Un article publié jeudi 13 septembre dans la revue scientifique The Lancet préconise une réduction importante de la consommation de viande dans les pays développés.
Manger moins de viande pourrait contribuer à ralentir le réchauffement de la planète, en entraînant la réduction du nombre de cheptels ovins et bovins et, du même coup, celle des rejets de méthane émanant des animaux, selon une étude publiée jeudi dans un numéro spécial du journal "The Lancet".
La consommation de viande par habitant et par jour s'élève à 100 grammes aujourd'hui. Compte tenu de l'augmentation de la population mondiale, il faudrait que cette moyenne descende à 90 grammes d'ici 2050, selon l'étude publiée par la célèbre revue médicale, si l'on souhaite que les quantités de gaz à effet de serre (GES) émises par l'élevage et le transport des animaux n'augmentent pas.
L'élevage représente 80 % des émissions du secteur agricole, lequel contribue pour 22 % à la production mondiale de GES. La croissance de ce secteur a donc d'importantes conséquences sur le niveau de production de GES.
Pour les experts, réduire la consommation globale de viande rouge de 10% suffirait à diminuer les émissions de gaz émis par les systèmes digestifs des vaches, moutons et chèvres, qui contribuent au réchauffement global.
Le problème ? La consommation de viande est tout sauf équilibrée selon les niveaux de développement. Dans les pays riches, elle peut atteindre 250 grammes par jour par individu. Dans les régions défavorisées, elle est le plus souvent dix fois inférieure. Mais devrait en revanche progresser dans les décennies qui viennent, ce qui serait bénéfique d'un simple point de vue nutritionnel et médical. Le coût énergétique devrait alors être compensé par une réduction proportionnelle de la consommation de viande dans les pays riches.
L'article de The Lancet évoque une diminution de moitié des quantités de viande consommées quotidiennement. Ce qui ne serait pas dommageable pour la santé des habitants des pays riches, bien au contraire...
"Si les gens savaient qu'ils menaçent l'environnement en mangeant plus de viande, ils réfléchiraient à deux fois avant de commander un steak", a déclaré Geri Brewster, nutritionniste à l'Hôpital de Westchester-Nord à New York, qui n'a pas participé à l'étude.
D'autres moyens de réduction de ces émissions de gaz, notamment en donnant au bétail du fourrage de meilleure qualité, n'auraient, selon les experts, que des conséquences limitées. Les gaz provenant d'animaux destinés à la consommation représentent en effet le quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
"Ceci fait de la réduction de la consommation de viande la seule véritable option", a déclaré le Dr John Powles, expert en santé publique de l'Université de Cambridge, un des auteurs de l'étude.
La quantité de viande consommée varie considérablement dans le monde. Dans les pays développés, on mange environ 224 grammes de viande par jour et par personne. Contre seulement 31 grammes par jour en Afrique.
Face à une demande qui ne cesse d'augmenter dans le monde, les experts s'inquiètent de l'augmentation des élevages et de son corolaire, les émissions de gaz, notamment de méthane et de protoxyde d'azote, qui font monter la température. En Chine, par exemple, la population mange deux fois plus de viande qu'il y a dix ans.
Selon John Powles, une consommation de viande moyenne limitée à 90 grammes par jour et par personne dans le monde pourrait éviter l'accélération du réchauffement par les gaz à effet de serre.
Manger moins de viande rouge contribuerait aussi à améliorer la santé de la population. Powles et les co-auteurs estiment que réduire la consommation de viande réduirait aussi le nombre de maladies cardio-vasculaires et de cancers.
"Dans notre société, nous consommons trop de protéines", estime Geri Brewster. "Si on mangeait moins de viande rouge, ça aiderait aussi à réduire l'épidémie d'obésité".
Selon les experts, il faudra probablement des décennies avant que la population accepte de changer ses habitudes. "Nous devons mieux comprendre les conséquences de notre alimentation", a estimé le Dr Maria Neira, directrice du service de santé publique et de l'environnement de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
"C'est une théorie intéressante qui nécessite d'être mieux étudiée", a-t-elle ajouté. "Manger moins de viande pourrait vraiment représenter un moyen de réduire les émissions de gaz et le changement climatique".