L'ex-général Laurent Nkunda a annoncé lundi le lancement d'une "offensive active" contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au Nord-Kivu (est), où des combats à l'arme lourde ont repris dans la matinée après une brève accalmie
"Au moment où je vous parle, les FARDC sont en train de brûler (pilonner) les villages de Muremure, Kiluku, Bwirunde, Mushaki et Karuba", localités du Masisi situées à entre 30 et 40 km à l'ouest de la capitale provinciale Goma, a-t-il affirmé.
"Nous allons ouvrir un front partout où ils nous attaqueront", a-t-il prévenu.
Un officier des FARDC joint à Karuba a confirmé à l'AFP la reprise des combats dans cette région du Masisi, tandis que, selon l'ONU, la situation était "calme" dans le territoire voisin de Rutshuru après de violents accrochages pendant le week-end.
"Nous sommes au front (à Karuba). Les villages de Bwirunde, Muremure et Kiluku viennent de tomber sous notre contrôle", a déclaré le major des FARDC Cristin Paluku, alors que le correspondant de l'AFP entendait distinctement des tirs d'arme lourde et légères au téléphone.
Laurent Nkunda a accusé l'armée régulière d'avoir lancé depuis septembre plusieurs attaques avec l'aide de rebelles hutus rwandais. Basés depuis 13 ans dans l'est congolais, certains de ces rebelles sont accusés d'avoir activement participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre la minorité tutsie.
Dimanche, "les FARDC nous ont attaqués à Mweso et Kashuga (à une dizaine de km du fief de Nkunda de Kitchanga, dans les montagnes de Masisi). Ils étaient avec les Interahamwe (extrémistes hutus)" dont certains ont été "capturés", a affirmé l'officier. Ces combats n'ont été confirmés ni par les FARDC ni par l'ONU.
"Ceci me pousse à lancer l'offensive active pour protéger la population", a expliqué Laurent Nkunda, qui se pose depuis des années en défenseur de la minorité tutsie congolaise.
Officier de l'ex-rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (soutenue par le Rwanda pendant la dernière guerre en RDC, 1998-2003), Laurent Nkunda a refusé d'intégrer l'armée régulière après la guerre.
Il a été déchu de son grade de général en septembre 2005 et est visé par un mandat d'arrêt pour des crimes de guerre commis par ses hommes en juin 2004 lors de la brève prise de la ville de Bukavu (Sud-Kivu), où il avait affirmé intervenir pour sauver ses "frères" Tutsis qu'il disait menacés par Kinshasa.
"Nous avons attendu pendant 30 jours (l'ouverture d'un dialogue) mais le gouvernement nous combat toujours. Nous avons perdu nos positions de Bihambwe, Humule et Rubaya (localités du Masisi au nord de l'actuelle ligne de front) au profit du cessez-le-feu", a affirmé Nkunda.
Les affrontements entre FARDC et insurgés ont débuté fin août, peu après que les troupes de Nkunda au sein de brigades "mixées" (composées à part égale de loyalistes et de pro-Nkunda) eurent déserté leurs positions au Nord-Kivu, protestant contre la décision de l'armée de confier la traque des rebelles rwandais à d'autres brigades.
Kinshasa a appelé insurgés et miliciens de groupes armés locaux à rejoindre le processus national de réforme de l'armée, se refusant à toute négociation avec Nkunda.
Depuis la fin août, les violences ont jeté sur les routes du Nord-Kivu plus de 90.000 civils qui s'entassent dans des conditions de plus en plus difficiles dans des camps de déplacés , selon les agences de l'ONU.