La principale raison des augmentations des prix alimentaires sur les 5 continents est dû à la confiscation par la filière éthanol, de millions de tonnes de maïs. Sous prétexte de remplacer le pétrole par des carburants d’origine agricole, des millions d’hectares ne sont plus utilisés pour produire de la nourriture, mais pour alimenter des usines d’éthanol.
Par Christian Berdot
Lettre au journal Sud-Ouest
Dans son édition du vendredi 7 septembre, Sud-Ouest interviewait Mr Graciet, président de la Chambre
Par contre, aucune question n’était posée sur le pourquoi de cette augmentation. Les Amis de la Terre
La principale raison des augmentations des prix alimentaires sur les 5 continents est dû à la confiscation par la filière éthanol, de millions de tonnes de maïs. Sous prétexte de remplacer le pétrole par des carburants d’origine agricole, des millions d’hectares ne sont plus utilisés pour produire de la nourriture, mais pour alimenter des usines d’éthanol.
En tant que premier réseau écologiste dans le monde, les Amis de la Terre la Chine
en un an, le prix du blé en Angleterre, est passé de 150 euros la tonne à 300 euros provoquant une hausse du prix du pain (et en France ?) ;
pour le seul mois de juillet, les prix du bœuf, du lait et des œufs ont augmenté de 7,5 % aux Etats-Unis ;
l’Afrique du Sud a vu ses prix alimentaires augmenter de 17% ;
en Inde, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 11% en un an ;
au Mexique, le prix du maïs qui est l’aliment de base des plus pauvres, a quadruplé en février entraînant des émeutes de la faim ;
pire encore, le Programme Alimentaire Mondial de l’ONU qui fournit une aide alimentaire à 80 millions d’humains, ne sait plus comment faire face à de telles augmentations des céréales. Des millions d’humains vont mourir de faim.
Et ce n’est pas fini, l’OCDE, le club des 30 pays les plus riches de la planète prévoit pour les 10 années à venir, une augmentation des prix alimentaires allant de 20 à 50% … Gare aux pauvres !
Mais est-ce que l’éthanol de maïs sert à autre chose qu’à faire grimper les prix ?
Les ministres d’une douzaine de pays de l’OCDE, dont les Etats-Unis, se réunissent aujourd’hui mardi, à Paris, pour discuter, lors de la Table Ronde
D’autre part, la seule étude relativement favorable à l’éthanol de maïs – celle de l’ADEME – doit être bientôt revue complètement, tellement elle manque de rigueur scientifique dans ses calculs. Par contre, plusieurs études internationales, indépendantes démontrent très clairement que la quantité d’énergie fournie par un litre d’éthanol est inférieure à la quantité d’énergie nécessaire pour …fabriquer ce litre d’éthanol ! En terme d’indépendance énergétique ou de lutte contre les changements climatiques, l’éthanol de maïs ne sert à rien, voire aggrave ces problèmes.
Quel est alors l’intérêt véritable des agrocarburants et plus spécialement de l’éthanol de maïs ? En créant une nouvelle filière pour le maïs, on a artificiellement gonflé la demande et provoqué volontairement une augmentation des cours. Derrière cette manipulation spéculative, on retrouve tous les acteurs du second Forum Mondial des Agrocarburants qui a eu lieu à Bruxelles ce printemps : d’abord les acteurs de l’agriculture industrielle, tous les géants de la chimie des semences et des OGM (ce sont les mêmes), et leurs alliés du pétrole, de l’automobile, Abengoa et de grandes banques, notamment françaises. Toutes ces industries investissent dans la filière éthanol et ont intérêt à la voir se développer.
Pendant que ces groupes industriels poussent ces filières, les citoyens payent en tant que contribuables ( défiscalisation de 550 euros/ha pour l’éthanol sous forme d’E5 ou d’ETBE, et de 1600 euros/ha pour le E85 !) et subissent en tant que consommateur une augmentation des prix alimentaires. Pour le directeur de Nestlé le plus grand groupe agro-alimentaire mondial, aussi loin qu’on puisse prévoir, les prix resteront élevés. On n’a pas fini de payer !
Alors que ces céréales sont confisquées par la spéculation, le Panel International sur les Changements Climatiques prévoit qu’une des conséquences des changements climatiques pourrait être une diminution de la production agricole dépendante des pluies, allant jusqu’à 50%, d’ici 2020 ! La Banque Mondiale 900 litres
Pendant que les céréaliers se réjouissent, dans de nombreux pays, les filières de l’élevage déjà en difficulté, supportent mal ces augmentations. Mais les éleveurs français seront heureux d’apprendre que le Brésil met ses abattoirs aux normes européennes… La délocalisation qui a d’ailleurs déjà commencé peut continuer et nous aurons bientôt des poulets brésiliens sur nos tables, pour la plus grande joie des producteurs landais...
Depuis 30 ans, l’agriculture sert à engraisser les actionnaires des grands groupes industriels et financiers (chimies, semences et maintenant OGM). Il serait temps qu’elle revienne à sa vraie vocation : nourrir la planète.
La quantité de céréales utilisées pour faire le plein d’un 4X4 suffit à couvrir la ration ANNUELLE d’un humain. Les Amis de la Terre
Pour continuer, un peu de lecture :
La situation mondiale vu par la Fédération Internationale la Terre
un exemple français, l’usine d’éthanol à Lacq (64) : "OGM, biocarburants et Euralis", voir http://www.amisdelaterre.org/OGM-biocarburants-et-euralis.html