Quand il s'agit de pousser les propriétaires aux économies d'énergie, l'Etat ne lésine pas : crédits d'impôt renforcés pour les travaux et équipements, subventions, prêts spécifiques. . . Comment en bénéficier.
Depuis un an, plombiers et menuisiers ne savent plus où donner de la tête. Les Français multiplient les demandes de chaudières moins polluantes, d'isolation trois étoiles et de fenêtres à double vitrage. «Ces installations représentent la moitié de notre chiffre d'affaires», témoigne Jean-Marie Carton, président de la branche plombiers-chauffagistes de la Fédération des artisans du bâtiment. En un an, les ventes de chauffe- eau et de panneaux solaires ont doublé. Une vraie révolution : auparavant, seulement 12% des propriétaires effectuaient des travaux de maîtrise d'énergie. Aujourd'hui, ils sont trois fois plus nombreux. Les Français se seraient-ils découvert l'âme écolo ? Pas du tout : simplement, ils profitent de crédits d'impôt renforcés en faveur des travaux d'économie d'énergie. Ce coup de pouce fiscal est justifié : les bâtiments absorbent à eux seuls 43 % de la consommation d'énergie française. Et le chauffage est responsable d'un cinquième des émissions de C02. De plus, les propriétaires doivent faire face à l'envolée des prix de l'énergie ainsi qu'au renforcement des contraintes écologiques sur les logements. Depuis novembre 2006, tous les logements anciens mis en vente doivent en effet subir un diagnostic de performance énergétique.
Des crédits d'impôt pour mieux s'équiper
Vous êtes dans un logement de plus de cinq ans ? Votre note de gaz ou d'électricité s'envole ? Pourquoi ne pas diminuer votre consommation d'énergie, voire produire vous-même votre chaleur ou votre électricité ? Trop cher, trop compliqué, pen sez-vous. Erreur. Aujourd'hui, il est de plus en plus facile de s'équiper, et même de se faire financer. Mieux, un célibataire peut bénéficier d'un crédit d'impôt qui peut atteindre 8000 euros (le double si la personne est mariée), et qui représente jusqu'à la moitié du prix de l'équipement. Bien sûr, tous les équipements ne bénéficient pas du même traitement : plus ils sont «écologiques», et plus ils sont subventionnés (voir le site www.ademe.fr).
Exemple avec les chaudières. En France, quatre sur dix ont plus de 15 ans. Or pour obtenir l'équivalent de 100 euros de chauffage effectif, une ancienne chaudière consommera 147 euros de combustible. Son rendement ne sera que de 68%. Une très bonne chaudière neuve, en revanche, aura un rendement supérieur à 95%. Les chaudières à basse température, dont le rendement est compris entre 85 et 90%, n'ont droit qu'à une réduction d'impôt de 15%. Les chaudières à condensation, dont le rendement dépasse les 95%, ont droit à un crédit d'impôt portant sur 25% de leur prix. Et cet avantage peut monter à 40% si le logement date d'avant 1997 et que les travaux sont réalisés moins de deux ans après l'acquisition du logement. Mêmes conditions (25 ou 40%) pour les matériaux d'isolation (murs, planchers, toitures, terrasses, vitrages, volets. . .) et les appareils de régulation et de programmation de chauffage.
Une subvention pour produire son énergie
Lorsqu'il s'agit de produire sa propre énergie renouvelable, l'Etat ouvre encore plus grand ses poches : l'installation d'équipements adéquats bénéficie d'une subvention de 50%. Les propriétaires de logements neufs qui en font installer dès l'origine y ont aussi droit. Ces installations vont du plus simple - quelques mètres carrés de panneaux solaires couplés à un chauffe-eau - au plus compliqué - un système chauffage et électricité fonctionnant au bois, au solaire et au gaz. Mieux, il est possible de produire plus d'électricité qu'on n'en consomme et de la revendre à EDF, qui est alors tenu de la racheter à un prix fixé par l'Etat et supérieur à celui auquel il vous revient ! Le coût de production tourne autour de 50 centi mes le kilowatt, EDF doit la racheter 55 centimes et la revend en moyenne. . . 7 centimes à ses abonnés. La production dépend, bien entendu, de l'ensoleillement et augmente dans le Sud. Ainsi, selon l'Ademe, 10 mètres carrés de capteurs produiront une énergie annuelle de 900 kilowattheures à Lille, contre 1 300 à Nice. Si elle est intégrée au bâti, l'installation rapportera donc 495 euros par an au propriétaire lillois, contre 715 euros au niçois. Cette source financière permettra de rentabiliser plus vite son investissement, dont le coût oscille autour de 20000 euros.
De nouveaux prêts pour tout financer
En plus du crédit d'impôt, il est possible d'obtenir d'autres aides. Certaines régions, certains départements versent des subventions aux particuliers qui installent des équipements «écolos» : 1 200 euros pour un chauffage couplé à la production d'électricité photovoltaï- que en Provence-Alpes-Côte d'Azur, 700 euros versés par le conseil régional du Nord-Pas- de-Calais pour un chauffe-eau solaire...
Les fournisseurs d'énergie proposent aussi des prêts pour financer l'isolation. Vous pourrez utiliser le prêt Dolce Vita de Gaz de France (de 0,79 à 3,99%, jusqu'à 10000 euros et 55 mois) pour installer une nouvelle chaudière au gaz, et Vivrelec Rénovation (3,9%, jusqu'à 8000 euros sur deux ans) pour remplacer les fenêtres ou installer un chauffe-eau solaire. Enfin, depuis la transformation du Codevi en Livret de développement durable (LDD), même les banques ont investi ce marché avec des prêts «économies d'énergie» moins voraces. La Banque postale propose Pac- tys, un prêt de 10000 euros au maximum sur sept ans au taux de 3,8%, sans frais de dossier. Mais le champion toutes catégories est le groupe Banque populaire, dont le PREVair porte sur 25000 euros, sur quinze ans au maximum, sans frais de dossier ni assurance, et au taux imbattable de 3,25%.
Deux autres coups de pouce
A priori, les crédits d'impôt sont destinés aux propriétaires de leur logement. Mais les locataires peuvent aussi avoir droit à un coup de pouce en matière d'économies d'énergie. Certains travaux (liste surwww.anah.fr) peuvent recevoir une aide de l'Anah portant sur 25% du montant du chantier. Les particuliers qui ont investi dans les Dom-Tom dans le cadre de la loi Girardin bénéficient, quant à eux, d'une majoration de leur réduction d'impôt si le logement qu'ils achètent est équipé en énergie renouvelable. La réduction d'impôt passe alors de 50% du prix d'achat à 54%. Le coup de pouce est minime, mais il est toujours bon à prendre.
par Eric Tréguier