Au moins 2.000 personnes ont été tuées par le cyclone Sidr qui a dévasté jeudi le sud du Bangladesh, a annoncé dimanche le gouvernement, répétant que ce bilan allait encore s'alourdir, dans la pire tempête ayant frappé ce pays déshérité ces dernières années.
"Nous avons la confirmation de 2.000 morts et (le chiffre) est en constante augmentation à mesure que nous recevons des nouvelles des zones touchées", a déclaré à l'AFP Masoud Siddiki, directeur général du bureau gouvernemental de gestion des catastrophes.
Les sauveteurs s'attendent à trouver des milliers de cadavres alors qu'ils découvrent l'un après l'autre les districts sinistrés, ont indiqué des sources officielles.
L'armée et les équipes de secours ont peiné à atteindre les régions méridionales dévastées par Sidr, qui a rayé de la carte des centaines de villages.
Trois jours après la course meurtrière du cyclone, les autorités ne cessent de répéter que le bilan va s'alourdir d'heure en heure, pour atteindre des "milliers de morts".
Ce week-end, des survivants tentent de rentrer chez eux après s'être réfugiés dans des abris anticycloniques. Mais ils ne retrouvent qu'un paysage ravagé.
Sidr, formant une impressionnante masse blanche de 500 km de diamètre, a frappé avec des vents de 240 km/h le sud côtier bangladais, près de l'Etat indien du Bengale occidental, qui a été épargné.
Mais au Bangladesh, Sidr n'a semé que mort et désolation. Les blessés devraient aussi se compter par milliers.
Rien qu'à Charkhali, 100 villageois ont péri et 30 ont disparu après qu'un "mur d'eau de six mètres de hauteur a ravagé" la bourgade, a dit un responsable, K.M. Abdul Wadud.
Conformément au rite musulman, les victimes ont été vite enterrées dans une fosse commune.
La région méridionale la plus meurtrie est peuplée de cinq millions de Bangladais. Là, des dizaines de milliers de maisons en pisé, en bambou ou en paille, aux toits en tôle ou en chaume, ont disparu, du moins dans les districts qui ont pu être inspectés.
"Des millions de gens sont sans abris et moins de 1% de cette population a été secourue", a évalué Hariprasad Pal, administrateur du district de Jhalokati.
"Je n'avais jamais vu une telle catastrophe en 20 ans de carrière", a-t-il ajouté". "Chaque village, l'un après l'autre, a été rasé", a-t-il témoigné, qualifiant Sidr de "grande tragédie humaine", quand des survivants parlent du cyclone du "Jugement dernier".
Sidr est la pire tempête de ces dernières années dans un pays ravagé par un ouragan en 1970, qui avait fait un demi-million de morts, et par un terrible raz-de-marée cyclonique en 1991, qui avait tué 138.000 personnes.
Pour éviter un bilan aussi monstrueux, les autorités avaient pris les devants en évacuant 1,5 million de personnes, lesquelles s'étaient réfugiées dans des bâtiments en dur et dans des abris anticycloniques construits sur la côte.
"Sinon, des dizaines de milliers de gens auraient été tués", a estimé un sous-préfet, K.M. Rahatul Islamadded Islam.
Pour porter secours aux sinistrés, la marine a envoyé des tonnes de vivres et de médicaments et l'armée a dépêché ses hélicoptères.
L'UE, l'Allemagne, la Suisse et l'Espagne ont débloqué au total près de trois millions d'euros. Les Etats-Unis ont proposé leur assistance.
Même si le bilan humain sera bien moins élevé qu'en 1970 et en 1991, le gouvernement craint aussi d'"énormes dégâts" économiques dans ce pays musulman laïc de 144 millions d'habitants, dont 40% vivent avec moins d'un dollar par jour, ce qui en fait l'un des plus pauvres au monde.
Sidr a provoqué par ailleurs un désastre écologique. Il a ravagé la plus grande mangrove du monde, les Sunderbans, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité et réserve exceptionnelle de milliers d'espèces d'animaux rares, a annoncé l'Union mondiale pour la nature.