Lors des premières tables rondes, associations et experts ont décidé de renforcer les normes thermiques pour les bâtiments neufs et anciens.Début prometteur. Plusieurs mesures phares ont été retenues dans les secteurs du bâtiment et des transports par les acteurs du Grenelle de l'Environnement, lors de la première matinée des deux jours marathon de négociations.
Selon le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, les normes de consommation
d'énergie des bâtiments devront passer de 260 kwh/m2 à 50 kwh/m2 d'ici cinq
ans, tandis que les bâtiments publics devront réduire dès cette année leur
consommation d'énergie de 20 % grâce à un prêt de 20 milliards d'euros de
la Caisse
des dépôts et consignations.
Les associations satisfaites
Sur le volet transport, l'écopastille offrant un bonus à l'achat de voitures «
vertes » a été actée, tandis que le ministre a précisé au journal le Monde
que la construction d'autoroutes serait désormais arrêtée. La baisse de
10 km/h
des limitations de vitesse n'a en revanche pas été retenue.
A quelques heures de la fin du Grenelle, les associations écologiques sont plutôt satisfaites. « Nous sommes globalement satisfaits de la matinée », a déclaré l'alliance pour la planète, qui rassemble 80 associations environnementales, dont le WWF, « Il y a clairement des ambitions ». Même si le mouvement reconnaît que le dossier du bâtiment était le moins conflictuel.
« La négociation est nécessairement un exercice de frustration. Mais on est très content de la première phase du Grenelle et le fait que l'on ait été pris au sérieux », affirme de son côté Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement. Mais globalement « l'Etat a accepté de mettre tout son poids dans la balance, notamment sur le volet transport », se félicite l'association.
Rendez-vous le 15 décembre
Le Grenelle de l'Environnement a encore plusieurs étapes à franchir pour réussir sa « révolution verte » promise. A l'issue des débats, le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy devra présenter ses arbitres et les «15 à 20 grandes propositions » retenues.
Vers le 15 décembre commencent les choses sérieuses. Un comité de suivi devrait être réuni pour préciser le détail des mesures et surtout le mode et le niveau de financement de ces actions. Ensuite débutera le processus administratif et législatif. « On ne saura probablement que dans un an si le Grenelle va changer les chose», analyse Arnaud Gossement.
Quel impact à long terme pour les entreprises ? Le Grenelle devrait « obliger à gérer de nouvelles contraintes et s'adapter à de nouveaux outils fiscaux », juge l'association. Et à modifier leur processus industriel, « notamment en calculant le cycle de vie de leurs produits pour avoir un étiquetage carbone ».
« Cela permet de formaliser un certain nombre de choses déjà existantes. Les entreprises n'ont pas attendues le Grenelle pour avoir des engagements volontaires. Mais cet exercice permet d'établir un nouveau climat entre les entrepreneurs et les autres acteurs notamment ONG», nuance cependant Séverin Fischer, chargé de mission au sein d'Entreprises pour l'Environnement, une association regroupant une quarantaine de grands groupes français au rang desquels Rhodia, ArcelorMittal ou Total. «L'effet d'affichage et l'opportunisme économique sont deux moteurs importants. Mais au-delà de cela, on sent une prise de conscience en profondeur de la part des entreprises depuis quelques années », affirme Séverin Fischer.