Révolution écologique », « new deal économique », plan Marshall pour la planète, Grenelle mondial. L'environnement adulé, hier, à l'Élysée.
Le grand salon rouge de l'Élysée mériterait d'être tapissé en vert. Hier, Nicolas Sarkozy a conclu en grande pompe le Grenelle de l'environnement. Mieux, Al Gore, le prix Nobel, l'ex-vice-président des États-Unis, l'anti-Bush, le combattant pour la planète, s'est fait expliquer les subtilités sémantico-politique et soixante-huitarde du mot, et, avec son bel accent de la côte Est, a lancé l'idée « d'un Grenelle mondial ».Sept cents personnes pour le final. Dont les négociateurs du Grenelle, le Premier ministre et une bonne partie du gouvernement, des parlementaires, des personnalités. On croise Hubert Reeves, avec son allure de vieux moine astronome. Yann Arthus-Bertrand, appareil photo en bandoulière. Et, au premier rang, majestueuse, Wangari Maathai, la Kényane
prix Nobel, « Mme Arbre », militante de la biodiversité, en boubou bleu-vert, un noeud géant dans la chevelure.Manuel Barroso, président de la Commission
européenne, donne le ton : « La France
envoie à l'Europe un signal très fort, très puissant. » Le président de la République
conclut en onze pages de discours soumises, à la dernière minute, à Jean-Louis Borloo et à ses experts. Habitat, transports, urbanisme, bio, OGM : les décisions validées par les négociateurs sont reprises. Nicolas Sarkozy va jusqu'à faire applaudir son ministre. « Je veux que ce Grenelle soit l'acte fondateur d'une nouvelle politique, d'un new deal écologique en France, en Europe et dans le monde. »La place des associationsLe dialogue à cinq (syndicats, entreprises, ONG, élus, administration) est érigé en modèle de décision. Les ONG sont appelées à trouver leur place dans les institutions, en particulier au Conseil économique et social. Le principe de précaution, attaqué par la commission Attali, est réhabilité. « Proposer sa suppression au motif qu'il bride l'action repose sur une profonde incompréhension. » Applaudissements.Il y en aura d'autres quand il évoque la transparence totale en matière de décisions gouvernementales ; le secret doit être réservé à la « vie privée » (sourires dans la salle). Quand il évoque les pollueurs protégés par des barrières juridiques : « Avec l'Europe, nous les ferons sauter. » Quand il propose de laisser aux collectivités locales la liberté de décider ou non de la création de péages urbains.Il était très attendu sur la création d'une taxe « climat énergie ». Nicolas Hulot et les écologistes en faisaient même un casus belli. Il ne l'écarte pas. Il y réfléchit. Là, pas d'applaudissement