Avant Kyoto, il y a eu Montréal. Le protocole de Montréal, ce traité visant à éliminer les substances appauvrissant la couche d'ozone (SAO), a été adopté le 16 septembre 1987.
Des représentants des 191 pays signataires convergeront vers la métropole québécoise, cette semaine, pour célébrer ce qui est considéré comme un véritable succès. On estime que 95 % de ces produits dangereux, provenant notamment des systèmes de réfrigération, ont été éliminés en 20 ans dans les pays industrialisés. Cela a contribué, du même coup, à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Enrichi de quatre amendements depuis son adoption, le protocole obligeait les pays signataires à éliminer les substances visées d'ici le 1er janvier 2010, à deux exceptions près:
Le chloroforme de méthyle devait être éliminé d'ici 2015
Les chlorofluorocarbones (CFC) devaient disparaître d'ici 2040
Un Fonds multilatéral avait pour but d'aider les pays en développement à respecter leurs engagements en vertu du protocole. Il visait à l'origine à combattre le trafic illégal des substances interdites.
La deuxième génération de gaz réfrigérants, les hydrochlorofluorocarbones (HCFC), est maintenant utilisée dans 80 % des réfrigérateurs et climatiseurs du monde. Ces produits sont 10 fois moins nocifs pour la couche d'ozone. Ils ont cependant un potentiel d'effet de serre 11 000 fois plus grand que le gaz carbonique (CO2).
Une troisième génération de gaz moins polluants, les hydrofluorocarbones (HFC), doit commencer à être utilisée à partir de 2030.
Dans une entrevue publiée dans le quotidien montréalais Le Devoir, samedi, le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner, propose de devancer les échéances du protocole de Montréal. Il propose notamment de geler la production des HCFC et de les éliminer complètement d'ici 2030, 10 ans avant la date prévue. M. Steiner affirme que cela permettrait une réduction de 3,5 % des GES.
Le ministre de l'Environnement, John Baird, affirme vouloir procéder encore plus vite, en éliminant les HCFC dès 2020. L'opposition libérale doute cependant de ses intentions, rappelant les gestes timides faits par le gouvernement pour atteindre les objectifs d'un autre protocole, celui de Kyoto.
Depuis le pas important franchi à Montréal dans la lutte contre les changements climatiques, le protocole de Kyoto de 1997 oblige les pays signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 6 % par rapport à leur niveau de 1990, d'ici 2012. Les négociations en vue de la deuxième phase de ce protocole, dont l'échéance sera 2020, débutent cet automne à Bali, en Indonésie.