatique, qui tenait ce lundi la première d'une série de six réunions consacrées à différents thèmes. Ils ont présenté les menaces des conséquences catastrophiques que pourraient avoir l'inaction - même si un chercheur américain a émis un avis différent.
"Le réchauffement climatique est une réalité", a estimé Vittorio Prodi (ADLE, IT), responsable de cette session thématique. "La situation est à la fois grave et imminente": nous nous devions d'être prêts à l'étudier et à analyser les données techniques disponibles sur le changement climatique, a-t-il souligné. "Lorsque nous soumettrons un document final", a ajouté M. Prodi en référence à la mission de la commission temporaire, "nous devrons être capables de proposer un certain nombre de mesures qui guiderons le travail sur le changement climatique du PE au sein de l'ensemble de ses commissions parlementaires". Le rapporteur de la commission temporaire, Karl Heinz Florenz (EPP-ED, DE), a affirmé pour sa part qu'il fallait arriver à "motiver les gens" pour pouvoir lancer la "révolution nécessaire en matière de recherche et de développement de façon à pouvoir aborder le changement climatique".
La canicule de 2003: un "été normal" à l'avenir?
Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique et principal conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel sur cette question, a pressé les députés de ne pas oublier l'épisode de canicule qui a tué 35,000 personnes durant l'été 2003. D'après les projections, de tels étés pourraient devenir la norme d'ici 2040 et, selon les standards de 2060, ils seraient même considérés comme froids. M. Schellnhuber a énuméré nombre de désastres écologiques qui menacent d'accompagner un réchauffement "non-maîtrisé", parmi lesquels: la décimation de la forêt amazonienne; l'interruption des moussons sur le sous-continent indien; des ouragans de plus en plus puissants, la hausse significative du niveau des mers et la chute des précipitations au sud de l'Europe.
Pour atteindre l'objectif de l'UE visant à limiter la hausse des températures à moins de 2°C de plus que les niveaux pré-industriels, il ne suffit pas de stabiliser les émissions de carbone: il faut les diminuer, a conclu M. Schellnhuber.
Les niveaux de CO2 dans l'atmosphère sont actuellement de 375 ppm (parties par million), a indiqué Malte Meinsheusen, qui représentait aussi l'Institut de Potsdam. Sans "atténuation" du réchauffement climatique, a-t-il estimé, nous atteindrons des niveaux situés entre 600 et 1550 ppm d'ici la fin du siècle. Même si les niveaux de CO2 devaient se stabiliser à 550 ppm, la probabilité de rester dans l'objectif de +2°C serait de seulement 20%. Il faut que les émissions mondiales parviennent à un pic en 2015 avant de commencer à diminuer: sinon, nos objectifs de changement climatique pour 2050 nous filerons entre les doigts, a ajouté M. Meinsheusen. Pour Caroline Lucas (Verts/ALE, UK) une stabilisation à 500 ppm n'apportera aucune sécurité pour le changement climatique.
Les projections de l'IPCC critiquées et défendues
Richard Lindzen, de l'Institut de technologies du Massachusetts (MIT) a présenté une vision sensiblement différente des choses. "Jamais un domaine de la science physique n'avait été soumis au même degré d'illogisme que la science consacrée au réchauffement climatique", a-t-il indiqué d'emblée. Critiquant la méthodologie appliquée à certaines des recherches sur le changement climatique, y compris celles du Groupe inter-gouvernemental sur le changement climatique (IPCC), il a estimé que "seulement environ 30% du réchauffement de la surface depuis 1979 peut être attribué à un réchauffement climatique de quelque sorte". "Les longues chaines de déductions impliquées dans la projection de conséquences catastrophiques sont [...] grossièrement improbables".
Brian Hoskins, de l'Université de Reading, a exprimé pour sa part sa confiance dans les modèles testés à répétition par IPCC. "Ils ne sont certainement pas parfaits", a-t-il reconnu, "mais si ces modèles sont inexacts, ils le sont aussi du côté conservateur". Se disant persuadé que les "gaz à effet de serre [...] perturbent le système climatique terrestre de manière significative", il a estimé que "nous ne connaissons peut-être pas précisément les conséquences de nos actes, mais nous faisons quelque chose dont nous devons être conscients". Le "grand défi scientifique", consiste donc à donner aux décideurs politiques des "projections solides pour le changement climatique régional au cours des prochaines décennies", de façon à permettre une adaptation adéquate.
Cette réunion était la première d'une série de six sessions thématiques. La prochaine, consacrée au "cadre international pour le changement climatique après 2012", est programmée pour le 4 octobre.